Grand feu à Barbençon: un dernier voyage chahuté pour le "Bollomme" (photos)
Le grand feu de Barbençon a été accompagné du grand feu du ciel, le soleil étant de la partie pour contrecarrer le vent glacial qui n’a pas freiné la foule
Publié le 27-02-2023 à 11h44 - Mis à jour le 27-02-2023 à 11h48
Ce week-end, de nombreux villages étaient le théâtre d’un grand feu. Souvent réalisé à partir d’un gros tas de paille, de bois et de sapins de Noël récoltés depuis quelques semaines par la jeunesse ou tout autre comité. Barbençon n’échappe pas à la règle mais avec une touche personnelle que nulle part ailleurs on n’a la chance de découvrir: le dernier voyage tourmenté du Bonhomme Hiver.
"Bollomme" Hiver
Les préparatifs de ce voyage vers le bûcher ont déjà commencé depuis quelques jours mais c’est ce dimanche que tout allait se décider. Dès l’aube, la jeunesse locale et ses éternels jeunes s’affairent aux derniers préparatifs et surtout se préparent eux-mêmes à coup de quelques rendez-vous où le petit-lait n’est pas de mise.
Début d’après-midi, le convoi se met en marche. Et c’est là que Barbençon se distingue de tout autre grand feu, au point d’avoir été reconnu comme chef-d’œuvre du patrimoine oral et immatériel de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Il s’agit de la dernière balade du Bonhomme Hiver, qu’en langage local on désigne par "Bollomme Hiver". Bien installé au-dessus des fagots et des ballots de paille chargés sur un vieux char à bandage métallique, le malheureux représentant des frimas hivernaux voit son voyage progresser avec mille et une difficultés.
Saqueux, astoqueux, destoqueux !
Des difficultés, car ce serait trop simple de voir les "saqueux" (tireurs) s’évertuer à se grouper autour d’une longue chaîne pour faire avancer le fameux char. Des " saqueux" qui sont rejoints rapidement par bon nombre d’enfants comme par les volontaires de tout poil, trop heureux de participer au folklore et qui devront vaincre un dénivelé parfois d’importance.
Trop simple, aussi et surtout, car autour du char, se retrouvent les "astoqueux", en principe les mariés de la localité qui prennent un malin plaisir à placer de grosses cales en bois devant les roues, avec le but avoué d’empêcher la progression du convoi. Et pour couronner le tout, interviennent alors des "destoqueux" avec mission d’essayer d’enlever les fameuses cales. Tout cela sous l’œil de la sécurité, infirmiers et infirmières suivant le convoi surtout… pour assurer l’intendance "péket"…
Grand feu
Après bien des heures d’efforts, compensés par quelques arrêts, question de se réapprovisionner en houblon, et le convoi arrive sur les hauteurs du village où la foule se fait de plus en plus nombreuse, le plein soleil jouant son rôle de recruteur. Pour le fameux Bollomme, les minutes sont comptées. Le temps de l’installer tout en haut du bûcher et ce sont aux derniers mariés, Émilie et David d’une part, et Marie et Mathieu d’autre part, de craquer l’allumette fatale. Les longues flammes embrasent le tas de paille et de bois pour éclairer la nuit noire. Moment de grande joie puisqu’on a eu la peau de l’hiver. C’est alors que tous encerclent le grand feu pour exécuter la danse des 7 sauts, qui met un terme à ce folklore qu’on ne rencontre qu’à Barbençon.