Somzée: inculpé d'assassinat mais laissé en liberté
Lundi matin, Gérard Henrivaux a abattu sa femme gravement malade de plusieurs coups de feu. Il a ensuite retourné l'arme contre lui mais a survécu.
Publié le 30-03-2023 à 18h06 - Mis à jour le 30-03-2023 à 18h07
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"Personnellement, je ne le juge pas. Je considère ce geste comme une preuve d’amour. Je pense qu’ils voulaient peut-être partir ensemble". Rencontrée dans la rue du quartier Plein Sud, non loin de la N 5, à Somzée, cette dame refuse d’accabler Gérard Henrivaux pour son geste. Lundi matin, peu après 9 h, Cet homme de 75 ans a fait feu à plusieurs reprises sur son épouse, Collette, avant d’essayer de se donner la mort. La scène s’est déroulée au n° 44, du quartier Plein Sud, dans une jolie villa blanche entourée d’arbustes d’ornements et d’un gazon bien entretenu. Ce n’est que ce mercredi soir que le parquet a révélé les faits par le biais d’un communiqué.
Cet espace résidentiel en forme de U respire pourtant la tranquillité. Ce jeudi matin, la seule activité visible se limite à une rare voiture qui se gare devant une habitation. Le site est arboré et propret. Au vu des nombreux autocollants sur les boîtes aux lettres, les résidents adhèrent à un Partenariat Local de Prévention avec la police locale pour assurer la prévention contre les vols.
Il retourne l’arme contre lui
Les habitants ont d’autant plus été surpris, lundi matin, quand ils ont constaté la présence des forces de l’ordre et de pompiers en face du n° 44. Gérard Henrivaux, dessinateur d’architecture à la retraite, venait d’y commettre l’irréparable en abattant sa femme avec qui il était marié depuis plus de 50 ans, avant de retourner l’arme contre lui. À l’étage, les sauveteurs ont trouvé le corps sans vie de Collette, née en 1947, ainsi que son mari, gravement blessé. Il avait laissé une lettre d’adieu. Les pompiers l’ont évacué par une fenêtre depuis l’étage de l’habitation, avant de le transférer vers un hôpital carolo. Mercredi, il a toutefois pu être entendu par les enquêteurs.
Et ce jeudi après-midi, le juge d’instruction a à son tour entendu le suspect toujours hospitalisé. Selon le parquet de Namur, Il reconnaît avoir tiré avec une arme à feu sur son épouse, avec l’intention de donner la mort.
"Il reconnaît donc à tout le moins un meurtre", explique le magistrat de presse Étienne Gaublomme. Il justifie son acte par l’état de santé très dégradé de son épouse. Il a tenté de se suicider après avoir tué sa femme. Le suspect a été inculpé d’assassinat, mais laissé en liberté moyennant le respect de certaines conditions. Ceci, au vu du contexte particulier des faits, et de son état de santé.
De fait, l’épouse de Gérard Henrivaux, Colette, était très malade depuis de nombreuses années. Son époux prenait constamment soin d’elle, avec l’aide, plus récemment, d’infirmières qui passaient à domicile. Manifestement, Gérard Henrivaux aurait craqué, à bout, et souhaitait en finir avec cette situation en mettant fin aux souffrances de sa femme, avant de se suicider.
Dévoué à sa femme
Dans le quartier, personne n’ignore les difficultés auxquelles le couple était confronté. "Gérard s’occupait de Colette depuis au moins sept ans, confie cette voisine. Elle était de plus en plus malade et ne respirait qu’avec des bouteilles d’oxygène. C’était surtout elle qui ne voulait pas d’aide. Mais je voyais bien que Gérard était à bout et fatigué. Il ne sortait plus jamais. Je lui avais d’ailleurs dit qu’il devait se reposer. Je ne sais pas ce qui lui a pris. Lui qui est si gentil et serviable. La fatigue sans doute."
Montant dans sa voiture, un autre voisin est sur la même longueur d’onde. "Ce drame dans ce quartier si tranquille et chez des gens avec qui personne n’avait de problème, cela fait drôle, insiste-t-il. Au début, quand j’ai vu la police et les pompiers, j’ai cru que Colette avait fait un malaise. Puis j’ai appris les circonstances. Ce n’est pas toujours facile de comprendre ce qui se passe dans la tête des gens."
Sur place, le quartier "Plein Sud" a retrouvé sa quiétude. Seuls les scellés placés par les autorités judiciaires sur la porte blanche du n° 44 témoignent qu’un drame s’est déroulé ici.