Le réseau de chaleur de Rocroi, un modèle inspirant
À la frontière française, Rocroi exploite un réseau de chaleur urbain alimenté par une chaufferie biomasse. Visite guidée.
Publié le 22-05-2022 à 20h00
C’est un acteur majeur de la transition énergétique en France: le groupe Idex qui exploite une trentaine de réseaux urbains de chaleur dans l’hexagone a accueilli voici quelques jours une délégation de Charleroi Métropole composée de représentants des intercommunales Ceneo (financement dans le secteur de l’énergie), Igretec (études et projets d’efficacité énergétique) et de la ville de Charleroi au travers de son échevin Xavier Desgain en charge de la Transition. C’est le directeur du bureau d’études d’Igretec Xavier Berto qui a proposé cette visite. Objectif: présenter le réseau de chaleur de Rocroi, une commune frontalière de 3000 habitants à une dizaine de kilomètres de Couvin. Mise en place au début des années 90, l’installation alimentée au gaz a fait l’objet d’une transformation en 2015 avec l’intégration d’une chaudière à bois. D’une puissance de 800 kilowatts, elle assure le chauffage et la fourniture d’eau chaude sanitaire de plusieurs bâtiments: mairie, maison de repos, piscine sans oublier un quartier de logements sociaux.

Avec des déchets de bois de la scierie de Fumay
L’intérêt du système, c’est qu’il consomme des déchets de bois de la scierie de Fumay, à un quart d’heure de route. On est donc dans l’économie circulaire. La valorisation de biomasse est plus verte que l’énergie fossile: elle produit en effet six fois moins de CO2. Avec la flambée des coûts du gaz, le bénéfice environnemental se double de substantielles réductions de dépenses. Charleroi porte actuellement deux microprojets de réseau de chaleur biomasse: l’un à Roux pour l’école Alexandre Lepage et son extension dans l’ancienne maison communale, l’autre à Ransart dans le quartier du Tailleny où en plus des locaux scolaires, il est prévu de chauffer la salle des fêtes, la maison des associations et la conciergerie. Pour le centre-ville de Charleroi, l’échevin Desgain et son équipe ont planché sur un projet de réseau qui pourrait fournir de la chaleur en hiver et de l’air frais en été à la moitié de la ville haute, où le placement des conduites souterraines a commencé dans le cadre de la rénovation du quartier Charleroi District Créatif.
Une installation inspirante
L’installation de Rocroi est inspirante, elle peut nourrir des projets à différentes échelles. Le groupe Idex gère en effet des réseaux de grande dimension, comme celui de chaleur et d’eau glacée de la Défense à Paris, qui alimente 3,5 millions de mètres carrés de surfaces de bureaux et d’habitations. Dans la cité frontalière du Hainaut, de 15 à 20.000 mètres cubes de résidus de bois sont brûlés chaque année. Si l’achat massif de lots de bois par la Chine fait peser des menaces sur l’approvisionnement de la centrale de chauffe de Rocroi à des coûts raisonnables, les cendres non recyclables résultant de la combustion ne représentent que 3% du volume nécessaire au fonctionnement du réseau.