Un hydromel local produit à Froidchapelle (photos/vidéos)
L’hydromel, plus vieille boisson fermentée au monde, inspire les apiculteurs et séduit les amateurs de breuvage naturel et local. À Fourbechies, un couple d’apiculteurs peaufine son premier millésime.
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Publié le 12-05-2023 à 14h22 - Mis à jour le 12-05-2023 à 15h30

On en buvait en Chine 6000 ans avant J.-C., en Égypte 1 500 ans plus tard Il est réputé avoir été la boisson des dieux grecs, latins, celtes ou scandinaves… L’hydromel a précédé la bière et le vin sur les tables des gourmets tout autour de la Méditerranée. Puis la culture de la vigne et des céréales s’est étendue et a popularisé le vin et la bière. Et l’hydromel, ce nectar des ruchers, est un peu tombé dans l’oubli… du moins sous nos latitudes belges. Alors que chez nos voisins français, les apiculteurs perpétuent cette fabrication ancestrale, la production belge reste confidentielle. Pourtant, la recette pourrait paraître simple: de l’eau, du miel, une levure, et le savoir-faire de l’hydromelier dans le dosage et le vieillissement du breuvage… " Mais c’est beaucoup plus complexe, explique Philippe Noël, et cela tient avant tout à la qualité du miel, son principal ingrédient, fruit d’un alliage idéal entre le sol, la végétation, la météo… Le miel et l’hydromel sont vraiment une retranscription gustative du terroir " Et dans la Botte du Hainaut, herbagère et préservée des pollutions industrielles, les abeilles s’épanouissent en se nourrissant d’une flore riche et variée: des pissenlits à profusion, des fleurs d’arbres fruitiers, du trèfle et des ronces, assortie de quelques fleurs du colza cultivé plus au nord de la zone.
Ce souci de qualité, Philippe Noël l’a mis en œuvre dès ses premiers pas en apiculture, en 2018. Avec déjà en tête de non seulement récolter du miel, mais aussi de développer un hydromel authentique qui remettrait en lumière un savoir-faire ancestral. "En 2019, j’ai eu mes premières colonies, des"zinneke", avec lesquelles j’ai réalisé mes premiers pots de miel et des premiers essais d’hydromel". Au fil des saisons, il développe l’élevage et la sélection des reines pour améliorer son cheptel, qui compte une belle proportion d’abeilles noires, cette espèce protégée typique de la région de Chimay.
Le Rucher de la Sautizelle
Il s’informe et se forme, et commence à commercialiser la production miellique du Rucher de la Sautizelle, du nom de leur rue, à Fourbechies. Dans le secret de son atelier, il multiplie les tests d’hydromel, et l’année 2022, avec sa météo exceptionnelle qui a favorisé une production tout aussi exceptionnelle, lui permet de passer à la vitesse supérieure. "En novembre, je suis parti en formation en Charente, cela m’a permis de faire le tri dans mes essais, rencontrer d’autres producteurs et des connaisseurs qui pouvaient me donner un avis éclairé sur ma production. Il y avait le côté technique mais aussi beaucoup d’échanges instructifs." Fin décembre, il lance sa première fermentation.

Et le dernier week-end d’avril, il met sur pied une première dégustation avec un public mêlant professionnels et amateurs de miel. " Cette dégustation avait pour but de recueillir les avis de connaisseurs et de novices, on a élaboré un questionnaire que chacun était invité à remplir en donnant son sentiment sur la robe, sur le goût, le degré d’alcool… mais aussi les envies. À ce stade, on peut encore tout envisager: faut-il faire un pétillant, aller vers du plus sec ou plus moelleux, réduire le degré d’alcool, prolonger le vieillissement au-delà des six mois habituellement recommandé, y adjoindre des fruits ou des épices… ? On aime notre région, l’objectif n’est pas de produire à tout va mais de travailler sur notre projet avec les gens de notre région, qui apprécient notre façon de faire et sont nos premiers consommateurs."
Un test à décanter
Le résultat de ce test grandeur nature va permettre d’ajuster la recette avant de lancer une production à commercialiser. "D’ici là, il nous faut aménager un local aux normes Afsca, et obtenir les agréments des accises", des étapes indispensables pour que le breuvage des Dieux puisse arriver sur les étals des marchands. "On espère re prêt d’ici la fin de l’année" ajoute-t-il.
Un rucher mobile

Des ruches, cela se déplace au gré des saisons et des floraisons. Pour son miel de printemps, Philippe Noël les pose dans un champ de colza de la région beaumontoise. Et pour faciliter le transport mais aussi pour les protéger du soleil, des intempéries ou encore des attaques de frelon qui se multiplient dans la région, il a imaginé un rucher mobile. Avec des planches de récupération, il a ainsi créé de toutes pièces cette "cabane" protectrice des ruches, qui peut être déplacée à l’aide d’un tracteur et d’une remorque. "L’intérêt est aussi de nous protéger du vol des ruches, une vraie plaie pour les apiculteurs. J’avais vu cela sur internet, c’est utilisé dans les pays de l’est. Alors j’y ai passé l’hiver et voilà !" sourit-il, espérant maintenant que le ciel se dégage pour que ses abeilles puissent profiter pleinement et de leur abri, et de la riche alimentation des champs de la Botte du Hainaut.
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