Berzée: plus de 900 ascensions du Mont Ventoux pour Faustino!
Originaire de Berzée, mais résident en Provence, Faustino Guidici a dépassé les 900 ascensions du Mont Ventoux à vélo. Pour ses 80 ans, il veut réaliser 1910 montées. Un phénomène !
- Publié le 11-08-2022 à 22h00
- Mis à jour le 12-08-2022 à 08h40
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Âgé de 71 ans, Faustino Guidici est assurément un personnage, un athlète, une figure dans le milieu du cyclisme. Et pour cause, ce passionné de vélo, originaire de Berzée, dans l’entité de Walcourt, enchaîne les ascensions du Mont Ventoux comme d’autres les bières fraîches en terrasse en période de canicule! Fin juin, ce grand admirateur d’Eddy Merckx avait déjà réalisé plus de 900 montées sur cette montagne de 1910 m d’altitude! Et 1910, c’est justement le nombre d’ascensions qu’il entend accomplir pour ses 80 ans. Pour atteindre cet objectif, il devra toutefois rééditer son exploit habituel près de 110 fois par an. Une paille pour Faustino qui, entre juillet 2020 et juillet 2021, a réalisé la bagatelle de 177 montées, à raison de plusieurs » sorties » par semaine, été comme hiver, qu’il pleuve ou qu’il vente. Pas étonnant que notre homme soit devenu une célébrité dans cette région où il a décidé d’habiter, dès son admission à la retraite, pour se rapprocher de sa montagne chérie. Faustino Guidici a accepté de répondre à nos questions.
Parlez-nous de vos origines?
je suis né en 1952 à Charleroi, dans une famille de mineur. En 1956, ma famille a emménagé à Berzée. Je ne garde depuis ce jour, et jusqu’à mon retour à Gilly en 1985, que de merveilleux souvenirs avec une population chaleureuse, une cohabitation harmonieuse, des habitants aimants autour de moi. Je garde cette impression en moi d’avoir été l’enfant de tout le monde.
Comment est apparue votre passion pour le vélo?
Cela remonte à 1965, en entendant le fabuleux Luc Varenne se déchaîner à la radio pour relater le Tour de France. La Grande Boucle se termine avec la victoire de Gimondi alors que le tour était promis à Poulidor. Mais surtout, à mes yeux, "Poupou" arrive premier au sommet du Ventoux. En 69, à 17 ans, je prends une licence chez les juniors. Mais j’éprouve des difficultés à me maintenir dans le peloton parce que j’ai des problèmes de santé: j’ai des troubles de l’équilibre et je suis malentendant depuis ma naissance. Je dois donc renoncer après une année sous licence. Cela ne m’empêche pas de revenir au vélo en amateur. La bicyclette, c’est ma thérapie. Elle me permet de garder mon équilibre dans tous les sens du terme. Je participe ainsi à toutes les sorties cyclos classique comme Liège-Bastogne-Liège, le tour des Flandres, Paris-Roubaix, la Flèche wallonne, cinq tours de Belgique… J’effectue aussi le Tour de France cyclotouriste en 94 et bien d’autres parcours, accompagné par un peloton d’une centaine de cyclos. Puis j’ai eu envie de raids en solitaire comme le tour de Corse (150 cols), la traversée des Dolomites (1200 km depuis la Belgique, 70 cols dont plusieurs à 2000 m). Cette passion pour les longs raids s’est matérialisée par un Brugges-Bakou (5558 km en 35 jours avec 10 cyclistes en 2013) et surtout un parcours de Marina di Leuca (extrême-sud de l’Italie) jusqu’au Cap Nord, à savoir 6800 km en 48 jours, à trois cyclistes, en 2016.
Et le Ventoux dans tout cela?
Cette montagne est un but pour tout cycliste qui se respecte. Quand j’ai pris ma pension, je suis venu m’installer à ses pieds. En 90, j’ai accompli une première ascension. J’étais seul au monde et j’ai vite compris pourquoi puisqu’il y avait des rafales de vent de 120 km/h. Mais le déclic a eu lieu en 1993, lors d’une randonnée Paris-Mont Ventoux de 1200 km. Nous étions 150 cyclos. Au pied du Ventoux, c’est chacun pour soi. J’y vais et miracle, je termine seul au sommet avec plusieurs minutes d’avance. Cela a été une révélation: cette montagne était la mienne! Depuis, j’ai enchaîné les ascensions.
Vous faites partie de la Confrérie des Cinglés. De quoi s’agit-il?
Cette confrérie est née en 1985. On en devient membres de trois façons: soit avec le brevet "Cinglé" en grimpant le Ventoux par ses trois faces en 24 h, soit "Galérien" en montant les trois côtés en 24 h, plus une ascension par la route forestière et enfin "Bicinglé" avec deux ascensions par chaque côté et en 24 h. Je suis le numéro un de cette confrérie avec 77 brevets de "Cinglé", quatre de "Galérien" et deux de "Bicinglé" à 62 ans et 67 ans. Je suis le doyen des Bicinglé. À ce jour la confrérie compte plus de 18000 membres pour 72 nationalités. C’est dire sa notoriété dans le monde.
Vous n’êtes jamais lassé du Ventoux?
Non! Quelle chance de pouvoir rouler dans "son jardin". Cette montagne a la particularité de compter trois versants avec des paysages différents selon les saisons, dont l’hiver avec la neige, même s’il y en a de moins en moins. En outre, je fais beaucoup de belles rencontres parce que de nombreux cyclistes veulent rouler avec moi. Le plus grand plaisir est de voir la joie intense de tous ceux qui arrivent à dompter le géant. Et pour un Ventoux réussi, il faut arriver frais au sommet.
Vos prochains défis?
Pour mes 80 ans, j’aimerais atteindre le chiffre de 1910 montées du Mont Ventoux, ce qui correspond à son altitude. J’ai intitulé ce projet "Born to be alive 1910". J’envisage également de parcourir un Paris-Brest-Paris ou encore de m’attaquer au record de l’heure des 70-74 ans à partir de 2024.