Un peu de nature et beaucoup de gestion pour la relance des Lacs de l’Eau d’Heure
Cinq ans après la mise en cause de la gouvernance du site des Lacs, les finances se sont assainies et l’ASBL est dotée d’une nouvelle ligne de conduite.
Publié le 22-02-2023 à 18h07 - Mis à jour le 23-02-2023 à 10h38
Il aura fallu cinq ans pour réorganiser la structure, assainir ses finances et lui trouver de nouveaux objectifs, moins dépendant des fonds publics et plus porteurs pour le développement économique du site et de la région.
"Avec 40 millions d’investissements publics, 200 millions pour le privé, 1,3 million de visiteurs et 300 000 nuitées annuels (146 000 si l’on inclut les gîtes et maisons d’hôtes de Froidchapelle et Cerfontaine), les Lacs constituent désormais un écosystème favorable à l’implantation des acteurs économiques" constate Omar Marhoui, président de l’ASBL des Lacs de l’Eau d’Heure. Mise en cause dans sa gouvernance en 2018, celle-ci relève la tête et se dote d’un slogan "Destination 2025" qui évoque à la fois ses 20 ans qu’elle célébrera en 2025, et l’objectif de réalisation des ambitions exprimées dans le nouveau contrat de gestion qui la lie à la région wallonne.
La ministre du tourisme Valérie De Bue, accompagnée du ministre du budget Adrien Dolimont, sont venus réaffirmer à Froidchapelle toute l’importance qu’accorde le gouvernement wallon à ce site phare de leur stratégie pour faire de la Wallonie une véritable destination de vacances. "Pour cela, il faut augmenter les séjours et les dépenses des touristes, souligne la ministre. Cela passe par le patrimoine et la convivialité, mais aussi par la nature, devenue très importante pour les touristes. Et les Lacs sont une porte d’entrée du Parc National de l’Entre-Sambre-et-Meuse".
Depuis trois ans, le commissariat au tourisme a œuvré avec l’ASBL à redéfinir le cadre, la stratégie et le budget à l’horizon 2023-2027. "Chaque année, l’ASBL devra faire rapport au gouvernement de l’évolution de ce qui est défini dans le contrat de gestion" ajoute-t-elle.
//www.ultimedia.com/default/index/videogeneric/id/q85krlk/showtitle/1/viewnc/1/mdtk/01635800/zone/1
Trois axes pour une stratégie
Pour augmenter l’attractivité et redéployer le site à sa juste valeur, trois axes sont définis: miser sur l’aspect nature dans l’ensemble des communications du site, spécialiser chaque lac dans un type d’activité, restructurer l’organisation autour de ses différents métiers (gestion pratique, promotion, vue stratégique). Concrètement, "on ne bétonne plus" explique Omar Marhoui, "mais, en matière d’hébergement notamment, on souhaite diversifier l’offre pour un plus large public que celui, traditionnel, familial".
10 millions du Plan de relance
Ce nouveau contrat de gestion pourra bénéficier du plan de relance de la Wallonie. Le gouvernement wallon a ainsi dédicacé une dizaine de millions pour deux fiches-projets qui doivent repositionner les Lacs comme attraction majeure. Il y a d’une part 1,1 million pour construire la nouvelle image des Lacs. D’autre part, 9 millions sont consacrés à la restructuration de l’espace et l’amélioration des infrastructures d’accueil. Dans ce cadre, une première action, pour un coût de 1,5 million, sera, dès cette année, de lancer la rénovation du bâtiment de Falemprise, dont la gestion sera confiée à un partenaire privé. Vient se greffer là-dessus la mise au point d’une communication (logo, signalétique, charte graphique…), pour 500 000 €, qui doit guider la réorganisation des espaces. Le CGT pour sa part, dégage un budget de 800 000 € pour aménager les parkings payants autour de chaque lac, des aires pour motorhomes (à Falemprise et près de l’Aquacentre), et un théâtre de verdure assortie d’une "scène" sur l’eau entre le Natura parc et le centre d’accueil, ceci en collaboration avec le groupe Golden Lakes.
Falemprise pour un jour
D’ici 2025, il faudra donc spécialiser les lacs. Le plus gros défi sera de rendre sa quiétude à la Plate Taille en poussant les touristes d’un jour à fréquenter plutôt Falemprise où ils trouveront une plage avec une plus grande zone de baignade, un bassin pour enfants, des jeux, espaces barbecue et pique-nique, aires pour motorhomes… Ce sera aussi le seul endroit où le parking restera gratuit, les autres lacs se dotant d’un système payant semblable à celui en vigueur depuis cette année à la Plate Taille. Enfin, parce que le problème devient récurrent, pour éviter de fermer l’espace de baignade, un grand jet d’eau au milieu du lac devrait permettre d’oxygéner l’eau et empêcher ainsi la formation de cyanobactéries nocives pour l’humain et l’animal.

De l’hébergement insolite
Les trois autres lacs verront aussi leurs spécificités renforcées, avec l’espoir pour l’ASBL des lacs de voir des partenaires privés s’y investir. Ainsi, on imagine des hébergements insolites liés à la pratique de la pêche au Ri Jaune, des espaces "glamping" ou des cabanes dans les arbres près du club de motonautisme au lac de l’Eau d’Heure. Le lac de Féronval, lui, gardera son image "fun – aventure" construite autour du téléski nautique.
L’Aquacentre reste fermé

Seuls points sombres dans ce redéploiement du site: le centre équestre reste désespérément vide, et l’Aquacentre tout aussi désespérément fermé. "Pour le centre équestre, on cherche toujours un gestionnaire privé" explique le président de l’ASBL, espérant que les nouvelles perspectives attireront davantage. Faute de cela, il faudrait envisager une réaffectation, et donc un nouveau permis, une procédure qui s’annoncerait longue et délicate. Quant à l‘Aquacentre, entre la réparation en profondeur du bassin et la rénovation énergétique de son enveloppe, un bureau d’études planche sur la question tandis que l’ASBL envisage de céder la gestion de l’infrastructure à un opérateur privé. Autant dire qu’on ne bullera pas à l’Aquacentre ce prochain été.