L’aérodrome serait proche de la faillite
La société EBCF, gestionnaire de l’aérodrome de Cerfontaine, est sur le point de faire aveu de faillite. La Sowaer entend y maintenir une activité.
Publié le 26-05-2023 à 06h00
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La société EBCF, qui gère l’aérodrome de Cerfontaine, a contacté les propriétaires d’aéronefs logés dans les hangars de l’infrastructure pour qu’ils reprennent leur appareil: elle compterait bientôt faire aveu de faillite.
Les gestionnaires du site se sont refusés à tout commentaire. Mais à la Sowaer, on nous confirme les grosses difficultés du concessionnaire: "La Région wallonne est toujours propriétaire du site, via la Sowaer, nous rappelle Bénédicte Grandgagnage, porte-parole de la Société Wallonne des Aéroports. La gestion de l’aérodrome a été confiée à la société anonyme EBCF, depuis plusieurs années."
La famille Tilmant a longtemps géré le site, notamment au travers du projet Gravity Park. Puis, en 2017, Thierry Tilmant a passé le relais à un nouvel administrateur délégué, Kévin Debus.
Début 2020, un mois avant la crise du Covid, ce dernier nous détaillait son plan de vol: allier aéronautique, écologie et humain. Il annonçait même que la redevance de 10 euros sur les atterrissages allait être rétablie pour financer des projets en faveur de la biodiversité. Événements, sortie d’une bière et business center: les projets foisonnaient.
Mais au lieu de cela, son entreprise a multiplié les déboires. L’activité phare du site était le parachutisme, mais une mésentente avec les gestionnaires de cette activité a fait cesser cette offre pourtant primordiale pour le développement du site. Skydive est depuis installé à Saint-Ghislain.
De même, l’exploitant de la cafétéria a quitté les lieux. Il n’a jamais été remplacé depuis.
Sans horeca, sans activité attractive pour le grand public, l’aérodrome est redevenu un simple club de voile, quasiment anonyme, même si des événements organisés conjointement avec la base aérienne de Florennes ont été de réels succès pour l’image du site, en 2019.
"Dès le rachat de la société, nous avons entendu parler de gros soucis de liquidités, explique-t-on à la Sowaer. Dernièrement, il nous est revenu qu’EBCF avait des problèmes financiers, avec des dettes non apurées. La période Covid n’a évidemment rien arrangé. Dans un souci de bonne gestion d’une infrastructure publique, nous avons dès lors réclamé un assainissement de la situation, qui n’est jamais arrivé. À titre conservatoire, nous avons introduit une requête pour la nomination d’un mandataire spécial mais avant que cette procédure n’aboutisse, M. Debus nous a annoncé qu’il comptait faire aveu de faillite."
La Sowaer se dit préoccupée par cette situation: "Nous avons pris des contacts avec le bourgmestre de Cerfontaine et avec les utilisateurs de l’aérodrome. Notre préoccupation est de maintenir l’outil en fonction et ouvert pour cette saison estivale. Nous devons par ailleurs trouver une solution pérenne pour la gestion de l’aérodrome."
Et pourquoi pas une gestion par les Lacs de l’Eau d’Heure ?
Christophe Bombled, député-bourgmestre de Cerfontaine, a été avisé de la situation lundi. "Mais la Commune n’a aucune relation directe avec la société EBCF et M. Debus, précise-t-il. Le seul lien que nous avons, c’est un bail emphytéotique pour la mise à disposition à la Sowaer d’une partie des terrains."
Néanmoins, Christophe Bombled s’est permis de glisser un avis personnel quant au futur du site: "Je souhaite que l’aérodrome continue de fonctionner. Il serait dommage de mettre fin à cette activité. Mais, et je me lance librement, à titre personnel, je me demande s’il ne serait pas intéressant de mener une réflexion sur le fait de confier la gestion de l’aérodrome à l’ASBL de gestion des Lacs de l’Eau d’Heure. L’aéronautique pourrait faire partie du panel d’activité des lacs, moyennant évidemment la nomination d’un gérant qui s’y connaît dans le domaine."
Le bourgmestre voit le potentiel touristique des lieux. Il souhaite que l’aérodrome soit aussi fédérateur et non diviseur pour les citoyens: "L’activité ne doit pas engendrer des nuisances mais elle doit rassembler les riverains. C’était le cas quand il y avait une offre d’horeca sur place. Le dimanche, des gens de Cerfontaine ou de Froidchapelle venaient y manger un bout en regardant les mouvements d’avions et les parachutistes.
Je pense aussi que le volet événementiel est intéressant à exploiter sur ce site, même au-delà de l’aéronautique."
Avant même qu’une faillite ne soit prononcée, l’avenir de cet aérodrome préoccupe déjà les élus et la Sowaer, ce qui est en soi encourageant.