Beaumont: l’écrivain Roland Soyeurt partage sa ruralité dans son dernier livre
Roland Soyeurt, c’est, comme il se décrit, un "rural". Il vous invite à le suivre en partageant ses souvenirs et ses espoirs. Il sait que le printemps existe encore…
Publié le 12-05-2023 à 10h57 - Mis à jour le 12-05-2023 à 10h58
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"Ne dites plus paysan, dites rural !" Natif de Stave et Thirimontois d’adoption, Roland Soyeurt le proclame à tout qui veut l’entendre et le raconte dans son dernier livre, "Ruralité oblige". Il couvait cet ouvrage depuis 20 ans ; il est aujourd’hui mûr pour être digéré. Pourquoi dit-on aujourd’hui rural plutôt que paysan ? L’auteur, campagnard de naissance, même si un peu déserteur durant les trois décennies de ses carrières professionnelles, s’en étonne. Alors pourquoi ne pas le suivre, lui qui vous emmène dans sa campagne. Alors, peut-être y trouverez-vous la vôtre ?
Redécouvrir la ruralité
"Remonter les fils de ma ruralité, nous confie Roland Soyeurt, telle était mon idée, les remonter comme on le fait dans le temps, comme on compte les cercles concentriques du tronc des arbres pour en trouver le cœur et l’âge, comme on retourne aux sources des rivières pour y trouver l’eau pure". Et de poursuivre: "A en juger par ce que je vois et ce que j’ai vu, l’avenir de ma campagne prend des couleurs bien mornes. C’est le lot de tout ce qui vit, de changer, de dépérir et de mourir. Heureusement, jusqu’ici, le blé n’est jamais mort tout à fait !"
Pas question donc pour l’auteur de tomber dans la sinistrose, de dire que tout était mieux avant et qu’on a pris la direction du pire.
Cependant, force est de constater que la campagne est prise au piège. Un piège qui se referme peu à peu. Les habitations rurales sont devenues maisons de campagne à coups de gros billets que les campagnards n’avaient pas. Le marketing a fait des petites fermes des fermettes authentiques, puis les fermettes sont devenues résidences. Les granges sont lofts avec mezzanine et cheminée à feu ouvert, celle-là même que les vieux avaient bannie depuis longtemps au profit d’un poêle.
Vingt fois par an, on traque l’herbe folle. L’herbe n’existe plus. Il n’y a plus de fenil, la semence s’achète en carton à la jardinerie. On cultive le gazon. On veut faire oublier que l’herbe est parfois mauvaise, la mauvaise herbe dévorée par les herbicides, bio ou pas.
Pour Roland Soyeurt, si la ruralité oblige désormais, c’est qu’elle s’est imposée à la campagne traditionnelle des agriculteurs, éleveurs, bergers, chasseurs, pêcheurs, forestiers. En leur prenant pas mal de leurs prérogatives pour les offrir à d’autres, aussi peu informés soient-ils parfois. Les acteurs campagnards d’autrefois sont aujourd’hui encartés, endoctrinés, subsidiés, contrôlés, même parfois interdits, condamnés à changer ou à disparaître, toujours privés d’une bonne partie de leur rôle ancestral. C’est grave pour Roland Soyeurt, mais il sait qu’un vrai campagnard pleure assez peu: la vie d’autrefois, parfois si fantasmée aujourd’hui, était dure, elle lui a appris à "rire de ses malheurs".
Il vous invite à le suivre en partageant ses souvenirs et ses espoirs. Il sait que le printemps existe encore, et il rit aussi à l’idée de vous en convaincre.