Assises de Namur: une cohabitation qui a très mal tourné à Brûly-de-Pesche
Selon la mère de l'accusé, la victime, Mathieu Deneyer (78 ans) faisait vivre un enfer dans la maison de Brûly-de-Pesche qu'ils partageaient.
Publié le 23-05-2023 à 20h17 - Mis à jour le 23-05-2023 à 20h32
:focal(544.5x371.5:554.5x361.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/KOHLW4NWCZDZ5HHQQMBBKL75D4.jpg)
Paradoxalement, il a été peu question de l’accusé, Mathieu Wattier, au deuxième jour du procès d’assises à Namur. Pour rappel, ce jeune homme de 19 ans est accusé du meurtre de son grand-père, Mathieu Deneyer (78 ans), le 9 mai 2020, vers 21 h 30, dans une fermette de Brûly-de-Pesche qu’il occupait avec sa mère et la victime. Il est aussi poursuivi pour une tentative de meurtre, toujours sur son grand-père, le 27 avril 2020. Il est à noter que l’accusé, souffrant de mucoviscidose et de diabète, comparaît libre à son procès.
Ce mardi, une bonne partie de l’audience a été consacrée à la victime, Mathieu Deneyer, dont sa fille (et mère de l’accusé) a dressé un portrait très peu flatteur, tout au long d’un témoignage parfois confus et décousu. Dans cette affaire, la maman, Frédérique Deneyer (54 ans) s’est portée partie civile, avant tout pour avoir accès au dossier et défendre son fils. "En 2015, après le décès de ma mère dans la maison de Brûly (elle avait un cancer et Alzheimer), mon père nous a fait vivre un enfer. Il voulait retrouver une compagne mais cela ne se passait pas bien. Il se défoulait sur nous après ses frustrations". Elle assure qu’elle et son fils vivaient dans la peur, barricadant leur chambre pendant la nuit.
Interdit de salle de bains
"Il a dépassé les bornes, notamment avec ma mère qu’il traînait dans l’escalier, reprend Frédérique Deneyer. Elle avait Alzheimer et il la traitait comme un déchet. La cohabitation était difficile dans la maison: il nous interdisait la salle de bains, même quand ma maman était malade et incontinente. Il n’avait aucun respect. Je ne sais pas pourquoi il agissait ainsi: il avait un problème dans la tête. Il était tyrannique et me reprochait de trop m’occuper de mon fils et pas de lui."
Elle ajoute que la victime pouvait les mettre dehors, elle et son fils, à tout moment et leur faisait bien sentir.
"Mais j’étais sous l’emprise de mon père, admet-elle. Je me suis opposée à lui quelques fois pour mon fils malade. Mais le reste du temps, je lui obéissais comme un bon soldat." C’est ainsi, assure-t-elle, que de l’argent qui lui était dû s’est retrouvé sur le compte de son père. Les enquêteurs ont en effet expliqué que Mathieu Deneyer était redevable de la somme de 71 000 € en faveur de sa fille qui ne disposait pourtant que de 402 € sur son compte.
La marraine de l’accusé n’a pas été beaucoup plus tendre avec la victime. Constatant que la maman du jeune homme se débattait dans des problèmes financiers, elle lui a donné de l’argent à plusieurs reprises. "Mathieu Wattier est un gentil garçon, insiste-t-elle. Je crois que Mathieu Deneyer n’aimait pas beaucoup son petit-fils en raison de sa maladie. Et si mon filleul a agi de la sorte, c’est que son grand-père l’a poussé à bout ! Cet acte ne colle pas avec sa personnalité." Son mari ajoute que la victime voulait toujours que les choses se passent seulement comme il l’avait décidé.
Pour sa sœur, un homme exemplaire
À plusieurs reprises, pour le ministère public, Virginie Kerkhofs, a demandé aux jurés de prendre ces témoignages avec des pincettes, en rappelant que cette relation des faits repose uniquement sur les dires de l’accusé et de sa mère ou provient de personnes qui n’ont eu accès qu’à une seule version.
Dans l’après-midi, la sœur de la victime a quelque peu tempéré la mauvaise image donnée à son frère. Elle avait des contacts téléphoniques fréquents avec lui. "C’était un homme exemplaire sur toute la ligne, assure-t-elle. Il a financé beaucoup de choses pour sa fille et ne parvenait plus à payer alors qu’elle et son petit-fils ne faisaient rien dans la maison. S’il a interdit la salle de bains, c’est parce que sa fille laissait des cheveux partout. Il en avait marre de nettoyer après eux. Il avait peur et avait déjà été agressé par son petit-fils. Il cherchait à partir de Brûly et aurait dû le faire plus tôt."
De son côté, en raison des tensions de plus en plus vives au sein de la maison, la maman de l’accusé avait également entamé des démarches auprès du CPAS de Couvin pour quitter les lieux et bénéficier d’un logement social, loin de son père. Mais la procédure n’a pas eu le temps d’aboutir. Et le drame est survenu !