Couvin: le site de Brûly-de-Pesche reçoit 500 petits passeurs de mémoire
Lundi et mardi, 23 classes du sud de la province de Namur en ont appris beaucoup sur la guerre 40-45 en visitant le grand quartier général d'Hitler pour la campagne de France, à Brûly-de-Pesche.
Publié le 16-05-2023 à 15h53 - Mis à jour le 16-05-2023 à 15h56
"Halte ! Que faites-vous là ? Il est interdit d’être ici. Toute la zone a été évacuée. Vous voulez qu’on abatte les otages de votre village ?". Fusil dans les mains et l’air menaçant, le soldat allemand intime l’ordre à la petite troupe d’écoliers de s’arrêter. Certains sont goguenards, d’autres impressionnés par la mise en scène qui se déroule au milieu des bois de Brûly-de-Pesche, non loin du site du bunker d’Hitler.
Cette saynète fait partie intégrante de la cinquième édition du Namur Battlefield and Kids organisée conjointement par la province de Namur et le commandement militaire de la province. Depuis 2014, les deux institutions mettent sur pied, tous les deux ans, une marche mémorielle à destination des élèves des 5e et 6e primaires de la région.
Les témoins disparaissent
"Une semaine exactement après l’anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, à l’heure ou la guerre aux portes de l’Europe se déchaîne dramatiquement, la nécessité de perpétuer la mémoire est essentielle, insiste le lieutenant-colonel Xavier van de Werve, le commandant militaire de la province de Namur. C’est d’autant plus important que ceux qui ont vécu cette époque ont le plus souvent disparu."
Les quatre premières éditions du NBK s’étaient tenues dans le nord de la zone, aux forts d’Émines et de Saint-Héribert. Près de 6 000 enfants avaient participé à ces activités. Cette année, les organisateurs souhaitaient toucher davantage le sud de la province.
"Le site de Brûly-de-Pesche qui a accueilli le grand quartier général d’Hitler en mai-juin 1940 pour la campagne de France s’est imposé, souligne Jean-Marc Van Espen, le député-président de la province de Namur. Les traces mémorielles à valoriser y sont pertinentes. Les lieux ont aussi servi de QG au général Piron, le patron de la fameuse brigade belge, lors de la Libération. Ce haut lieu de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, aussi appelé"Le Ravin du loup", demeure encore trop méconnu dans la région. Cette action permet aussi de le mettre en avant."
Avec l’aide de l’office du tourisme de Couvin, une série d’activités a été mise en place pour 460 élèves issus de 23 classes. Au total, 9 écoles de Mettet, Florennes ou encore Couvin ont participé à cette 5e "Namur Battlefield and Kids".
Sur place, un parcours mémoriel de 4,3 km a été balisé dans les bois aux alentours du bunker d’Hitler. Encadrés par une dizaine de militaires (pour la sécurité et la logistique) et une dizaine de bénévoles de la province (pour les aspects historiques), les enfants ont reçu nombre d’informations sur l’histoire du site et le contexte général de l’époque: l’occupation, la résistance, l’exode, le vécu des habitants… L’occasion d’apprendre, notamment, que pour la venue du dictateur, 28 villages autour de Brûly avaient été complètement vidés de leurs habitants. Ils avaient été obligés de tout abandonner avant de partir sur les routes.
Le support d’un carnet pédagogique
"Un carnet pédagogique fourni au préalable par le service Patrimoine culturel de la province nous a permis de préparer la visite avec les élèves, explique William Maniquet, instituteur d’une classe de Biesme. C’est devenu un projet de classe et les enfants sont très curieux de connaître cette période."
Tout au long du parcours, des comédiens de la troupe Act’Hours ont endossé divers rôles d’époque: un soldat allemand vérifiant que la zone a été vidée de ses villageois, une réfugiée paniquée fuyant la guerre, une résistante de la région ou encore un général Piron plus vrai que nature. La balade se terminait par une visite du "Ravin du Loup" et du bunker.
"Je suis persuadé que c’est en intégrant la jeunesse, entre autres par le biais des Namur Battlefield and Kids, que le devoir de mémoire sera plus efficace", martèle le lieutenant-colonel Xavier van de Werve. Et de proposer que la journée du 8 mai soit désormais consacrée à des actions pour faire prendre conscience aux jeunes du sacrifice de nos anciens.