Festival de Rochefort: Dany, de maître de la blague coquine en BD à président du Tremplin du Rire (vidéo)
En plus de participer au carrefour BD, jeudi, l’auteur de BD liernusien Dany est président du jury tremplin. Une tâche qu’il compte honorer, sans blague !
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Publié le 15-05-2023 à 21h28 - Mis à jour le 15-05-2023 à 21h32
Bonjour Dany, ou plutôt président ! Comment êtes-vous parvenu à ce poste de haute importance poilante !
Ce n’est pas une première: j’avais déjà été président du jury de Bierges. À Rochefort, comme chaque année depuis que j’ai succédé à mon ami et regretté Tibet, je suis un peu le parrain du carrefour BD que j’organise avec d’autres auteurs comme Batem et Olivier Saive. Cette année, les organisateurs m’ont en plus bombardé président du jury tremplin. Je n’ai pas le temps (NDLR. son actualité bouillonne, nous y reviendrons d’ici quelques jours, dans ces pages) mais je ne pouvais pas dire non. Quand c’est ludique, ça me parle.
Allez-vous souvent voir des spectacles d’humour ?
De temps en temps. J’ai la chance d’avoir des amis dans le milieu. Laurent Gerra, les Frères Taloche, Pierre Aucaigne… Marc Herman aussi qui a animé dernièrement une fête célébrant différents anniversaires ; le mien, celui de ma femme Marcy, mais également celui de notre mariage.
Puis, j’ai connu Tibet (Ric Hochet, Chick Bill). Au-delà du dessinateur d’exception qu’on sait, c’est le meilleur raconteur d’histoires drôles, coquines mêmes, et plus si affinités, que j’aie connu. Il prenait les accents comme personne, il mimait tout.
J’ai aussi vu Coluche, Desproges, le Splendid en live… Je pense que tout ça m’a armé pour juger une prestation.
Qu’est-ce qui vous (dé)plaît ?
Je dois admettre que je n’aime pas trop cette tendance qu’ont certains humoristes à se raconter, y compris leurs problèmes. Puis, il y a ce tic que beaucoup ont. En arrivant sur scène, ils vont crier "Bonjour Rochefort, ça va ?", en croyant que ça fonctionne. J’en suis moins convaincu.
Cela dit, j’ai beaucoup de respect pour ces talents qui vont se lancer devant une salle pleine, comme c’est toujours le cas à Rochefort, et face à une concurrence féroce. Durant le tremplin, ils seront deux à se présenter par soirée, avec une quinzaine de minutes pour convaincre. Il faut trouver sa place. Alors, je sais que les numéros ne seront pas toujours au point mais j’aurais envie de donner un prix à tous, de les encourager. Il faut du cran ou… de l’inconscience. Heureusement, je ne serai pas seul à décider, il y aura dans le jury d’autres personnes issues de l’organisation, du monde du spectacle, qui viendront avec d’autres critères. C’est précieux.
Quel humoriste vous a fait le plus rire ?
Laurent Gerra ! Il est étonnant, c’est plus qu’un raconteur de blagues. C’est un imitateur à la perfection, au-delà de la voix. Je me souviens de son entrée en scène en François Hollande – du temps où il rejoignait sa maîtresse – avec son casque de scooter, le cul en arrière le ventre en avant. Il pouvait faire un quart d’heure sans prononcer un mot et ça hurlait de rire dans la salle. Il a un sens de l’improvisation fantastique.
Et dans les plus jeunes ?
J’aime beaucoup Laura Laune. C’était phénoménal de découvrir cette petite blonde toute mignonne raconter des choses pires encore que ce que disait Tibet ! Puis, il y a Alex Vizorek. Les Belges se débrouillent bien !
C’est un métier devenu compliqué ?
Oh oui, une simple phrase peut signer une fin de carrière. C’est pareil dans la bande dessinée, des collègues ont déjà reçu des messages leur indiquant qu’ils n’avaient pas le droit de parler de tel ou tel sujet, sauf s’ils en faisaient partie. C’est insensé, faut-il être un nain pour parler de nains ? Et pour faire une histoire de tueur en série, faut-il avoir massacré des gens ? Toutes les révolutions sont nécessaires mais le danger, c’est l’extrémisme. Vouloir réécrire des spectacles ou des livres, c’est la pire des choses… Non, il y a pire, c’est de brûler des livres. Puis leurs auteurs ?
Vous qui venez de la BD, quels sont vos maîtres de l’humour ?
Franquin, d’abord. D’autant plus qu’on se rend compte maintenant à quel point son Gaston était un précurseur. Ce n’est pas un gaffeur ou un crétin, c’est un rebelle face à l’autorité, face aux intouchables qui disaient que la qualité de vie était liée au travail abattu. Lui nous disait que le boulot n’était pas sa priorité dans la vie, que le bien-être le surpassait.
Puis, comme raconteur d’histoires, il y a Maurice Tillieux. À mes 8-9 ans, la lecture de ses albums de Gil Jourdan m’a marqué à vie. Ses histoires, redoutables, auraient pu être racontées dans un style réaliste, ses enquêtes policières étaient bien ficelées mais il y ajoutait des couches d’humour. Gil Jourdan amenait cet humour à l’anglaise, Libellule ses grosses blagues et Crouton son humour involontaire. Et les blagues faisaient avancer l’histoire en plus !
Les six finalistes du tremplin sont: Leïla Amara (Be), Kostia (Fr), Kevin Eyer (Suisse), Amandine Lourdel (Fr), Charlotte Boisselier (Fr) et Lorenzo Mancini (Be).