De l’électricité au Ry de Rome serait trop peu rentable
Plusieurs barrages wallons produisent de l’électricité, mais pas celui du Ry de Rome. Au SPW, on estime que ce serait trop peu rentable.
Publié le 19-01-2022 à 06h00
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Il y a un siècle, la Belgique comptait plus de 3 000 moulins qui, grâce à la force de l’eau, produisaient l’énergie nécessaire à faire tourner des scieries, des meuneries ou encore à créer de l’électricité.
Aujourd’hui, il ne subsiste que 166 unités de productions hydroélectriques en Wallonie, qui ont produit ensemble 389 Gigawatts l’an dernier. La production totale de cette capacité, en 2017, s’élevait à 235 GW, environ 30% en deçà de la moyenne vu la sécheresse vécue cette année-là.
C’est là le souci de cette source d’énergie: elle dépend particulièrement des saisons, de la pluviométrie et du régime des cours d’eau. Sauf dans un cas: lorsqu’un stockage d’énergie est possible, comme dans des barrages. Ils représentent 17% de la capacité hydroélectrique en Wallonie.
Les barrages de l’Eau d’Heure, par exemple, produisent de l’électricité au moyen de quatre turbines de 35 MW, sur la Plate-Taille.
Alors que l’on cherche à développer un mix énergétique entre l’éolien, le solaire, la biomasse et l’hydroélectricité, pourquoi tous les barrages ne sont-ils pas équipés d’une unité de production électrique?
Celui du Ry de Rome, au sud de Couvin, produit de l’eau potable mais pas d’électricité. Pourtant de l’or bleu y est constamment pompé et on voit très souvent une énorme gerbe d’eau jaillir de l’une des deux vannes pour rejoindre l’aval. Pourquoi ne pas la turbiner?
La question a déjà plusieurs fois alimenté des débats locaux. Nous avons à notre tour questionné le SPW, gestionnaire du site.
"De par sa conception, avec un seuil fixe et seulement des conduites de vidange, le barrage du Ry de Rome a été créé pour un objectif de réserve d'eau potabilisable, nous explique Sarah Pierre, porte-parole du SPW. Toute l'infrastructure et les équipements ont donc été conçus en ce sens. Il n'y a pas, par conception, de conduite dédiée à une éventuelle production électrique.
Le prélèvement d’eau par la SWDE se fait via une des deux conduites de vidange du barrage et il est d’environ 4 800 m³/jour, soit un débit de moins de 60 l/seconde. Il s’agit d’un débit insuffisant pour une production électrique rentable. Au niveau de la restitution au cours d’eau, elle est encore plus faible pour près de 80% de l’année (environ 10 l/s)."
Soixante litres par seconde, cela pourrait paraître suffisant pour une ou plusieurs petites turbines, en s'assurant d'une hauteur de chute d'eau suffisante. Mais la faible rentabilité ne justifierait pas un tel investissement, nous dit-elle: "La configuration des locaux techniques disponibles ne permet pas une implantation aisée de nouveaux outils de production électrique et/ou nécessiterait un investissement élevé pour une production limitée."
Étonnant, au regard de cette quantité d’eau rejetée régulièrement avec force dans le ruisseau, à l’extérieur des bâtiments.
Sauf réelle volonté politique, il n’y aura donc pas de production hydroélectrique au Ry de Rome. Il aurait fallu l’intégrer dès les premiers plans mais la longue saga de la construction de l’ouvrage, dès l’après-guerre, n’était sans doute pas propice à l’ajout d’un chapitre supplémentaire au projet. D’autant que le pétrole coulait à flots à l’époque.
Il y a pourtant là un réservoir constant d’énergie.
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