Mais qui sont ces Belges évoqués par César ? Le musée du Malgré-Tout de Treignes y répond dans une exposition
Le musée du Malgré-Tout de Treignes présente dès ce week-end une exposition au titre évocateur: "Fortissimi sunt Belgae". Mais qui étaient vraiment ces braves ? À découvrir d’ici le 12 novembre.
Publié le 28-04-2023 à 06h00
Le sujet passionnera les Belges, mais également de nombreux Français car, et ce sera sans doute une découverte pour beaucoup, la Belgique telle que César la décrivait dans son ouvrage La Guerre des Gaules était bien plus vaste que notre petit pays actuel.
Qui étaient donc ces Belges dont César parle ? L’exposition nous présente les peuples de la Gaule Belgique et, via une série d’objets découverts lors de fouilles archéologiques, certaines des caractéristiques qu’ils avaient en commun.
Car la question fondamentale est peut-être la suivante: s’il s’agit de peuples différents, pourquoi César les appelle-t-il du terme générique "Belges" ? "Parce qu’ils s’appelaient ainsi eux-mêmes, nous explique Pierre Cattelain, directeur scientifique à l’ASBL CEDARC. Qu’ils soient Rèmes, Aduatuques ou Eburons, ils avaient des lois, des institutions et… des similitudes dans leurs langues (le néerlandais et le français n’existent pas alors, ils seront tous deux apportés par les Francs, bien après, NDLR)."
L’expo présente les objets de différents peuples gaulois, ce qui permet d’en savoir plus sur ces similitudes.
Tiens, mais qui peuplait l’Entre-Sambre-et-Meuse ? Pierre Cattelain se fait aider de son épouse, Claire Bellier, pour déployer une grande carte d’école: "C’était celle qui était déployée dans ma classe quand j’étais petit, explique-t-il. Les tribus sont là mais, les territoires ne sont pas exacts: depuis, les limites ont été corrigées…"
Les recherches archéologiques ont démontré que l’Entre-Sambre-et-Meuse se trouvait aux frontières de trois territoires, des Rèmes au sud, des Nerviens à l’ouest (Momignies à Thuin) et des Atuatuques vers le nord.
"Les fouilles ont mis au jour neuf fortifications sur une ligne séparant Vireux à Maquenoise. Elles délimitaient la frontière entre les Rèmes et les Aduatuques. Entre les Rèmes et les Nerviens, il n’y avait pas de défenses car les deux peuples vivaient en amis."
C’est là que l’on se rend compte du fruit du travail des archéologues, dans notre région, ces dernières années. Une anecdote: feu Jean-Luc Pleuger, archéologue qui a fouillé la fortification du plateau des Cinques à Olloy, nous avait expliqué lors d’une fouille sur place que son hypothèse était qu’il s’agissait d’une forteresse atuatuque devant protéger le peuple d’une invasion venue du sud du Viroin, par les Rèmes. Mais les objets découverts lors des fouilles successives, là et ailleurs dans la région, ont permis de penser que l’hypothèse est inverse: une fortification rème devant protéger d’une invasion des Atuatuques.
Quelles traces permettent d’établir cela ? Des poteries, de la monnaie, des armes, dont certaines caractéristiques ne trompent pas.
Plusieurs vitrines présentent des armes sacrifiées. "C’est l’une des caractéristiques des peuples de la Gaule Belgique. Ce sont des épées pliées et neutralisées, que l’on retrouve dans des tombes ou sur des lieux sacrés. Le travail est réalisé par un forgeron, il ne pourrait pas l’être à la main." La coutume est saisissante, et notamment un exemplaire, présenté dans la première vitrine, d’une étonnante épée pliée plusieurs fois sur elle-même, avec son fourreau !
Dans l’expo, on découvre aussi un casque gaulois dans un état de conservation impressionnant. Une très belle épée provenant du Bois du Grand Bon Dieu à Thuin, également, ainsi qu’une ceinture en bronze et des balles de fronde.

L’exposition nous en dévoile davantage sur ces peuples de l’époque mais démontre également que les peuples belges avaient bien plus en commun que certains peuvent le prétendre, et ce bien avant 1830. A découvrir d’ici le 12 novembre.
Musée du Malgré-Tout, rue de la Gare à Treignes. Du lun au ven de 9h30 à 17h30 et le w-e de 10h30 à 18h. 060/390 243. www.museedumalgretout.be