Trois châssis de 200 kilos sur le pied
Alice a donné un coup de main à ses collègues pour charger des châssis. Ils se sont renversés sur son pied. Son employeur est condamné.
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Publié le 25-05-2023 à 06h00
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Le 6 juillet 2021, une équipe d’une société implantée au nord de Namur se démène pour charger des châssis dans une camionnette. Alice est sollicitée, non pas pour soulever ce matériel lourd mais pour garder un œil dessus, une fois posés contre la paroi du véhicule.
Malheureusement, les châssis ne sont pas correctement fixés. Ils basculent et s’écrasent sur le pied de la malheureuse intérimaire. 200 kilos par châssis: ça fait du dégât.
L’inspection du travail est descendue sur les lieux et une enquête a été menée.
L’affaire est ainsi venue devant le tribunal correctionnel.
La Justice estime en effet que la société et son responsable n’ont pas pris les dispositions nécessaires pour éviter cet accident. Ou du moins en atténuer les conséquences.
Le juge Marc Depasse estime en effet que les instructions de sécurité n’ont pas été données. Et le statut d’Alice, intérimaire au moment des faits, ne change rien à la chose.
Elle portait de simples baskets et non des chaussures de sécurité.
Par ailleurs, la Justice estime que le chargement des châssis s’est effectué sans respecter les règles de sécurité. En l’occurrence, il aurait fallu effectuer le chargement pièce par pièce et les sangler à chaque fois.
A l’audience, le patron de l’entreprise s’était étonné de cette manière de faire, la jugeant tout simplement irréaliste.
Cette réaction n’a pas spécialement joué en sa faveur. Dans son prononcé, le juge Marc Depasse constate une absence de prise de conscience de la part du prévenu. Cinglant, le magistrat fait également état des antécédents du patron, condamné à deux reprises pour deux excès de vitesse. Pour le juge, cela démontre qu’il n’a pas trop l’air d’être préoccupé quand son attitude risquerait de mettre les autres en danger.
La société incriminée mais aussi le patron de celle-ci sont condamnés à la même peine d’amende de 24 000 €. Mais cette dernière est assortie d’un sursis pour le montant qui excède 4 000 €.
L’addition devrait encore monter au civil. En effet, Alice réclame des dommages et intérêts. Et le jugement confirme qu’elle est bel et bien en droit de le faire. La juge Marc Depasse a ainsi désigné un expert médical qui devra déterminer l’importance des blessures et de l’invalidité de l’ancienne intérimaire. Pour elle, ce n’est pas le pied pour autant. Mais c’est déjà ça…