Intercommunale AIESH: les mayeurs consulteront le management des grands réseaux de distribution
Les bourgmestres de la Botte du Hainaut et de Couvin se sont réunis pour évoquer le futur gestionnaire de réseau électrique de leur territoire. Ils prolongeront la discussion la semaine prochaine avec l’AIESH et ORES.
Publié le 24-01-2022 à 23h08
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Les bourgmestres des six communes qui ont l’AIESH (Association intercommunale d’électricité du Sud-Hainaut) comme gestionnaire de leur réseau électrique se sont réunis, ce lundi, pour évoquer le rapport qu’ils avaient mandaté sur les deux intercommunales candidates en tant que future GRD (Gestionnaire de réseau de distribution) pour leur zone: l’AIESH et ORES.
In fine, c’est la survie de l’AIESH qui dépend de ces discussions, ORES ayant proposé de racheter le réseau de la petite intercommunale de la Botte.
"La rencontre s'est bien passée, a commenté le bourgmestre de Beaumont, Bruno Lambert, à l'issue de la réunion. Ce n'est pas un sujet simple, nous n'avons pas tous nécessairement le même avis, mais nous savons faire en sorte de prendre des décisions sans nous disputer…"
La décision, finalement, est celle de ne pas encore décider: "Nous avons fait le choix de convoquer les managements des deux intercommunales. Il y a des offres et des éléments intéressants des deux côtés. Nous avons une puissance de feu non négligeable d'une part et une structure locale présente depuis près d'un siècle de l'autre. Nous avons souhaité avoir des compléments d'information avant de nous décider. Il n'y a pas le feu au lac, il nous reste trois semaines avant de prendre une décision."
Maurice Jennequin, bourgmestre couvinois, pense aussi " qu'il est plus sage d'attendre. Nous avons encore des questions très précises à poser. Nous ne perdons pas de vue qu'il s'agit de l'avenir d'une intercommunale. Il y a des emplois derrière mais, d'un autre côté, il ne faut pas que ça se plante par la suite…"
Le mayeur beaumontois détaille que trois clés de lecture seront suivies par cette assemblée des bourgmestres: la facture future de l’électricité dans la région, la pérennité de l’emploi et de l’outil, puis enfin la capacité à répondre aux défis de demain.
Tous les conseils communaux – beaucoup étant prévus dans la semaine qui vient – reporteront donc le point qui devait avaliser la décision des bourgmestres, en attendant cette nouvelle rencontre qui se déroulera le 1er février à Sivry-Rance. En plus des bourgmestres, elle réunira les administrateurs de l’intercommunale.
"Nous convoquerons un conseil en urgence par la suite, pour prendre cette décision", explique Maurice Jennequin.
Les représentants du personnel de l'intercommunale ont manifesté leur inquiétude et leur agacement, ne recevant que des informations parcellaires sur le débat des bourgmestres. "Je fais corps avec eux, a commenté Bruno Lambert. J'ai été interpellé par un salarié à ce sujet et je peux comprendre leur inquiétude. Mais c'est à l'interne de l'intercommunale qu'ils doivent chercher des réponses à leurs questions. Ce ne sont pas les communes qui sont chargées de la gestion opérationnelle de l'intercommunale. Nous, nous sommes les actionnaires. Comme dans toute entreprise, il existe des organes de concertation, à l'intérieur de l'AIESH. C'est là qu'ils peuvent demander des informations."
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Nous l’évoquions dès vendredi soir, l’intercommunale gestionnaire du réseau électrique de la Botte du Hainaut assure la livraison de la fée électrique dans six communes: Beaumont, Sivry-Rance, Froidchapelle, Chimay, Momignies et le sud de l’entité de Couvin. Elle est propriétaire, aussi, du réseau de télédistribution d’Erquelinnes.
Pour la mi-février, ces communes devront avoir choisi un nouveau contrat pour la gestion du réseau électrique. Dans cette région, on s’attendait à ce que la reconduction de l’AIESH ne fasse même pas l’objet d’un débat, puisque la vieille dame dessert la Botte du Hainaut depuis 97 ans. Mais un rapport commandité par les bourgmestres conclut de façon défavorable à cette reconduction. Il suggère aux communes de signer avec le géant ORES, qui offre 15 millions d’euros pour racheter le réseau local.
Ce week-end, les directions des deux intercommunales et des élus ont pu s'exprimer. Mais ce lundi, ce sont des représentants des 51 membres du personnel que nous avons rencontrés. Ils sont inquiets: pour qui travailleront-ils demain? Depuis quel site? Pour quels clients? Avec quel matériel et quels horaires? "Nous n'avons eu aucun contact avec les élus, ni avec les experts qui ont été mandatés. Même les délégués syndicaux n'ont pas été mis au courant. A notre connaissance, aucun engagement écrit ne confirme qu'ORES gardera les 51 emplois. Aucun engagement non plus sur le maintien du site de Rance. Dans le rapport, tout est évoqué au conditionnel."
ORES, AIESH, deux méthodes
Pour eux, ORES n'a pas le même matériel, ni les mêmes méthodes de travail. "Chez nous, tout le monde doit être polyvalent tandis qu'ORES travaille avec des ouvriers spécialisés dans chacun des métiers."
La différence se marque en termes de qualité du réseau, aussi. Ils disent que l'AIESH n'est pas un vieux rafiot face au beau paquebot d'ORES: "Tout leur réseau est en monophasé, à renforcer à chaque raccordement. Chez nous, tout est rénové depuis dix ans en prévision des évolutions. Tout a été surdimensionné et est prêt notamment au passage aux voitures électriques. Nous remplissons déjà l'objectif de 2030 avec plus de 50% d'énergie issue de l'éolien. Le réseau de moyenne tension souterrain est en cuivre. Nous avons la marge, le potentiel, la réserve et la qualité de réseau, en plus d'une situation financière saine. Nous sommes une poule aux œufsd'or pour ORES."
En pareil cas, pourquoi les élus remettraient-ils en cause l'AIESH? "Pour nous, tout cela vient d'un changement de génération. Albert Depret, Willy Decuir, Charles Dupuis, tous ces bourgmestres étaient attachés à l'intercommunale. Avec eux, la question ne se serait pas posée. Mais ORES a proposé 15 millions. Certains mayeurs voient là l'occasion de renflouer les caisses."
Ils lancent un appel aux élus locaux, qui devront avaliser la décision des bourgmestres en conseil communal: "Certains viennent vers nous pour demander la réparation d'une lampe ou pour placer une borne mais ici, personne n'est venu demander une explication, des détails sur le rapport des experts ou simplement notre avis. Or, c'est eux qui décideront de notre avenir. Si un élu a besoin d'infos, qu'il vienne vers nous!"
Rappelons que vendredi, Fernand Grifnée, administrateur délégué d’ORES, a garanti de maintenir l’emploi, avec la création d’une zone d’exploitation couvrant le Sud-Hainaut et la Thudinie au départ de Rance. ORES promet une sécurité d’approvisionnement et une proximité des services, ainsi que des perspectives d’évolution de carrière au personnel actuel de l’AIESH.