Le bio marche moins, Vracstore, à Mariembourg, se lance dans des fleurs… solidaires
Le Vracstore de Mariembourg a vu ses ventes chuter. Son personnel réagit, en proposant des fleurs dans des contenants de la Croix-Rouge.
Publié le 28-01-2023 à 06h00 - Mis à jour le 28-01-2023 à 08h01
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C’est un constat global à l’ensemble du secteur: les ventes de produits bios et du terroir ont chuté de 40% chez Vracstore à Mariembourg, depuis la pandémie qui avait pourtant recentré le public sur l’économie locale.
Comment réagir pour sauver le magasin ? C’est la question que se sont posées Delphine Lebon, la gérante, avec Noé et Carine, ses deux employées, en constatant que la survie de la boutique risquait d’être remise en question. Au cours de cette réflexion, un constat s’est imposé: les deux salariés sont toutes les deux fleuristes ! "Et parallèlement, nous avons constaté que la baisse des ventes engendrait une hausse des déchets dans les fruits et légumes, nous explique Delphine Lebon. C’était une situation inacceptable pour nous puisque nous prônons la récupération et la réutilisation pour éviter le gaspillage. Tout, dans le magasin, a été conçu avec des matériaux de récupération. Nous avons dès lors décidé de remplacer les fruits et légumes par des fleurs, du moins temporairement."
Proposer des fleurs, pourquoi pas ? Mais l’identité de Vracstore n’a pas été galvaudée pour autant. "Nous avons proposé à la Maison Croix-Rouge de Couvin-Viroinval de fournir des contenants, sur lesquels nous greffons nos montages."
Une tirelire pour la Croix-Rouge
Le principe est tout simple. Dans le magasin, un étalage propose des bibelots: vases, tasses, pots et autres. Ils viennent directement de la brocante de la Maison Croix-Rouge, à la rue du Bercet à Couvin. "Les bénévoles croulent sous les bibelots: c’est une façon de les aider à écouler tout le stock", explique Delphine Lebon.
Le client choisit l’objet qu’il voudrait offrir à la personne qui va recevoir les fleurs. Un prix figure sur ce bibelot: il suffit de verser la somme dans une tirelire, au profit de la Croix-Rouge. "C’est l’association qui fixe les prix et c’est elle qui reçoit 100% de l’argent déposé dans la boîte. Certains clients versent en effet plus que le prix réclamé. Nous avons un accord avec la Croix-Rouge nationale: le fruit de ces ventes est consacré aux besoins de la locale des Eaux vives exclusivement…"
Nous avons fait le test avec un petit vase… à 0,5 euro. Après avoir déposé l’obole dans la boîte, la fleuriste prend le relais: "Quel est votre budget pour les fleurs ?"
Partons sur une quinzaine d’euros !
Noé s’active de suite au choix des fleurs et au montage, adapté au petit récipient. L’ensemble prend forme et un papier s’impose pour entourer le bouquet. Il sera fait de papiers récupérés également ! Des journaux, du papier à tapisser, du tissu: rien n’est neuf, tout est récupéré. Après quelques minutes, elle nous tend son œuvre… enveloppée dans un journal l’Avenir, évidemment ! On ne peut que vous le conseiller, il sied parfaitement à la création florale…
Pour 11 euros, nous obtenons le bouquet, solidaire et en partie fait de récup’.
"Malheureusement, ce ne sont pas des fleurs bios, nous explique Delphine Lebon. Le prix du bio est bien trop cher. Une seule rose coûterait 12 euros. Nous passons donc par les filières traditionnelles, puisque nous n’avons pas encore trouvé de producteur en circuit court. Mais attention, nous ne proposons pas non plus autant de choix qu’un fleuriste traditionnel. Chacun son métier…"
Pas ou peu d’emballage, des contenants pouvant être apportés par le client ou acheté à la Croix-Rouge: Vracstore a revu à sa manière la création florale pour assurer sa survie. Avec, comme toujours, un concept exploité au maximum: "Nous pensons organiser des formations gratuites", annonce Delphine Lebon.
Est-ce que les fleurs sauveront le magasin ? C’est un souhait tempéré par le constat qu’elles s’avèrent nécessaires pour maintenir l’activité. Or, derrière les produits bios et circuits courts des autres étalages de Vracstore, c’est toute une économie qui rame en ce moment. Ces filières belges, souvent wallonnes, n’ont eu qu’une gloire éphémère à la faveur d’une pandémie, alors que de nombreux emplois en dépendent. En Belgique et dans notre région particulièrement.
Attention: pour déposer des contenants à la Croix-Rouge, c’est toujours à la Maison des Eaux Vives, rue du Bercet, qu’il faut s’adresser.