Collège de Chimay: à la rencontre des réfugiés politiques
Des collégiennes ont découvert le centre d’accueil pour réfugiés à l’ancien motel de Chimay. De quoi remettre en cause bien des préjugés.
Publié le 15-03-2018 à 23h59
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Depuis décembre dernier, environ 135 élèves de 2e secondaire du collège Saint-Joseph de Chimay sont sensibilisés à divers thèmes de société: l’esclavagisme, les prisons, la pollution de l’eau, les boîtes à bébé… Avec l’aide de professeurs et de l’ASBL Acyres (Aide Citoyenneté Responsable Active Participative et Sans violence), les jeunes ont réfléchi à ces problématiques, ont écouté des témoignages et ont appris à s’informer correctement et à bonnes sources sur ces sujets.
Cette période de réflexion a trouvé son apothéose, jeudi, avec une «Journée de la Citoyenneté» au collège de Chimay. À cette occasion, des groupes d’élèves se sont déplacés dans diverses institutions de la région (voir ci-contre).
Un petit groupe composé de Jeanne, Danaé, Manon et Maïwenn, s'est rendu à l'ancien motel de Chimay, chaussée de Couvin, qui abrite des demandeurs d'asile et des réfugiés politiques. Ces jeunes filles d'environ 13 ans étaient accompagnées d'un enseignant Jean-Marc Monin. «C'est nous qui avons choisi de venir ici, confient les demoiselles. Notre prof de religion nous a parlé du thème des migrants et cela nous a donné envie d'en rencontrer par nous-même. Nous avons préparé des questions et, ensuite, nous sensibiliserons des classes de 1re année sur ce sujet.»
Aline Demanet (assistante sociale), Céline Vereecke (éducatrice) et Laurie Brie (éducatrice) ont d’abord présenté le centre et le long processus de demande d’asile.
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«Nous sommes une Initiative Locale d'Accueil (ILA), précise Aline Demanet. Nous dépendons du CPAS de Chimay et ces lieux accueillent principalement des réfugiés politiques. En échange, l'Agence Fédérale pour l'accueil des demandeurs d'asile (Fedasil) lui verse des subsides au CPAS. Nos résidents peuvent rester au maximum quatre mois ici. Mais nous leur donnons en général deux moispour trouver un logement. En attendant, ils sont logés et soignés, les enfants sont scolarisés et ils perçoivent une aide financière (par exemple 63€ par semaine pour un homme seul; 260€/semaine pour une famille de dix personnes) pour la nourriture et l'hygiène. En revanche, ils doivent se faire à manger et nettoyer.»
Elle poursuit: «Nous, nous sommes là pour les aider dans leurs démarches et leur apprendre à se débrouiller chez nous. Certains ne savent pas se servir d'un aspirateur, ne connaissent pas l'eau courante ou les transports en commun. Nous devons aussi leur apprendre les règles à respecter: ne pas fumer, trier les déchets…»
Un centre ouvert
«Peuvent-ils sortir?» demande Manon. Réponse: oui, l'ILA est un centre ouvert. Mais ils doivent nous avertir s'ils quittent les lieux plus de trois jours. Les questions s'enchaînent: d'où viennent-ils? Surtout de Syrie, d'Irak, d'Afghanistan… Combien sont-ils au motel? 23 résidents, dont une famille de quatre enfants. Mais le centre dispose d'une capacité d'accueil de 36 personnes.
«Pensez que ces gens ont tout quitté: famille, amis, maison, travail», insiste leur professeur, Jean-Marc Monin.
«Ont-ils souffert du racisme à Chimay?», interroge Maïwenn. «Honnêtement, à l'ouverture du centre en 2008, cela n'a pas été facile avec le voisinage, admet l'assistante sociale. Mais finalement, par la suite, il n'y a jamais eu de soucis. Et dans Chimay, à part peut-être un regard appuyé envers une femme voilée, nous n'avons jamais eu connaissance d'un incident.»
En repartant, le petit groupe avait le sentiment d’en avoir appris beaucoup sur les migrants, les demandeurs d’asile et les réfugiés politiques. Beaucoup plus, en tous les cas, qu’en consultant Facebook!