Rififi autour de la présidence du PS de Thudinie: suspicions de malversations
Bourgmestre d’Anderlues et candidate à sa réélection à la présidence de la fédé PS de Thuin, Virginie Gonzalez est accusée de fautes de gestion.
Publié le 02-03-2023 à 06h00 - Mis à jour le 02-03-2023 à 07h32
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Dans une semaine, les militants PS sont appelés aux urnes pour renouveler les instances de leurs organes de direction internes, à tous les échelons du parti. À la fédération de Thuin, la candidature de Virginie Gonzalez, présidente sortante et bourgmestre d’Anderlues, souffle le chaud et le froid. Au-delà de la situation surréaliste qui est celle de sa majorité PS (minorisée) à Anderlues, au-delà de l’ouverture d’une instruction judiciaire pour des suspicions de malversations commises notamment par son compagnon, le député fédéral Philippe Tison que la commission de vigilance du PS a suspendu le 21 juin 2021, l’ancienne députée régionale se voit accusée de négligences dans la gestion financière de sa section locale PS dont elle a été trésorière de 2011 à 2020.
Selon des documents que l’Avenir a pu se procurer, il apparaît qu’elle a agi au mépris des statuts de cette section. Elle était en effet tenue de soumettre les comptes à l’examen de deux vérificateurs. Et de faire approuver ces comptes par l’assemblée générale. Ce qui n’a jamais été fait pendant au moins huit ans. Deux manquements qui amènent à poser une question toute simple: est-elle dès lors en capacité de se représenter à sa succession à la tête de la fédé PS ? L’intéressée l’assure: "Au cours de mon premier mandat, j’ai accompli un travail de reconstruction en profondeur de l’action commune socialiste. Un travail que j’entends achever, comme le renforcement des liens avec Charleroi."
Des comptes "en confiance"
Virginie Gonzalez a mené activement campagne pour cela. Elle n’a manqué aucun événement du PS: vœux, soirées, congrès, fêtes, elle s’est montrée partout. Mais contrairement à sa précédente élection interne en 2019, la candidate n’est plus seule à briguer la présidence de la fédé de Thuin. Elle sera opposée à Jean-Philippe Goffin, échevin à Merbes-le-Château.
Pourquoi n’a-t-elle pas présenté les comptes de son Union socialiste communale à l’assemblée générale des membres entre 2011 et 2018 ? "À l’époque, on travaillait en confiance", assure-t-elle, en insistant sur "l’exactitude des écritures". Comment la croire autrement que sur parole puisque ces comptes ne sont connus que d’elle-même et on le suppose de son comité directeur ? S’ils ont été ratifiés en décembre 2020 pour l’exercice 2019, c’est-à-dire trois mois après le dépôt du dossier au pénal, c’est à la faveur d’une assemblée générale… distancielle, en plein Covid. "Il ne nous a pas été permis alors de poser des questions ni de consulter les justificatifs", déplore un échevin PS dissident d’Anderlues. De fait: le seul document comptable présenté à l’approbation de l’assemblée se résume à trois pages sommaires avec deux lignes de recettes et quatre postes de dépenses. Au total, les recettes ont représenté 18 877 euros, provenant pour 8 406 des cotisations des affiliés, et pour 10 470,5 de la rétrocession partielle des contributions (10% de leurs indemnités brutes prélevés sur le net) payées par les mandataires actifs (le collège communal était composé de sept élus PS, Anderlues comptait aussi une députée socialiste, en l’occurrence Virginie Gonzalez) à l’ASBL FONSOC, le bras financier du parti socialiste. Pas de relevés bancaires pour accompagner cette "comptabilité".
En extrapolant sur huit ans, on peut estimer le montant total des recettes entre 120 et 150 000 euros. Quels ont été les mouvements financiers ? Y a-t-il eu des contrôles et des validations ? À quel financement a servi cet argent ? Pas de comptes certifiés, pas de doubles vérificateurs, pas de rapport budgétaire ni financier, tout cela au mépris des statuts du parti.
Virginie Gonzalez rappelle qu’elle n’était pas seule à gérer l’USC à l’époque où elle en était trésorière. "Il y avait un président et un secrétaire". C’est exact. Quatre des six élus sécessionnistes du PS d’Anderlues disent avoir informé personnellement leur président national, Paul Magnette, de l’existence de ces pratiques. Le parti socialiste n’a jamais été saisi officiellement d’une plainte, selon son porte-parole. "Statutairement, les sections sont autonomes, rappelle-t-il. Le PS national n’a pas d’accès, ni de vue, sur les comptes des sections ni des USC."
Des fausses affiliations ?
Dans la même note à l’intention du président, ces "lanceurs d’alerte" selon leur qualification faisaient aussi état de fausses affiliations au sein de la section d’Anderlues. Avec à une certaine époque plus de 600 membres effectifs sur une population de 12 000 habitants, cette dernière pouvait se prévaloir de compter cinq fois plus d’affiliés que celle de Charleroi. Peu crédible aux yeux de responsables carolos que nous avons consultés. Un moyen pour l’USC d’Anderlues de gonfler artificiellement son poids au sein de la fédé PS de Thuin, afin d’avantager un candidat ? Ou plus précisément une candidate ? C’est la thèse défendue par les dissidents.
Virginie Gonzalez indique que les militants qui font le choix de ne plus cotiser n’en informent pas toujours les organes du parti. En tout cas, la rédaction de l’Avenir a pu lire des déclarations et témoignages de membres étonnés de figurer encore sur les listes du PS d’Anderlues, qu’ils ont quitté ou ne fréquentent plus.
Comme nous l’a confirmé le porte-parole du PS, le nombre de membres en ordre de cotisation a fortement diminué à Anderlues, pour rejoindre les chiffres de l’USC de Thuin. Il est aujourd’hui de 251. Contre, rappelons-le, plus de 600 voici quatre ans.