Parc éolien de Ragnies: plus de questions que de réponses
La grande salle de la Distillerie était comble mercredi soir pour la Réunion d’Information Préalable sur le projet d’installation de 4 éoliennes à Ragnies, aux abords de la N53, la rue de la Roquette et le Chemin Ry des Rys.
- Publié le 07-09-2023 à 15h28
- Mis à jour le 07-09-2023 à 15h33
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Ce type de réunion est par essence formelle et doit apporter un minimum d’informations sur le projet, l’étude d’incidences à mener et les sociétés qui gèrent le dossier ; permettre au public de poser ses questions, remarques et demandes à prendre en compte dans l’étude d’incidences ; et y apporter un tant soit peu de réponses. Et c’est sans doute là que le bât a blessé ce mercredi soir, laissant le public présent sur sa faim au terme d’une bonne heure de discussions argumentées. La première question, posée par le conseiller communal thudinien Xavier Losseau, a donné le ton: quelles seront les voiries d’accès utilisées ou à créer au parc éolien ? La réponse du promoteur jette un froid puisqu’on apprend que la demande de permis a été déposée, sur base de l’étude d’incidences réalisée pour un précédent projet de 9 éoliennes, en 2018. Le plan de situation des mâts et leur nombre ayant été modifiés pour une implantation plus à l’est, il fallait, sous peine de risquer un vice de procédure, réorganiser une R.I.P. et une nouvelle étude d’incidences, qui se révèle être un complément d’études. Le hic, c’est que les réponses déjà apportées lors de la première étude ne peuvent venir alimenter le débat de cette nouvelle séance, ce qui en a frustré plus d’un. Autre question sans réponse, celle d’une future extension à d’autres éoliennes que les 4 envisagées. Le premier projet a dû être modifié parce qu’il se trouvait dans une zone d’exclusion définie par la Défense belge. "On ne peut rien promettre ! Si l’armée modifie cette zone, pourquoi pas, mais à l’heure actuelle il n’en est pas question " explique le chargé de projet de New Wind Jérôme Dumont.
La question de la rentabilité de tels parcs, ainsi que celle sur la solidité financière du porteur de projet sont aussi abordées. Le sujet a été examiné en détail par une habitante de Strée: "New Wind n’a pas beaucoup de fond, a des emprunts de 82% sur ses actifs et n’a que du stock et n’emploie personne. Ce n’est qu’une toute petite partie d’un groupe espagnol de 400 entreprises gérées aux Pays-Bas et coté en bourse au Japon ! Dans quelle mesure nous y retrouvons-nous ?" "New Wind est enregistrée en Belgique et paie ses impôts en Belgique. La façon dont sont rémunérés les actionnaires, c’est la même que dans toute société internationale" répond le promoteur avant de préciser que "même sans certificat vert, c’est rentable, sinon les banques ne nous suivraient pas". Sous ces questions financières se pose celle du financement du démantèlement. "U ne garantie bancaire est déposée avant la mise en œuvre, comme c’est obligatoire dans tous les permis éoliens" répond Jérôme Dumont.
Outre les questions habituelles sur les distances des habitations et la biodiversité locale, une autre question peu abordée précédemment est posée: l’impact sur la santé humaine. "L’OMS préconise une distance de 3 km pour une éolienne de 3 MW. En Wallonie, on l’a adapté compte tenu de l’étroitesse du territoire. Or le syndrome éolien a été reconnu en 2021 dans un jugement rendu en France, à Toulouse. Et l’OMS recommande maintenant des études complémentaires en matière d’impact cardiovasculaire, neurologique, etc. " explique Philippe Lannoo, médecin et conseiller communal de Thuin. Une question renvoyée hors des compétences du bureau d’études: "sans doute doit-on faire des nouvelles études, sur différents parcs et différentes situations " explique laconiquement le représentant du bureau CSD. Bien d’autres interrogations sans réponse satisfaisante pour le public seront émises lors de cette soirée. Ce qui fait dire à Sébastien Brousse, ex-conseiller écolo pourtant favorable à l’éolien: "depuis 15 ans, vos présentations n’ont pas évolué ; il serait bien de d’abord rencontrer et essayer d’inclure les personnes et les communes avant de se lancer dans de tels projets alors que là, vos réponses incitent à s’opposer au projet. Vous loupez le coche !" "On n’est pas là pour convaincre ou chercher l’approbation mais pour présenter le projet et alimenter l’étude " lui répond le chargé de projet...
Une réunion des riverains
Dans la foulée de cette réunion, l’ASBL Quiétude des Agaises a annoncé qu’elle organise une réunion le lundi 11 septembre à 19h au salon communal de Ragnies. L’objectif en est d’y débattre du projet et de proposer son aide à ceux qui le souhaitent pour formuler leurs remarques, observations et demandes de devoirs complémentaires. Ces remarques sont à transmettre dans les 15 jours suivant la R.I.P., soit d’ici le 21 septembre, à l’administration communale de Thuin, Service de l’Environnement, Grand-rue 36 à 6530 Thuin, avec copie à New Wind, avenue Dessus de Lives 2 à 5101 Namur.