Fausse porte à Couvin: et si on chaulait à nouveau nos vieilles pierres?
Le chaulage de la Fausse porte à Couvin a suscité des réactions. Le propriétaire de ce symbole de la vieille ville rappelle l’intérêt de la technique.
- Publié le 07-12-2020 à 07h50
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Des insultes. Voilà les premières réactions à l’opération de chaulage de la Fausse porte de Couvin, sur les réseaux sociaux.
Jean-Michel Halsberghe a été vertement critiqué pour l’entretien qu’il vient d’effectuer de sa maison, classée, située un peu plus haut que le parvis de l’église décanale.

En octobre, il s’est en effet muni de son pinceau et a chaulé, en blanc, l’intérieur du porche qui surplombe la rue en escalier, ce que l’on appelle donc habituellement la Fausse porte. Ce bâtiment est classé. C’est lui-même qui en a accepté le classement (lire par ailleurs), au début des années 1980. Et cet entretien n’a pas été réalisé sans un accord préalable des autorités du patrimoine.
«Les anciens propriétaires avaient mis la façade en peinture. Mais la peinture, sur la pierre, cela ne tient pas longtemps, au contraire de la chaux, nous explique-t-il. Le souci, c'est que la chaux ne tient pas sur la peinture! Il fallait donc d'abord retirer la peinture avant de chauler. Depuis toujours, je me disais que j'allais le faire et, cette fois-ci, je me suis attaqué au chantier, en commençant par la Fausse porte…» Le reste de la façade de sa maison suivra. Et il la chaulera aussi. «Au fur et à mesure que la peinture s'écaille, on retrouve la chaux qui avait été badigeonnée avant. Elle était plutôt rose. Mais on a donc la preuve que les murs, à l'origine, avaient été chaulés. Je n'ai fait que reproduire ce qui avait été fait auparavant, ce qui est imposé sur un bien classé.»

L’homme n’a pas agi au hasard. Avant de s’attaquer à la restauration extérieure de son logis, il a suivi deux semaines de formation au Centre des métiers du patrimoine de la Paix Dieu, où il a appris la technique particulière du chaulage.
Promouvoir la chaux
Mais sur le Web, la critique est facile. Et souvent peu réfléchie. Ne valait-il pas mieux sabler la façade, pour faire apparaître la belle pierre du pays? « Non, car sabler, c'est rendre la pierre poreuse. Elle absorbe alors l'humidité et la pollution. Après dix ans, une façade sablée redevient noire. Il faut alors recommencer et resabler, ce qui abîme de nouveau la pierre. Avec la chaux, ce n'est pas le cas…»



Ces conditions particulières font qu'il ne pourra plus chauler l'ensemble de la bâtisse cet hiver. «D'autant que je devrai louer un échafaudage. Il faudra donc bien calculer son coup en suivant toutes ces conditions…»
Néanmoins, il pense que les entrepreneurs de la région devraient davantage s'approprier cette technique. Et les architectes l'encourager. «Mais comme ils sont payés au pourcentage des travaux, ils vont plutôt encourager un bon sablage…»

Les murs en seront restaurés et les abords sécurisés en vue d'y créer un petit jardin public, profitable au voisinage comme aux touristes qui pourront y faire une petite halte. « On y placera un panneau didactique pour expliquer l'histoire des lieux, annonce l'échevine du Tourisme, Frédérique Van Roost. Des arbustes à petits fruits seront plantés, ainsi que d'autres fruitiers, palissés.» Ce jardin ne sera ouvert qu'en journée.