Bourlers: Résalience, la fin d'une expérience utile dédiée à l'autisme?
Après quatre ans de fonctionnement, le réseau Résaliance n'est plus financé par l'Union Euroépenne. Il faut trouver d'autres financements.
Publié le 15-12-2022 à 14h49 - Mis à jour le 15-12-2022 à 14h50
Face à l’autisme, parents, soignants, enseignants ou encore acteurs du monde du travail sont souvent désemparés et ne savent pas comment réagir pour prendre en charge et intégrer au mieux ces personnes dans la société. Dans ce cadre, voici quatre ans, une expérience basée sur la création d’un réseau éducatif et de sensibilisation à l’autisme a été lancé et financé, via le programme européen Interreg V. Ce projet transfrontalier est né de la coopération entra quatre partenaires: l’institut Albatros de Petite-Chapelle comme chef de file, Albatros 08 de Montcornet, le Centre Régional d’Études, d’Actions et d’Informations Grand Est et le centre de formation spécialisé en autisme de Gand (CCC). De fait, Résaliance est actif sur la Wallonie, les Ardennes françaises, la Marne, l’Aisne… L’Europe a consacré la somme de 1,4 million d’€ sur quatre ans à ce réseau.
Aider les familles
"L’objectif est avant tout de venir en aide aux personnes qui souffrent d’un trouble autistique ou à leur entourage, explique Pascal Sherpin, attaché de direction à l’Albatros et l’un des membres de l’équipe Résaliance qui compte sept personnes (pour un peu moins de deux équivalents temps plein !). Notre action est concrète. Tout d’abord, à la demande, nous nous rendons au domicile pour aider la personne concernée ou les aidants proches et mettre en place une stratégie d’accompagnement. Nous organisons également des formations pour les différents acteurs en contact avec l’autisme: sur la cognition autistique, leur alimentation, les attitudes à adopter. Cela s’adresse aux proches, aux professionnelx du médico-légal ou encore au monde enseignant. Enfin, nous travaillons à l’insertion de personnes autistes dans le monde du travail. Plusieurs ont été engagés, par exemple dans le maraîchage ou comme web designer."
Sur le site de l’Albatros-Poteaupré, à Bourlers, une "autismothèque" a aussi été créée: dotée de 750 ouvrages, outils et matériels, elle permet aux personnes confrontées à l’autisme de trouver des réponses à leurs questions ou leurs besoins.
Quatre années ont passé et l’expérience Résalience arrive à son terme. Mercredi, le bilan a été tiré au cours d’une après-midi de clôture dans les installations de l’Albatros-Poteaupré.
"En termes de chiffres, tous nos objectifs ont été atteints, insiste Pascal Sherpin. Cela traduit une importante demande de la part des familles, des institutions et des professionnels du secteur. Alors qu’avec notre petite équipe, nous avions prévu de former 300 personnes en 30 ateliers, nous en avons touché 700 pour 40 ateliers. Nous avons accompagné près de 250 familles à leur domicile et 110 personnes sont en liste d’attente. Notre autismothèque a été fréquentée par 404 visiteurs qui ont emprunté 345 articles."
Que fera l’Aviq ?
Et pourtant, malgré ces résultats démontrant l’utilité du réseau Résaliance, le programme ne sera plus financé par l’Europe à partir du 30 décembre. Il faut trouver d’autres sources de financement.
"Nous voulons poursuivre notre travail parce que les besoins sont importants et que notre réseau a fait preuve de son utilité, reprend Pascal Sherpin. Nous avons besoin de 180 000 € pour financer l’équivalent de deux équivalents temps plein et couvrir la zone de Mons, Charleroi et l’Entre-Sambre-et-Meuse. Pour ce nouveau projet, nous pourrions bénéficier des infrastructures de l’Albatros. Ce jeudi (hier), nous rencontrons l’Aviq (Agence wallonne pour une vie de qualité) pour leur présenter notre dossier et demander leur intervention financière. Sans quoi, l’expérience Résalience s’arrêtera, laissant dans l’embarras et l’angoisse de nombreuses familles."
Mercredi, un première bonne nouvelle est toutefois tombée lorsque des responsables de l’Agence Régionale de Santé (ARS) Grand Est (France) ont annoncé, à l’Albatros-Poteaupré à Bourlers, qu’ils assumeraient les coûts de fonctionnement de Résalience pour la zone des Ardennes françaises. Reste à voir ce que décidera l’Aviq côté wallon !