Un vignoble prend naissance à Castillon
Lundi dernier, les quatre cents premiers pieds de vigne ont été plantés sur le futur vignoble de Castillon. À terme, le site en accueillera dix milles !
Publié le 17-05-2022 à 15h41 - Mis à jour le 17-05-2022 à 15h44
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/TS7ENQ2N4NAKXMO5VFGO3D2LGI.jpg)
Depuis quelques années, la culture de la vigne a de plus en plus la cote en Wallonie. Pour Aurelio Notaro et Denis Thieulin, le moment était donc venu de concrétiser leur idée de créer un vignoble sur les terrains situés à l’arrière de chez Aurelio, à Castillon. Pour sa part, Marc Brogniet, l’agriculteur qui met le terrain à la disposition des porteurs du projet, souhaitait aussi qu’une de ses parcelles soit destinée à autre chose qu’à de l’agriculture traditionnelle.
Les trois hommes ont donc trouvé le terreau fertile pour faire démarrer un projet à la fois ambitieux et original. Au niveau des compétences et des savoir-faire, Denis et Aurelio se complètent. Âgé de 59 ans, le premier vit à Bruxelles et est vigneron diplômé de l’IFAPME. Il est l’héritier d’un petit vignoble familial situé dans le Sud de la Champagne.
Pour sa part, Aurelio est originaire de Châtelineau et il a choisi de s’installer, avec sa famille, dans le calme de la campagne castillonaise. Professeur d’économie, il est passionné de viticulture et amoureux de la nature.
Un sol propice
Si les quatre cents premiers plants de Régent (rouge) ont été plantés lundi dernier, la première étape a été d’analyser la nature du sol.
"La parcelle de 3,5 ha est idéalement orientée sud-sud-ouest, avec un léger dénivelé en direction des Lacs de l’Eau d’Heure. Si nous sommes sur du schiste, on dénombre trois ou quatre zones hétérogènes sur la parcelle", expliquent Denis et Aurelio. "À terme, l’objectif est de planter 10000 pieds de vigne qui produiront une gamme diversifiée de rouge, de blanc, de rosé et de mousseux de qualité ."
Les promoteurs souhaitent aussi réintroduire des cépages rares et oubliés comme le Baco Noir, celui du vignoble de Denis Thieulin, en Champagne.
Laisser du temps au temps
"La création d’un vignoble peut être comparée à un bon vin. Il faut lui laisser le temps de s’approprier le terroir de l’Entre-Sambre-et-Meuse", prévient Denis Thieulin. "Les deux premières années seront consacrées à l’enracinement de la vigne. Lors de la troisième année, la vigne peut déjà produire 80% d’une récolte moyenne. Ensuite, il faut vinifier, laisser fermenter et élever le vin."
La première vraie récolte n’est donc pas prévue avant 2026. Les premières bouteilles devraient être commercialisées en 2027 et les premières bulles pour Noël 2027. Patience et persévérance, donc!
Un vignoble participatif et à taille humaine
Les futurs travaux de la vigne mettront inévitablement de la vie, dans le village de Castillon. "Nous ne comptons pas travailler en vase clos. Nous lançons déjà un appel à tous ceux et toutes celles qui s’intéressent au vin. Ils seront toujours les bienvenus pour nous aider lors des futurs travaux de la vigne. Notre objectif est aussi de transformer ce vignoble en un lieu de rencontre et de cohésion sociale", insistent Denis et Aurelio.
Les porteurs de projet comptent également faire rentrer de jeunes vignerons dans le capital.Ils estiment que la viticulture n’est pas une science exacte et que l’échange entre gens du métier est important. Ce n’est pas le tout de cultiver la vigne, il faut ensuite des infrastructures pour produire le vin, le faire mûrir et le mettre en bouteille. Denis et Aurelio ont déjà pensé à cet aspect du projet.
"Nous comptons réhabiliter un ancien bâtiment agricole de 12 mètres de large, 32 mètres de longueur et qui est semi-enterré, ce qui offre un meilleur contrôle des températures", annonce le duo.
Cette structure sera divisée en trois zones fonctionnelles: un hall de stockage du matériel, la cuverie qui permettra l’installation d’une vingtaine de petites et moyennes cuves et la cave pour stocker l’équivalent de deux années de production (environ 30000 bouteilles).
Comme nous pouvons le constater, les porteurs de projet ont pensé à tout et même à la météo très sèche en ce moment. Ils prévoient d’ailleurs d’arroser leur vignoble si nécessaire. Pour se préserver au maximum des gelées tardives, des cépages les plus résistants seront plantés dans le fond de la parcelle, à proximité du ruisseau du Coupiat, là où les gelées sont généralement les plus fortes.