Fêtes de Wallonie : avec André, jamais le Grognon dort
Appareil en bandoulière, le photographe André Dubuisson croque Namur depuis des décennies. Parfois caustique, toujours humain, c’est un excellent "Grognon d’or".
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- Publié le 16-09-2023 à 06h00
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Un clairvoyant collègue a trouvé la bonne formule. "Remettre le Grognon d’or à André Dubuisson, c’est comme attribuer l’Oscar à Scorsese. C’est une évidence !"
Le photographe qui trimbale son optique dans les rues des Namur depuis plus d’un demi-siècle peut en effet afficher la mine boudeuse et dégager un air renfrogné. "Mais je ne suis que très rarement de mauvaise humeur. Tous les jours quand je me lève, je remets le compteur à zéro", insiste celui qui est né dans la rue des Brasseurs il y a 79 ans. "Je suis né un 14 juillet: on fête d’ailleurs la date de ma naissance toutes les années en France. Un an plus tard, on a subi les bombardements de Namur. J’étais dans les bras de ma maman quand elle est tombée dans les escaliers. Ce qui expliquerait aussi pas mal de chose."
Le Namurois ne manque ni d’humour ni de franchise. "Je dis ce que je pense mais je pense aussi ce que je dis. C’est peut-être aussi pour ça qu’on me prend pour un bougon. Mais cet air renfrogné, c’est surtout dû à un souci musculaire du visage."
Mais ne chassez pas le grognon qui est en lui, il reviendra au galop. "Ce qui me chagrine vraiment, c’est tous ces esprits chagrins et négatifs qui ne disent jamais que du mal de ma ville, commence André Dubuisson. Mais je m’énerve quand même quand je vois le manque de suivi de la Ville sur ses gros chantiers, comme ce fut le cas pour la place Maurice Servais."
Et les Wallo, ça rend grognon ? "Je sais déjà que je ne sortirai pas après 20 heures… Depuis qu’on a vendu les scènes de concerts à RTL, au début des années 80, avec le show de groupe au nom asiatique (NDLR: Indochine) qui jouait en salopette militaire, tout a basculé. Mais j’aime quand même toujours des petits coins sympas, comme les Arsouilles. J’ai d’ailleurs déjà reçu leur prix et je leur fais chaque année une caricature." À quand la Gaillarde d’argent ? "Jamais. Je la mettrais direct au bac. Quand je vois le palmarès, il y a des gens vraiment super mais aussi pas mal qui n’ont rien à faire là. C’est un côté fourre-tout qui me dérange."
Durant le week-end, André Dubuisson baladera son objectif à travers les quartiers. "Mais je suis quand même moins fan de la place l’Îlon (Les Ponts Spalaux). Y a ce côté bobos verdos qui me dérangent. Toujours ce message Faut sauver la planète, ça va, on a compris…" Avec André Dubuisson, même s’il a l’air assoupi, jamais le Grognon dort.