«Le projet éolien ne respecte pas le CoDT»
Ancien échevin couvinois de l’Aménagement du territoire, Benjamin Calice et Naturavox sortent du bois au sujet du projet éolien soumis à enquête.
Publié le 06-07-2019 à 06h00
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Alors que l’enquête publique sur le projet éolien forestier du Ry de Rome se clôture lundi, l’ancien échevin couvinois de l’Aménagement du territoire, Benjamin Calice, a décidé de sortir du bois en nous livrant sa réflexion sur le dossier. Naturavox, association implantée au Moulin des Bois, lui a de suite emboîté le pas.
Dans son courrier envoyé dans le cadre de la consultation, l’ancien échevin évoque un élément qui ne tourne pas rond: ce projet de six éoliennes en forêt, le long de l’E420, ne respecte par le Code wallon du développement territorial, le CoDT. C’est pourtant ce document qui sert de base dans l’octroi d’un permis.
Dans sa lettre, il pointe un article en particulier, le R.II.37.2, qui régit l'installation d'éoliennes en forêt. Elles doivent être situées en dehors d'un site reconnu par la loi sur la Conservation de la nature, à une distance maximale de 750 m d'une voie de communication importante et en dehors d'un peuplement de feuillus. C'est ce dernier élément qui coince, selon lui. Car si les mâts sont implantés dans des cordons de résineux enclavés dans un massif feuillu, l'étude d'incidences relève bien que le projet nécessitera la destruction de 0,8 ha de forêt feuillue de qualité biologique élevée, pour 2,8 ha de résineux.
«Conscient de cet obstacle réglementaire infranchissable, l'auteur de projet demande une dérogation au plan de secteur pour justifier le projet. Or, mettre des éoliennes en forêt ne nécessite pas de dérogation du plan de secteur, puisque c'est prévu au CoDT…» Il faut donc, pour lui simplement être «dans les clous» des règles prévues pour installer des mâts en milieu forestier, ce qui n'est pas le cas…
Comme Naturavox, Benjamin Calice évoque en outre les dégâts du projet pour une série d'animaux inscrits sur la liste rouge des espèces menacées, dont la présence est avérée dans les parages: tourterelle des bois, pipit, mésange boréale mais aussi la cigogne noire ou la bondrée apivore.
L'étude elle-même, relève-t-il, évoque que «la qualité biologique du massif forestier où est situé le projet est jugée élevée».
Globalement, c'est la pauvreté de l'étude d'incidences qui est dénoncée, tant sur l'impact paysager que sur les conséquences sur certaines espèces et sur le milieu. «À la lecture du chapitre ornithologique de l'étude, nous constatons que celle-ci est particulièrement incomplète, n'ayant constaté la présence d'un couple nicheur de Grand-duc d'Europe à 880 m de l'éolienne n°6 et d'un couple nicheur de Cigogne noire à 4 300 m. Le 29 juin 2019, une cigogne noire a encore été observée au pied du barrage. Chaque couple a élevé ce printemps deux poussins», épingle Naturavox.
Benjamin Calice, lui, relève un autre argument: le danger pour les automobilistes de l'E420. D'après l'étude, la distance entre l'autoroute et le parc éolien n'est pas suffisante.
Les deux avis, dont nous ne relevons que des extraits, ont été déposés aux services de l’Urbanisme dans le cadre de l’enquête publique qui se clôture ce lundi.