Ulysse et Barney, deux Couvinois sur les écrans
Ulysse Carlier, Couvinois de 14 ans, multiplie les tournages et les doublages pour le cinéma. Son "cochon de salon", Barney, lui emboîte le pas !
Publié le 11-03-2023 à 06h00
Un petit grognement. Et une petite caresse en retour. Ulysse et son cochon Barney sont inséparables, depuis sept mois. L’animal a pris ses quartiers dans la maison familiale du Fond de l’Eau à Couvin, où le porcelet vit comme un coq en pâte. Dans un coin du salon, un tipi rempli de couvertures lui sert de dortoir, juste à côté d’une piscine à boules pour jouer.
Barney est un véritable animal domestique, comme un chien. "Très amitieux, très intelligent, très propre et très câlin", nous promet Aurélie Frennet, la maîtresse de maison. Convaincue que cet animal mérite une place dans une maison au même titre qu’un bon vieux toutou, elle a créé un compte Instagram au nom du cochon, de manière à le démontrer.
C’est là que des photographes ont repéré l’animal et l’ont sollicité pour quelques poses. "J’ai mis ces photos sur l’Instagram de Barney et nous avons été approchés par Gaétan Doppagne, dresseur pour le cinéma. Il cherchait un cochon domestiqué pour un film, nous explique-t-elle. Il est venu voir Barney, qui a été engagé !"
Le cochon couvinois a dès lors eu le privilège de tourner dans la série Pamela rose, aux côtés de Kad Merad et Olivier Baroux. Une carrière cinématographique qui débute sur les chapeaux de roue !
Sur les traces de son maître
Dans les bras d’Ulysse, 14 ans, on sent qu’un amour inconditionnel les unit. Aucune jalousie entre eux, bien que ce soit l’adolescent, au départ, que nous venions rencontrer. Le garçon aussi fait son cinéma, depuis quelques années déjà.
"Je faisais du théâtre à l’académie, nous explique-t-il. Puis maman m’a suggéré de me proposer comme figurant pour le tournage d’un film, à Mariembourg." Ulysse, alors âgé d’une dizaine d’années, est repris, pour camper un enfant juif en fuite vers l’Angleterre, dans "Le Chemin du bonheur".
"J’ai tout de suite accroché. En fin de journée, j’ai dit à maman que je ne voulais pas être figurant, mais être à la place de l’enfant caché, le héros…"
Mère et fils se sont mis en quête d’autres appels à la figuration, pour prolonger l’expérience cinématographique: "J’ai fait quelques figurations, puis des silhouettes, puis des silhouettes parlantes et enfin des petits rôles."
Depuis, les castings se succèdent: "Je dépose ma candidature, avec un C.V. artistique que nous avons réalisé. Si je suis retenu, je participe au casting. De là, on peut me rappeler pour un"call-back". Et si je suis retenu, le rôle est pour moi !"
Ce dimanche, les téléspectateurs pourront le découvrir dans la troisième saison de la série Ennemi public. Mais on peut aussi observer son visage dans certaines publicités. Ce job, Ulysse l’affectionne au point de s’être inscrit dans des humanités artistiques à Philippeville, dans l’espoir de poursuivre dans une école supérieure d’art par la suite.
Doubler, autant que jouer
Mais son avenir, il ne l’envisage pas nécessairement comme acteur. "Un jour, on m’a demandé de figurer un garçon pour un jeu de découverte de la ville de Tournai. J’ai dû jouer devant un écran vert, une artiste a ensuite dessiné ma silhouette pour m’incruster, en dessin, dans des images de la ville, en réalité virtuelle. Le deuxième jour, j’ai dû enregistrer des voix"off". C’est là que j’ai découvert le doublage. J’avais trois pages de textes à étudier."
Avec l’aide de maman, Ulysse a avalé sa leçon et a semble-t-il convaincu les réalisateurs du jeu: "A la fin, ils m’ont donné des numéros de contact dans ce milieu. Depuis, j’ai pu réaliser des doublages pour les plus grandes licences. J’ai participé à une vingtaine de projets depuis avril ! C’est assez chouette: on est là sans que les gens ne le sachent, en fait… C’est cool de donner une personnalité à un personnage, avec sa voix."

En studio, Ulysse commence par visionner une séquence, appelée "boucle". Puis il lit le texte, s’en imprègne et revisionne la boucle en disant son texte au micro. Tout le projet est dès lors l’assemblage de ces boucles, les unes derrière les autres.
"Pour qu’il puisse participer à tous ces tournages et enregistrements, je dois parfois demander une autorisation à son école et à la Fédération Wallonie Bruxelles pour manquer les cours, nous explique Aurélie Frennet. Mais souvent, les tournages avec les enfants ont lieu le week-end ou le mercredi. Sauf les grosses productions, qui ne s’embarrassent pas trop…"
Ulysse rêve-t-il d’un César ou d’un Oscar ? "Pas nécessairement. Je suis plutôt attiré par le doublage. Et encore. J’aimerais devenir directeur artistique, pour diriger les équipes techniques et les comédiens dans les projets. Mais tous les directeurs artistiques commencent d’abord en étant comédiens…"

Quant à Barney, on l’entend grogner à l’évocation des prix les plus prestigieux. Ne pourra-t-il jamais monter les marches en costume, le cochon de salon ? Une recherche sur Internet plus tard, nous pouvons ici le rassurer: il pourrait lorgner un Patsy Award et succéder à Benji ou Lassie !
Instagram: barney_moncochondesalon et ulysse_carlier_