Covid: faute de repères, on respecte moins les gestes barrières
La quatrième vague de Covid est imputée en partie au relâchement des gestes barrières. Pourquoi ces mesures préventives semblent-elles plus difficiles à appliquer aujourd’hui? Olivier Luminet, professeur de psychologie de la santé à l’UCLouvain, pointe le vaccin qui donne un faux sentiment de sécurité ainsi que le manque de repères généré par les changements incessants des règles.
Publié le 16-11-2021 à 07h00
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Lors du prochain Codeco avancé à mercredi (il était prévu vendredi), les responsables politiques ne manqueront pas de rappeler parallèlement aux nouvelles mesures destinées à freiner l’épidémie (lire par ailleurs) l’importance de maintenir les gestes barrières.
Dès l’amorce de la quatrième vague, les experts pointaient le relâchement de ces comportements comme l’une des causes de la reprise des contaminations. Pourquoi le port du masque, la distanciation physique ou encore le lavage des mains sont-ils moins respectés que l’an dernier? Olivier Luminet, professeur de psychologie de la santé (UCLouvain) et membre du groupe d’experts Psychologie & Corona, cite plusieurs raisons.
1.LaSécurité illusoire du vaccin
Souvent présenté comme la panacée contre le Covid, le vaccin a induit chez certains une impression de moindre risque, de moindre vulnérabilité, avance Vincent Luminet. "Ils ont l'impression que le vaccin remplace les gestes barrières alors qu'il n'est jamais qu'un élément parmi d'autres pour lutter contre la propagation du virus. C'est pourquoi dans le dernier rapport du groupe Psychologie & Corona, nous recommandons l'appellation Coronapass plutôt que Covid Safe Ticket". Il faut sortir de la logique binaire opposant vaccinés et non vaccinés. "Quelqu'un qui pense qu'il peut faire tout ce qu'il veut parce qu'il est vacciné est plus susceptible de contaminer les autres qu'une personne non vaccinée qui respecte les gestes barrières ".
2.Unmanque de prévisibilité
Les règles notamment celles concernant le port du masque changent constamment et varient d'une Région à l'autre. " D'un point de vue psychologique, c'est très mauvais de changer les règles tout le temps. Les gens ont besoin de prévisibilité, d'une certaine constance. L'an dernier, en octobre, on a mis en place des mesures strictes mais claires et liées à des niveaux d'infections en précisant qu'en dessous d'un certain seuil de contaminations, on ne relâcherait rien. Les gens les ont bien suivies parce qu'ils ont compris la nécessité et l'utilité de leurs efforts et savaient que cela ne durerait qu'un temps. Quand il y a constamment des revirements comme cela s'est passé dernièrement en Flandre concernant le port du masque, cela pose problème. Le manque de repères, bien plus que la lassitude, explique que ces gestes soient plus vite abandonnés."
3Gérerle risque individuellement
On est aujourd'hui davantage dans une individualisation des gestes barrières, explique le professeur de psychologie de la santé. "Il faut expliquer au fur et à mesure pourquoi c'est important de les appliquer en partageant les avancées de la recherche: où se passent les contaminations, dans quelles conditions… Il faut apprendre à gérer les risques individuellement et collectivement. On prend à tout moment des risques, l'important est de prendre conscience des risques plus ou moins grands que l'on prend. Qu'est-ce que je risque à l'intérieur sans masque et sans ventilation, en présence de nombreuses personnes? Il est important de se poser la question, de faire en sorte de vivre dans un environnement où le risque reste bas ou modéré".
4.Rappelerles gestes moins coûteux
Il serait judicieux à ce stade de l'épidémie de diffuser des campagnes axées sur les gestes barrières les moins coûteux en terme psychologique, recommande l'expert de l'UCLouvain. "Rappeler aux gens de se laver souvent les mains et d'aérer régulièrement sont des règles nettement plus faciles à observer que la distanciation sociale qui peut altérer la santé mentale".