L’antenne de Rivière leur casse les oreilles: la vallée de la Meuse plongée dans une ambiance de film d’horreur (vidéo)
Depuis le 1er septembre et le remplacement de l’antenne RTBF, une onde sonore désagréable hante les habitants plus ou moins proches du pylône des 7 Meuses, à Rivière. Une pétition est lancée.
- Publié le 23-02-2022 à 15h49
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« Comme une chaudière qui se met en route », « une flûte dans laquelle on ne cesserait de souffler », « une mélopée de film d’horreurqui fait peur aux enfants », « ou un goulot de bouteille dans lequel le vent s’engouffrerait « . Ce mercredi matin, les images utilisées sont multiples. Une vingtaine de Profondevillois (ils sont en réalité bien plus de plaignants, tous n’ont pas pu se libérer pour le rendez-vous) se sont rassemblés au pied du pylône de 150 mètres, qui contemple le point de vue des 7 Meuses et ne cesse désormais de le faire bourdonner.
Un rayon de 2-3 km
Depuis six mois, un sifflement irritant se déploie plusieurs fois par semaine, de longues heures durant, parfois plusieurs journées d'affilée, de jour comme de nuit, et repart comme il était venu. Réveillant certains et troublant la concentration des autres. "Notre santé est en jeu et nos maisons pourraient être dévaluées si ça perdure. Les voisins directs de l'antenne disent ne pas entendre ce bruit, explique Brigitte qui a lancé un coup de sonde. Par contre, au fur et à mesure qu'on descend dans la vallée, il est bien présent. Warnant, Rivière, Beau Vallon, Godinne. Même sur les bords de Meuse, des promeneurs se demandaient d'où venait cette turbulence."

À vol d'oiseau, cette "zone d'émission" involontaire parcourrait deux ou trois kilomètres. Fenêtres et portes fermées n'arrêtent pas l'onde. "Elle traverse tout, s'invitant dans certaines pièces plus que d'autres", enchaîne Jérôme, dont le bureau est la caisse de résonance de ce parasite. "Nous craignons vraiment pour l'été, quand nous serons sur nos terrasses ou que les fenêtres resteront ouvertes", continue Carine.
Vent ascendant
En septembre dernier, lors de l'apparition du phénomène, les habitants du coin se sont demandé quel ciel leur tombait sur la tête. Un chantier à proximité? Certains ont vite fait le rapprochement. " Le 1er septembre dernier, un hélicoptère russe venu de Suisse, c'est dire sa rareté, opérait pour remplacer l'antenne TV de la RTBF.", se souvient André qui n'avait pas perdu une miette du spectacle. L'antenne, devenue rouge comme un bâton de dynamite, a aussi été dotée d'un équipement plus performant pour la DAB +.
Les Profondevillois s’accordent pour dire que, c’est vrai, ça fonctionne bien. Ils montent plus souvent le son de la radio pour masquer la partition de l’antenne devenue musicienne le lendemain du passage de l’hélico.


Depuis, nombreux sont ceux qui ont filmé et enregistré cette mélodie qui les démolit. Parmi eux, Benoît. "Le point de vue des 7 Meuses est réputé pour les planeurs. Entravé par le rocher, le vent est ascendant. Si bien que, parfois, au sol, on ne sent pas son souffle, ni même les arbres, mais qu'il est pourtant bien à l'œuvre au sommet du mât."
Méticuleux, Jérôme (qui a aussi constaté une baisse de qualité de son GSM depuis le rapatriement des antennes réseaux sur le pylône) a, pendant plusieurs semaines, pris note des apparitions de l'événement. "Il survient quand le vent souffle de sud-est au sud-ouest. Et au nord-ouest."
Raison pour laquelle, lors des récentes tempêtes, le bruit s’est tu: le vent gagnait l’ouest.
Mobilisés, les auditeurs bien malgré eux de cette symphonie expérimentale ont lancé une pétition, pour avoir une vue objective du nombre de personnes concernées et pour ne pas se faire oublier. Histoire de ne pas laisser leurs oreilles dans l’aventure.

Le directeur Opérations et Distribution de la RTBF, Jean Vanbraekel, confirme ce cas de figure: "Après plusieurs tests et enregistrements, la création de vortex par la structure enveloppant l'antenne est l'hypothèse privilégiée. Des nuisances occasionnelles, il y en a déjà eu dans l'histoire des émetteurs de la RTBF. Mais permanentes comme c'est le cas à Profondeville, c'est inédit. Cela s'explique sans doute par la configuration particulière du site, au sommet de la vallée de la Meuse, et le déplacement de ses vents."
La pression est mise sur la société RFS France qui avait remporté l’appel d’offres et fait notamment appel à un intervenant australien pour l’honorer. « Ils sont en train de modéliser le lieu et de faire des simulations. Nous attendons le planning d’intervention. », conclut Jean Vanbraekel qui espère un retour à la normale rapide. L’idée serait d’ajouter de nouveaux éléments de couvertures des endroits problématiques.