La Fonderie de Couvin déclarée en faillite
La Fonderie de Couvin, créée sur les cendres de Thermic, a été déclarée en faillite le 3 juin. Mais son administrateur délégué devrait faire opposition à cette décision. Il réclame du temps.
Publié le 10-06-2021 à 11h50
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En 2017, la société Fonderie de Couvin a été créée par Jean-Emmanuel Gavage, sur les cendres de la fonderie de Thermic, elle-même déclarée en faillite trois ans plus tôt.
A-t-elle produit depuis? Beaucoup se sont posé la question à Couvin, au vu du peu d’activité visible sur le site industriel, près du parc à conteneurs de Frasnes.
Deux ans avant de produire
Il a fallu deux ans avant de produire, et encore: c'est dès 2015 que le dossier a été lancé. Le cubilot de Thermic, inutilisable, a été remplacé par un four électrique. «Nous avons commencé à produire réellement en 2019 et nous avons honoré nos premières commandes au troisième trimestre, nous explique l'administrateur délégué. Puis le Covid est arrivé en 2020, jusqu'à maintenant. Du coup, l'entreprise n'a jamais pu être rentable. Une fonderie pareille, c'est de la grosse artillerie, un fameux outil, qui ne peut pas être rentable tout de suite…»
Dès lors, sur une sollicitation du Parquet, le tribunal de commerce a déclaré la faillite de l’entreprise ce 3 juin.
«Je compte tout faire pour éviter cette faillite, nous explique Jean-Emmanuel Gavage, qui compte donc s'opposer à la décision du tribunal. Vu l'évolution des marchés et la hausse des prix des Asiatiques, nous avons des marchés qui s'ouvrent en Europe. Nous avons pour deux millions d'euros de commandes cette année, et déjà trois millions pour l'an prochain. Mais l'entreprise a des dettes et cela fâche les créanciers…»
Devant le tribunal, il compte plaider l'intérêt de maintenir un tel outil en activité, pour des raisons stratégiques également: «C'est la seule fonderie verte en Europe, dans le domaine de la fonte de voirie. On doit lui laisser le temps de démarrer, c'est tout. Mais cela ne se lance pas en quelques jours. Les fonderies sont pourtant d'une importance stratégique pour l'économie en Europe.»
Ce qui a manqué? Ce sont les fonds. De la trésorerie. Les investissements sont évidemment importants, mais les coûts de production le sont aussi et la nécessité de produire des stocks en grosse quantité ne fait qu'accroître les besoins en trésorerie. Et c'est cela, probablement, qui a manqué à Jean-Emmanuel Gavage, d'autant qu'il a monté son affaire seul, depuis qu'il s'est séparé de Roger Lecomte, un maître dans le domaine de la fonte de voirie, qui devait lui apporter des liquidités, en plus de ses connaissances du marché. «Jean-Emmanuel Gavage, au départ, est surtout un excellent commercial qui vendrait des frigos aux Inuits. Mais il n'est pas métallurgiste», nous fait-on remarquer dans le milieu.
2,5 millions de la Sogepa
Le projet avait nécessité néanmoins d’importants apports. D’après nos informations, la Sogepa a injecté 2,5 millions d’euros dans le projet, ING 500 000 euros en leasing sur le four et le nouveau bâtiment et un privé aurait apporté 440 000 euros. Trop court? Sans doute, d’autant que l’usine a mis beaucoup trop de temps à se lancer. Elle a d’abord connu des soucis pour se connecter au réseau électrique, avant d’être l’une des victimes de cette pandémie.
Que faire maintenant?
«Je vais tout faire pour sauvegarder les emplois. Nous étions, avant le Covid, à 18 salariés, explique M. Gavage. Je compte aussi exposer au tribunal un projet, parallèle à la fonderie, avec un important groupe derrière moi. Faut-il un prêt de la Région? Un moratoire ou un délai sur le remboursement des dettes?»
Me Pierre Rondiat, de Ciney, a été nommé curateur et une descente de faillite devrait être organisée dans les prochains jours. «J'en connaîtrai alors davantage sur les raisons de la faillite car, pour l'instant, je ne dispose pas encore d'informations complètes. J'observe que le capital libéré s'élève à 1,2 million d'euros et que l'on enregistre encore une perte importante. L'administrateur délégué devra nous détailler les raisons de cela…»
Si la faillite devait être confirmée, le premier objectif du curateur sera de dénicher un repreneur, du même secteur, nous assure-t-il.