Un drone de la marine dans l’Eau d’Heure
La marine a réalisé un exercice particulier aux Lacs de l’Heure: une formation à l’utilisation d’un drone sous-marin REMUS, à destination de ses élèves francophones.
Publié le 10-03-2023 à 06h00
:focal(545x371.5:555x361.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/TS2JZWRLBFFMVIKNSCMG67GUDI.jpg)
En cette première semaine de mars, s’il fait un radieux soleil, c’est néanmoins un vent frisquet qui accueille tant les stagiaires du centre Adeps de Froidchapelle que le personnel de la marine qui s’y trouve en mission de formation. Mais ils y sont habitués.
Depuis plusieurs années, l’hiver marque le retour de leur "grand poisson jaune" aux Lacs de l’Eau d’Heure. C’est le REMUS (Remote Environmental Monitoring UnitS), un drone sous-marin autonome, développé en Norvège par Kongsberg Gruppen ASA. Le premier exemplaire est entré en service à la Défense en 2005. Il sert à la détection et la classification de contacts sous-marins dans des profondeurs entre 3 et 100 mètres.
Le groupe de militaires est commandé par le lieutenant de vaisseau Pieter, responsable de département expertise de lutte contre les mines à la Navy Academy à Oostende, qui nous explique leur présence: "La formation REMUS est normalement donnée au Pays-Bas et donc en néerlandais. En effet, depuis 1996, nous sommes devenus en quelque sorte une marine binationale, les cours étant répartis entre les deux pays, selon les spécialités. Ce cours REMUS se donne à bord d’un bateau de plongée à Haringvliet. Pour arriver à former les élèves francophones dans leur langue, ce qui est une question de statuts, il faut un certain nombre de candidats et cela retarde les formations. C’est pourquoi la Navy Academy a décidé de donner dorénavant le cours en français ici, à l’Eau d’Heure."
L’équipe VSW (very shallow waters/eaux peu profondes) a son entraînement hivernal annuel à Froidchapelle et connaît donc bien les lieux. Ces exercices se déroulent en hiver car il n’est pas possible de les organiser pendant la saison touristique, pour des raisons de sécurité évidentes.
Avec l’aide de la base de Florennes
"À partir de cette année, ce n’est plus seulement un entraînement, mais c’est une semaine de formation qui est donnée ici, ajoute le lieutenant Pieter. Elle est rendue possible par l’excellente coopération avec la base de la composante aérienne du 2e Wing Tactique à Florennes. Les marins logent à la base et s’y restaurent, et le soutien logistique qu’on leur y apporte est grandement apprécié."
Au bord du lac, l’équipe prépare son REMUS à l’abri du hangar à dériveurs. Il faut programmer le drone pour qu’il parcoure avec précision la zone. Et qu’il refasse surface exactement où il faut. Programmation terminée, l’engin est apporté vers le ponton de la mise à l’eau. Un Zodiac l’y attend, ainsi qu’un autre appareil de mesure et une station de contrôle.
C’est le moment de la mise à l’eau. Tout le monde observe le "poisson" se diriger vers sa zone de mission, puis plonger et disparaître. Pour le suivre, il faut scruter un écran de contrôle.
Mission accomplie, après en avoir transmis les données, le drone refait surface et rejoint le ponton, où l’attend un duo de récupération. Ensuite c’est le retour au hangar et l’analyse des données reçues.
Un drone multi-usages
Mais à part reconnaître les fonds du lac, à quoi sert-il ? "Il y a plusieurs types de missions. Des opérations de lutte anti-mines en eaux peu profondes, là où un navire de lutte anti-mines ne saurait aller. La protection des routes portuaires et des approches – l’actualité récente nous a rappelé l’importance de protéger nos capacités économiques sous-marines ; cette réalisation des Route Survey est une tâche très importante en temps de paix. On peut aussi établir des cartes hydrographiques (bathymétrie), utiles aussi pour les opérations navales. Etc. C’est un instrument polyvalent au service de la nation."
Pour accomplir le plan STAR, d’ici à 2030, la marine devrait ouvrir un bon millier de postes de travail, tant d’active que de réserve. Pouvoir former dans les bons délais le personnel francophone est un élément important pour la réalisation de cette croissance, qui est nécessaire pour équiper toutes les nouvelles capacités en cours de construction.
L’inauguration de ce cours à Froidchapelle est un nouveau chapitre de la riche histoire de la marine, nous rapporte le Premier maître Jean-Michel D., de la Défense.