Festival Scène sur Sambre: un bilan en demi-teinte (photos)
C’est un bilan en demi-teinte qu’ont établi les organisateurs au terme de l’édition 2023 de Scène sur Sambre dimanche soir.
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- Publié le 28-08-2023 à 11h44
- Mis à jour le 28-08-2023 à 11h51
Un chiffre d’abord: 16 200 festivaliers (dont 2 800 le vendredi, 6 500 le samedi et 6 900 le dimanche) ont pris leur ticket pour Scène sur Sambre ; c’est un recul de 25% par rapport à 2022 et c’est clairement une déception. Autre constat qui interpelle, mais étonne peu au vu de l’affiche proposée: l’âge moyen du public est d’à peine 23 ans, des jeunes très jeunes qui vivaient pour 38% leur premier festival ; pour 56% des spectateurs, c’était aussi la première fois à Scène sur Sambre.
Dernier constat statistique: Scène sur Sambre n’a pas ratissé plus loin que les frontières du Hainaut, alors que la programmation mettant en avant plusieurs rappeurs français de renom aurait dû attirer le public d’outre-Quiévrain.
Une organisation bien rodée
Il y a quand même des points positifs. "On est bien rodé en matière de logistique, explique Gino Innocenti, Par rapport à Ronquières, Scène sur Sambre est plus petit et plus facile à organiser. Le site, entre Sambre et ruines de l’abbaye d’Aulne est exceptionnel, et les artistes ont unanimement apprécié". Enfin, alors qu’on a pataugé à Ronquières, la météo a relativement épargné ce dernier festival de l’été, et surtout le nouveau plan de mobilité a parfaitement fonctionné. "Nous avons eu une excellente collaboration avec la police, qui faisait preuve de réactivité lorsqu’il le fallait, ouvrant ou fermant la sortie vers Landelies lorsque la circulation le nécessitait."
La présence de signaleurs expérimentés et la nouvelle zone de Kiss&Ride ont aussi fluidifié le trafic.
Des jeunes respectueux
Enfin, et c’est suffisamment rare pour le souligner, l’ambiance est restée bon enfant tout au long du week-end ; et les forces de l’ordre n’ont relevé aucun fait d’agression, dégradations, mœurs ou stupéfiants. Autre point positif, les gobelets recyclables, les poubelles de tri et la responsabilisation des festivaliers ont laissé les lieux dans un assez bon état de propreté.
À côté de cela, le succès très mitigé de l’événement suscite interrogations et remise en question pour la suite.
Les Français et les plus de 40 ans ont déserté
"L’évolution vers le rap et la pop urbaine, amorcé avec succès en 2022, et n’a pas attiré le public français friand de ce style de musique, qui était venu nombreux pour PLK en 2022. Aux Ardentes, avec qui nous partageons le programmateur, cela draine 50% du public" explique Jean-François Guillin. "Et cela a aussi eu pour conséquence qu’on a perdu les plus de 40 ans et le public plus familial. Ces évolutions au fil des années font qu’on a un problème de fidélisation des festivaliers" constate Bertrand Hamaide.
La moyenne d’âge très jeune a aussi pour conséquence que le niveau de dépenses moyen est bien plus faible. On a en effet rarement fait la file ce week-end, tant aux comptoirs des bars que devant les foodtrucks aux goûts variés, ou pour s’asseoir dans les différents espaces "chill" prévus pour se poser entre deux sets.
Des rappeurs méconnus en Belgique
Plus interpellant, la question du choix des artistes est au cœur de la réflexion pour la suite du festival. "Les bookers français ne maîtrisent pas les réalités belges: des artistes immensément populaires en France et vendus comme tels au festival étaient en fait peu connus du public belge." Et cela s’est ressenti, au-delà des ventes de tickets, dans l’ambiance qui régnait chaque soir: si les artistes belges comme Caballero & Jean Jasse ou Kid Noize ont chauffé le public, parmi les rappeurs français, le public ne s’est vraiment déchaîné que devant Gazo samedi soir, Rohff et surtout Gims&Dadju dimanche soir. En cause, "le réseau de promotion pour les artistes urbains est relativement faible en Belgique" expliquent les organisateurs.
Remise en question pour 2024
Tous ces éléments les incitent à une profonde remise en question, même s’il "est trop tôt pour parler de l’édition 2024. Au vu de l’édition 2022, tous les paramètres étaient bons pour faire évoluer la programmation telle qu’on l’a fait cette année." Cela n’a pas payé, mais pour autant "on ne va pas revenir en arrière, vers des formules plus dispersées qui ne fonctionnaient pas non plus au mieux. C’est d’ailleurs cela qui avait poussé l’organisateur précédent à nous revendre le concept" explique Gino Innocenti. "Il faut analyser chaque élément, programmation, billetterie, réseaux de promotion, sponsors et partenaires, pour comprendre comment remédier à ce qui n’a pas fonctionné" poursuit Jean-François Guillin. "Il faut aussi s’améliorer à la marge pour permettre à Scene sur Sambre de démarrer une prochaine édition sur des bases beaucoup plus solides" conclut Bertrand Hamaide.
La formule n’est pas à jeter, mais les réflexions, contacts et analyses des différents facteurs de réussite seront intenses d’ici l’été 2024. Car chacun en reste persuadé: le site et le concept ont de l’avenir.