Nismes: le terroir veut court-circuiter la conjoncture
Le circuit court et le bio semblent en difficulté actuellement. Mais le succès du premier marché du terroir de Nismes ce samedi ragaillardit les producteurs locaux.
Publié le 05-03-2023 à 16h00 - Mis à jour le 05-03-2023 à 22h29
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Unmarché qui a du sens. C’est par cette définition que le bourgmestre de Viroinval, Baudouin Schellen, a inauguré la onzième saison du marché du terroir de Nismes, samedi. Un premier rendez-vous qui a attiré pas mal de monde, malgré un froid de canard…
"C’est un plaisir d’accueillir à Viroinval, grâce au parc naturel, des gens qui se lèvent tôt le matin pour nous proposer leur production. Ils vivent de leur passion et nous permettent une consommation plus raisonnable et plus réfléchie", a-t-il poursuivi.
Des temps difficiles
Cette nouvelle saison du marché bimensuel débute dans un climat particulier. Après plusieurs années d’essor, le circuit court et le bio traversent aujourd’hui des moments plus compliqués.
Parmi la vingtaine d’étals installés sur la place de Châtillon, Laurie Dumont, maraîchère de Merlemont, abandonne ses fruits et légumes quelques instants pour nous confier la difficulté à fidéliser le public: "J’ai démarré Les Jardins de Laurie en 2020, avec la pandémie, explique-t-elle. J’ai eu énormément de clients la première année. Mais depuis la reprise, les ventes ont fortement chuté, d’environ 50%. Je pense que pendant le confinement, les gens avaient plus de temps pour faire leurs courses. Venir chez moi, c’était acheter en plein air, dans un endroit où il y avait moins de monde…"
Après ce coup d’arrêt du déconfinement, le chiffre d’affaires 2022 a repris un peu de poil de la bête, mais de façon plutôt limitée et à la faveur d’une augmentation de la production: "Il faut que les mentalités changent et que les gens se rendent compte, par exemple, que ce que je produis, sans pesticide et en circuit court, n’est pas forcément plus cher que dans les supermarchés."
Laurie Dumont a en effet décidé de ne pas chercher la certification en bio. "Je n’utilise aucun produit, mais je ne suis pas certifiée. Je travaille sur sept parcelles différentes, ce qui m’imposerait des frais d’analyse et de certification bien trop importants. Mais du coup, en pleine production, je peux avoir des prix équivalents voire moins chers que ceux de la grande distribution puisque je fais l’économie de ces certifications et des transports internationaux des filières classiques."
Pour vendre, un marché comme celui de Nismes est indispensable: "Je multiplie les points de vente. Chez moi deux fois par semaine, puis à Nismes et à Fontenelle."
Une présence importante
C’est l’un des soucis des producteurs: assurer la production et la vente, de concert. "C’est un challenge en effet", nous confie Jean-Hubert Tricart, producteur d’ail à Arleux, près de Valenciennes. Avec son frère Frédéric, il propose ce produit inédit chez nous, en arborant avec une fierté légitime une indication géographie protégée. "Il faut assurer la production, mais la présence sur le marché est importante. On peut y établir un contact avec le client bien plus facilement que dans la grande distribution." Lui aussi a constaté une baisse de clientèle en quête de circuit court: "Les gens ont repris leurs habitudes et, par facilité, ils se rendent en grande surface. Dans un marché, on retrouve généralement un public plus âgé, qui prend le temps de chercher des produits de qualité pour une cuisine parfois plus raffinée."
En ce sens, le marché de Nismes remplit son rôle de soutien aux producteurs et artisans locaux, parallèlement au travail d’acteurs comme CoopESEM.
"Chaque année, nous clôturons la saison par un débriefing avec les producteurs. Le bureau du marché, composé de trois artisans, de l’échevin du Commerce et du président du parc naturel, se charge ensuite de mettre en place les améliorations qui ont été concertées, explique Arielle Guillaume, chargée de mission au parc naturel Viroin Hermeton. Pour 2023, nous avons décidé d’acquérir deux tables et quatre bancs, pour permettre aux visiteurs de s’asseoir et de déguster des produits de bouche vendus par les producteurs." Les marchés ont lieu les 1ers et 3es samedis de chaque mois, jusqu’à novembre, de 9h à 13h, sur la place de Châtillon.
À Nismes, mais plus à Couvin ni Philippeville
Par contre, les marchés mis en place l’an dernier à Mariembourg et à Philippeville ne sont pas relancés pour l’instant. "Les communes concernées ne se sont pas manifestées pour une relance de l’initiative." À Couvin, le projet d’aménagement d’un espace de vente de produits locaux dans les Halles avance, vaille que vaille. "Les marchés ont été attribués et nous attendons le feu vert de la Région wallonne pour lancer les travaux, nous l’espérons en septembre", annonce Régis Marée, en charge du dossier au sein de l’administration couvinoise. Le coût du projet est estimé à 1,074 million, dont 680 974 seront financés par des subsides.
À Nismes, différentes initiatives seront mises sur pied parallèlement à ce marché, en soutien au secteur.
Ce lundi 6 mars, à 19h30, une conférence sur le maillage écologique et les prairies permanentes dans la nouvelle PAC sera organisée à la maison du parc naturel (gratuit, mais s’inscrire au 0473/17 39 86).
Le 15 avril, un sentier "Dessine-moi une balade" sera inauguré au départ du marché du terroir, à 13h. Il s’agit d’un parcours de 4 km dédié à la pratique du croquis et du dessin, avec des points de vue spécifiquement adaptés pour cette activité.
Le parc naturel cherche un citoyen pour compléter le bureau du marché. Infos: 060 39 17 90.