Chimay: une pollution au mazout affecte l'Eau Blanche et le parc du prince
L'origine de la fuite est une cuve à mazout de chauffage, qui a été l'objet d'un cambriolage, à hauteur du Moulin Henrot.
Publié le 02-03-2023 à 19h00
À Chimay, au pied du château, à hauteur du pont de la rue Saint-Nicolas, des taches irisées dansent sur les remous de l’Eau Blanche en ce jeudi matin. Une odeur de mazout flotte dans l’air. Une voiture des pompiers de Chimay est sur place, de même que des ouvriers communaux, deux policiers de la zone Botha et des représentants du château. L’échevine Jocelyne Van Tongelen est également sur les lieux pour constater une pollution de l’Eau Blanche aux hydrocarbures dont l’origine était encore inconnue à cette heure-là. En urgence, les pompiers ont placé un boudin blanc en travers du cours d’eau, ce qui n’empêche pas du mazout de poursuivre en aval, formant une pellicule grasse sur la surface.
Mesures de précaution prises par la Ville
Par précaution, la Commune de Chimay a interdit le prélèvement de l’eau de source à proximité du Moulin Henrot, ainsi que l’interdiction d’utiliser l’eau pompée par les agriculteurs pour leurs animaux, à hauteur de la pompe de relevage au centre de Lompret.
"J’ai constaté cette pollution vers 9h du matin, explique Alain Thiry, le garde-chasse assermenté du parc du Prince de Chimay. J’ai aussitôt appelé SOS Pollution, la Commune, les pompiers. L’odeur de mazout était alors beaucoup plus forte et les taches plus visibles."
Dans le courant de la matinée, l’origine de cette pollution a été trouvée: une cuve à mazout de chauffage qui fuit sur le site du Moulin Henrot. Il semble que, pendant la nuit, un cambriolage a eu lieu à cet endroit. Les voleurs ont notamment subtilisé les tuyaux de cuivre de la citerne après les avoir coupés, ce qui a provoqué une fuite. Les hydrocarbures ont ainsi rejoint l’Eau Blanche toute proche.
Assistante des Princes de Chimay, Anne Deroover déplore cette nouvelle pollution. "C’est bien la 5 ou 6 fois que nous subissons des problèmes de ce type, insiste-t-elle. Voici quelque temps, un camion-citerne s’était renversé au rond-point dit de la cuve à l’entrée de Chimay. Une partie de son contenu s’était déjà retrouvée dans l’Eau Blanche via le réseau d’égouttage. Dans le parc, en face de la caserne des pompiers, une sortie d’égout pollue un ru qui se jette ensuite dans l’Eau Blanche. Mais quand nous contactons l’intercommunale responsable, elle nous répond que cela ne figure pas sur ses cartes. Et la Ville assure ne pas être compétente. Il y a un problème: même les eaux d’égout du château finissent directement dans la rivière, si bien que nous n’utilisons plus que des produits d’hygiène et de nettoyage biodégradables."
Le prince de Chimay rappelle un autre fait: le déversement accidentel d’une substance chimique dans l’Eau Blanche lors de la construction d’un bassin de décantation au bas de la rue Saint-Nicolas. "Nous avions retrouvé de nombreuses truites et poissons le ventre en l’air", se souvient-il.
Des efforts pour l’environnement
Les occupants du château sont d’autant plus affectés par ces pollutions à répétition qu’ils mènent une politique volontariste pour préserver, voire restaurer, la faune et la flore dans le parc du Prince traversé par l’Eau Blanche.
"Nous avons replanté un verger avec des variétés anciennes remontant au Moyen Âge et des plants d’arbres un peu partout sur le site, souligne Anne Derrover. Nous y avons aussi créé un vaste enclos pour des ânes sauvés de la boucherie et nous avons installé des ruches avec l’espèce indigène: l’abeille noire. Le site est un véritable refuge pour les buses, les aigrettes, les cincles plongeurs, les canards et bien d’autres oiseaux. Dans ce contexte, il est désespérant de voir l’Eau Blanche régulièrement polluée."