Momignies: des anciens de l’Heureux Abri disent adieu à "leur" bâtiment
Alors que débute le chantier de démolition du bâtiment historique de l’Heureux Abri, les anciens se sont rassemblés devant "leur" ancienne maison.
Publié le 06-03-2023 à 14h32 - Mis à jour le 06-03-2023 à 15h16
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Les premiers coups de pelle en vue de la démolition du bâtiment centenaire de l’Heureux abri sont pour beaucoup synonyme de soulagement, le chancre de l’ancien internat étant devenu au fil des ans un coup de poing dans le paysage momignien.
Pour les anciens de l’Heureux Abri, élèves ou enseignants, la disparition programmée de l’immeuble, qui fut comme leur maison, suscite plutôt de la nostalgie : "C’est un peu comme une partie de moi qui s’en va", nous dit un ancien pensionnaire. Initié sur la page Facebook qui rassemble les anciens de l’établissement, un moment de retrouvailles a rassemblé une centaine de personnes dans leur ancienne cour de récréation, déjà défigurée par le chantier : "C’est fou comme cela a déjà changé, sans les préaux ou les arbres", commentait une enseignante de l’école secondaire.
Le corps enseignant et éducatif, passé ou actuel, a tenu à accueillir dignement leurs anciens enfants, venus parfois de très loin pour l’occasion, même si leur passage par l’institution remonte lui aussi à plusieurs décennies. Un café et quelques pâtisseries permettaient à chacun de braver la bise glaciale qui traversait la cour.
Si la visite de la vieille bâtisse n’était pas possible pour des raisons évidentes de sécurité, tous ont pris du plaisir à se remémorer les bons et moins bons moments vécus dans ses couloirs, étages et dortoirs. Au vu de la mobilisation, il en fait aucun doute que la tranche de vie passée au sein de ces murs est indélébile : "C’est un peu notre famille ici. C’était notre chez nous".
Pascal (interne de 1973 à 1980) : « On aurait pu le maintenir à flot »

« Si on revient, c’est que les souvenirs sont bons. Les éducateurs, les professeurs, oui, le souvenir est plutôt bon, se remémore Pascal, qui y fut interne dès l’âge de 10 ans, entre 1973 et 1980. C’est un peu dommage, on aurait pu le maintenir à flot, ce bâtiment. Mais il faut aller de l’avant, c’est sûr. »
Daniel (ancien directeur) : entre soulagement et émotion

Daniel a fait toute sa carrière à l’Heureux Abri : « Je suis arrivé à 20 ans comme professeur d’éducation physique. En 2006, j’ai repris la direction de l’école secondaire, jusqu’à être admis à la pension. » Les sentiments de celui qui est aujourd’hui président de l’ASBL sont partagés : « C’est un soulagement de voir ce dossier avancer. Mais c’est un pan d’histoire qui s’en va. »
Jacques (élève dès 1974) : « Cette école m’a sauvé »

Jacques a 11 ans quand il arrive à l’Heureux Abri, en 1974 : « Mon père ne s’occupait pas de moi. Quand je suis arrivé, je crevais de faim. J’ai été vraiment bien accueilli, c’était parfait, dit-il avec émotion. J’ai pu devenir quelqu’un ici, j’ai appris mon métier, la menuiserie. Cette école, elle m’a sauvé. »
Nathalie (pensionnaire de 1984 à 1994): « C’était mon cocon »

«Je devais être là aujourd’hui, explique Nathalie, pensionnaire à l’Heureux Abri entre 1984 et 1994. J’ai tout fait ici. C’était mon cocon. J’étais perturbée quand j’ai dû quitter. C’est ma maison, ma famille, mes frères et mes sœurs.»