Couvin: Mathieu Wattier est pénalement responsable de ses actes
Aux assises de Namur, les experts ont aussi déclaré que le jeune homme, accusé du meurtre de son grand-père à Brûly-de-Pesche, était impulsif et colérique.
Publié le 24-05-2023 à 19h21 - Mis à jour le 24-05-2023 à 19h22
:focal(544.5x371.5:554.5x361.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/LJR35GL645BXJHOFCYK3CEYTDI.jpg)
La 3e journée du procès d’assises de Mathieu Wattier, 22 ans, accusé de tentative de meurtre et du meurtre de son grand-père, Mathieu Deneyer, 78 ans, à Brûly-de-Pesche, le 9 mai 2020, a permis de mieux cerner la personnalité de l’accusé. Les conclusions des experts psychiatres et psychologues sont claires: l’accusé était responsable de ses actes au moment des faits. Pour eux, en l’absence de trouble mental, Mathieu Wattier ne représente pas un danger pour l’avenir. Les experts suggèrent toutefois un suivi médico-psychosocial.
Il reconnaît la gravité des faits
"Est-il capable de se remettre en question ?" demande le ministère public qui décèle chez le jeune homme, une tendance à reporter la responsabilité sur autrui, en l’occurrence sur son grand-père. Réponse des spécialistes: "Mathieu Wattier n’efface pas les faits et reconnaît leur gravité. La déresponsabilisation est un mécanisme de défense courant: il remet son acte dans le contexte particulier qui régnait dans la maison et il rationalise les faits en expliquant que ce déchaînement de violence résulte de longues années de souffrance."
Malgré sa déscolarisation suite, selon sa mère, à du harcèlement dans les différentes écoles fréquentées à Cul-des-Sarts, Chimay ou encore Pesche, l’accusé a une culture générale et une capacité de raisonnement dans la moyenne de la population. On n’a pas détecté chez lui de troubles de la personnalité, mais bien quelques éléments borderline comme l’impulsivité: il se met facilement en colère. Il y a beaucoup d’anxiété chez lui, de détresse émotionnelle, de peur de la séparation, d’instabilité affective, d’état dépressif.
La colère par rapport à sa vie, à la maladie est une composante de son caractère. La joie de vivre ne fait pas partie de son univers. Tout cela est à mettre en relation avec la mucoviscidose et le diabète dont il souffre et sa situation familiale particulière.
Ce contexte a aussi été décrit par les experts: un système enchevêtré et fermé dominé par le grand-père. "Pour cette famille, depuis plusieurs générations, évoluer n’est pas d’actualité, souligne un des spécialistes. Tout est figé et le futur n’est pas envisageable. Ils sont enfermés dans leur monde, dans une bulle. Cela a entraîné une souffrance intergénérationnelle que la mère a transmise à son fils."
Dans ce système hermétique, Mathieu Wattier et sa mère Frédérique Deneyer ont fini par former un bloc, une relation fusionnelle permettant de se protéger l’un l’autre face à l’adversité, au grand-père "tyrannique", à la maladie, à la tristesse, à l’anxiété, au monde extérieur dont on se méfie.
Le médecin de famille a expliqué que l’accusé et sa mère étaient constamment rabroués et dénigrés par Mathieu Deneyer qui alimentait les tensions dans la maison. "Mathieu Wattier en souffrait et voulait protéger sa mère", a-t-il insisté.
Un double visage
Pour le psychothérapeute qui a suivi l’accusé après les faits, sa maman a développé une surprotection vis-à-vis de son fils, sans lui permettre de sortir, de se sociabiliser ou d’avoir une vision extérieure sur le monde. Et d’ajouter, à propos de Mathieu Wattier: "Même si son acte est irrationnel, éliminer son grand-père constituait pour lui la seule porte de sortie de ce cadre fermé: un clan sous l’emprise d’un patriarche".
Le passé de Mathieu Wattier a aussi été abordé. Son enfance a été très difficile surtout quand l’habitation de Brûly-de-Pesche a été partagée avec le grand-père. L’accusé parle alors de maltraitance exercée par Mathieu Deneyer à son encontre. Sa scolarité n’a pas été plus joyeuse. Il était souvent absent en raison de sa maladie et réagissait parfois violemment aux quolibets des autres enfants C’est pour cette raison que sa maman arrêtera sa scolarité à 15 ans.
Une institutrice chimacienne a ainsi expliqué que Mathieu, à 8-9 ans, avait un double visage: il pouvait être charmant et serviable mais dès qu’il était confronté à une frustration, il se mettait en colère de matière verbale, pas physique. "Mais il changeait alors de visage et cela me faisait froid dans le dos", déclare-t-elle.
Lors de l’enquête de moralité auprès de voisins et de connaissances, les qualificatifs de manipulateur, de colérique et de capricieux sont revenus à plusieurs reprises. D’autres ont mis en exergue son intelligence et sa gentillesse.