À Bourlers, le dernier vestige de la Fabrique Martin disparaît
La cheminée de la Fabrique Martin a été détruite. Les Bourlésiens y tenaient car les fabriques avaient contribué à l’essor de leur village.
Publié le 11-05-2023 à 10h52 - Mis à jour le 11-05-2023 à 10h53
Les fabriques de produits réfractaires et de carreaux céramiques florissaient dans la région de Chimay au XIXe siècle. C’est en effet à la fin du XIXe siècle que sont nées d’importantes entreprises comme la Fabrique Martin (1862-1984) et l’Usine Maufroid (1879-1938) à Bourlers, ainsi que la Céramique Poulet (1875-1956) à Forges. Elles ont valorisé avec beaucoup de succès la terre plastique extraite entre Baileux et Forges, via Bourlers.
Dans la région, il existe encore de nombreux témoins architecturaux de ce passé industriel. Il suffit de se promener dans les villages avoisinants, où de nombreuses maisons en témoignent encore. De plus, ce secteur d’activité a créé de nombreux emplois avec du personnel spécialisé qui produisaient des matériaux de haute qualité, notamment des carreaux de pavement ornés de dessins et de motifs colorés et variés.
Petit retour en arrière
À Bourlers, si les bâtiments ont été rasés, il subsistait la cheminée de la Fabrique Martin, la plus ancienne qui fonctionna le plus longtemps puisqu’elle n’a été fermée qu’en 1984. Cette entreprise, qui changera de forme, de société et d’enseigne plusieurs fois en un siècle d’existence, était érigée au lieu-dit "Trieu Jean de France" au bout du "Chemin de la Forge Jean Petit", actuellement "rue des Usines" appelée aussi familièrement "ruelle à Blosses" par les Bourlésiens.
Là il y eut d’abord les installations en 1861 et en 1862 de MM. Léon Lenoir de Forges et Julien Bolle de Thuin, destinées surtout à la fabrique de tuyaux de drainage. En 1869, le conseil communal accorde l’autorisation à MM. Martin et Baumel, de Chimay, de créer une fabrique de tuyaux de drainage, pannes et carreaux, au même endroit, avec l’installation d’une machine à vapeur à 500 m des habitations.
À la mort de M. Baumel, Édouard Martin est désormais le seul patron et la fabrique sera toujours connue et dénommée Fabrique Martin jusqu’à sa disparition en 1984.
En 1880, Julien Dandenelle, contremaître à la Fabrique Lange reprend la Fabrique Martin et crée la société "Julien Dandenelle et Cie". La qualité de ses produits est reconnue (médaille d’argent en 1903 à Bruges pour des pavements imperméables dans les étables).
En 1912, les actionnaires de "Dandenelle et Cie" souhaitent transformer la société en nom collectif en société anonyme, afin de protéger leur patrimoine et c’est ainsi qu’en février 1913 naît la S.A. "Produits Réfractaires et Grès Cérame de Bourlers". Pendant de longues années, la fabrique sera le fournisseur privilégié des usines Saint-Roch à Couvin. Pour les transports, il fallait recourir à des voituriers. En 1903, c’est l’arrivée du tram à vapeur, mais il faut encore tout transporter à l’arrêt du Pavillon. En 1932, c’est l’autonomie avec l’acquisition d’un camion. On plaçait les produits sur de la paille, du foin. Auparavant on utilisait des "baldingères" issues des roselières du marais en amont de l’étang de Nimelette. Pendant la guerre 40-45, la fabrique a été occupée par les Allemands durant "l’évacuation". L’usine a vraisemblablement poursuivi ses activités dès le retour de la population.
Aujourd’hui, la friche industrielle est la propriété de la SA Immobilière de Villée, représentée par Olivier Pirlot de Virelles.
Désireuse d’y implanter un champ de panneaux voltaïques d’une puissance de 3,3 MWC, la société a obtenu le permis d’exploitation et de construction de ce champ. Et c’est dans cette optique que le dernier vestige de la Fabrique a été démoli.
Source: Christian Constant, du Cercle d’histoire En Fagnes et Thiérache.