À Treignes, elles ont refait les gestes des agricultrices d'autrefois
La vie de château ne fait pas toujours rêver. La journée type d’une agricultrice du XIXe a permis aux visiteurs du château-ferme de Treignes de s’en rendre compte ce lundi.
Publié le 01-05-2023 à 16h29 - Mis à jour le 01-05-2023 à 17h54
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La vie de château peut être très éloignée de celle qu’on imagine souvent. Plus loin encore lorsqu’il s’agissait d’un château-ferme, et qu’on était une femme prenant part à l’exploitation agricole… Ce lundi, les visiteurs du château-ferme de Treignes ont pu le constater et même refaire les gestes des agricultrices d’antan, dans le cadre de la 3e journée "La vie de château en famille" organisée par l’AWaP, l’Agence wallonne du patrimoine.
"Nous proposons aujourd’hui le parcours d’une agricultrice à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, avant la mécanisation qui, dans la région, a été assez tardive, dans les années 30", explique Maxime Coetsier, animateur à l’Écomusée du Viroin, qui a pris ses quartiers dans le bel ensemble architectural (lire par ailleurs). Un parti pris féminin influencé par le combat en faveur de l’égalité des genres de ces dernières années dans lequel a voulu s’inscrire l’Écomusée.
Le feu avant tout
"D’une façon générale, le travail des hommes était plus physique, aux champs, explique Florie Colet, elle aussi animatrice. Les femmes se chargeaient de la basse-cour et des activités en lien avec le bâtiment. Leur journée d’agricultrice commençait tôt, à la fine pointe de l’aube." Une fois sur pied, la première chose à faire était de se chausser… de sabots. Longtemps inabordable, le cuir n’était guère utilisé. Peu coûteux, mais peu confortable, le sabot fut d’abord façonné à la main avant que la machine prenne le relais.
Mais la journée de la femme commençait vraiment avec l’allumage du feu, ce qu’une visiteuse a accompli en direct avec succès, sous les yeux de la quinzaine de participants, dont certains venaient parfois de loin, de Libramont notamment. C’est que le feu servait à la fois non seulement pour se chauffer, mais aussi pour cuire le pain et préparer les repas. Pour alimenter le foyer, il incombait aussi à la femme de fendre son bois, ce que deux visiteuses du jour ont expérimenté avec un certain bonheur… pour quelques bûches en tout cas.
Transporter la paille au potager ou pour les animaux faisait aussi partie des tâches, multiples, de l’agricultrice. Utiliser la fourche pour emplir les brouettes, conduire celles-ci, puis les décharger et épandre leur contenu: pas de tout repos ! Ce qui n’est encore rien par rapport aux activités liées au lait et à son traitement… Après la traite, les seaux de lait devaient être transférés dans des cruches avant de passer par l’écrémeuse qui, il y a trois décennies à peine, pouvaient toujours être purement mécaniques. Un travail demandant un effort important, ce n’est pas le volontaire qui s’est prêté à l’exercice qui le niera…
Une fois la crème extraite par force centrifuge, la fermière devait encore faire le beurre à la baratte à main, autre exercice physique éprouvant. Pour l’expérience, les visiteurs ont été invités à secouer un petit pot de crème avec, pour certains, la récompense de quelques globules de beurre bien jaune sur les parois du récipient. C’est encore à la femme qu’incombait le transport des cruches vers les clients, à l’aide d’une charrette à chien.
Des jours de fête quand même…
Déjà bien longue, la journée n’était alors pas terminée pour autant. De retour au jardin, il fallait encore cueillir plantes cultivées et médicinales pour se constituer une petite pharmacie, récolter des fruits en saison. À noter aussi que le fauchage des céréales n’épargnait pas les femmes. "De retour au foyer, elles devaient encore rapiécer les vêtements, filer la laine, carder", complète Maxime Coetsier. Et, bien sûr, assumer l’entretien de la maison, s’occuper des enfants, préparer les repas… "Il y avait quelques jours de fête, des kermesses", conclut l’animateur. Encore heureux…
Une vie assurément rude que l’Écomusée a voulu mettre sous les projecteurs. L’initiative devrait avoir une suite: "Pour l’an prochain, explique Florie Colet, l’idée est de développer le thème de la condition de l’agricultrice d’aujourd’hui."