Des artistes de rue "virés de Namur en Mai" dès le premier jour : "pas le but de les interdire de gagner leur vie"
Jeudi, alors que Namur en Mai se mettait en branle, des artistes de rue ont eu la mauvaise surprise d’être persona non grata. Avant que le ton ne se radoucisse.
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Publié le 23-05-2023 à 17h24 - Mis à jour le 23-05-2023 à 17h25
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"J’ ai beau chercher et poser des questions, ça reste trop flou… Artiste namurois depuis 10 ans dans la rue comme sur scène, je travaille dans cette magnifique ville tous les jours. Puis Namur en Mai débarque avec ses gros souliers et me demande de ne pas travailler pendant trois jours. " C’est par ce message posté sur Facebook que Fabian "Jongleur Vagabon" est sorti du bois, faisant part de sa déception. Jongleur toute saison, bien avant et au-delà de mai, comme son binôme Loloow, Fabian était tout apprêté pour participer "en off" au festival des arts de rue, quand on est venu les chasser.

" Namur en Mai, c’est une chouette publicité pour les artistes de rue, dommage que ce soit privatisé, que ce soit à 100% de la programmation qui n’accepte plus l’imprévu. Nous étions dans la rue de la Monnaie, avec un chouette public. Nous ne faisions concurrence à personne, que du contraire, nous faisions le lien. Nous n’étions pas sur le territoire de l’événement et veillions à faire une pause quand une déambulation arrivait. Pourtant, à 17 h, une dame de l’organisation nous a interdit de continuer notre activité et conseiller d’aller à Jambes. Si nous ne nous exécutions pas, on allait nous envoyer la sécurité. L’année passée, déjà, nous avions été virés, nous n’avions pas insisté. C’est de l’abus de pouvoir."
"J’ai fait le petit malin et ai tagué Maxime Prévot"
Mais, cette année, Fabian et Loloow n’ont pas capitulé, d’autant que d’autres, parmi leurs connaissances, étaient logés à la même enseigne. "Cette année, nous ne voulions pas nous laisser avoir. D’autant que, chaque année, nos demandes d’autorisation et même d’inclusion au programme officiel restent sans réponse. Nous avons notre carte d’artiste valable en Belgique et l’autorisation chapeau de la Ville de Namur nous permettant de faire de l’argent avec notre art."
Sûr de son bon droit d’être là, vendredi matin, Fabian a pris son clavier et partagé son ressenti sur les réseaux. "J’ai fait le petit malin et tagué Maxime Prévot."
Qui a très vite répondu. "Soyons clairs: Namur en mai n’a aucun droit d’interdire à des artistes de rue de se produire à Namur durant leur festival, a réagi Maxime Prévot par voie de réseau sociaux, également. Cela leur a déjà été dit. Je ne cautionne dont pas la mésaventure qui vous est arrivée de leur initiative. Le festival de rue est ouvert à tous. C’est cela l’esprit de Namur en Mai."
Le bourgmestre de Namur a également écrit un mail à l’organisation de l’événement qui a manifestement vite eu des retombées. "On ne nous a plus ennuyés suite à ça et on nous a même proposé des… sandwiches sponsorisés par Namur en Mai. ", témoignent Fabian et Loloow qui ont passé un vendredi et un samedi normaux après les débuts houleux. "Après tout, nous avons lancé dernièrement à Namur le collectif Le Toutefois 22 qui organise des concerts, des cabarets et le festival du Royaume des Carmes début juillet. Le droit à la culture à Namur, ça nous concerne aussi. "
"À ma connaissance, nous n’avons refusé personne. Le but n’est pas d’interdire qui que ce soit de gagner sa vie."
Du côté de Samuel Chappel, directeur de l’ASBL organisatrice NEM, l’incident a bien été noté dans l’évaluation de l’édition 2023. Rubrique “à améliorer”. Il convient de trouver le bon compromis entre la ligne artistique du festival et le volet "off" dans lequel tout un chacun peut s’inviter.
"La position première du festival, c’est de sélectionner des spectacles artistiques, forains qui ont demandé du temps d’écriture, d’élaboration, de décors. Nous mettons en place une narration. La particularité de Namur en Mai est de se dérouler dans l’espace public. Par le passé, avant le Covid, conformément à ce qui avait été décidé avec la Ville, nous demandions aux artistes ‘amateurs’ de prendre contact avec nous dans le but d’assurer la sécurité, de gérer la foule et de placer au mieux ces intervenants entre les spectacles officiels et ainsi éviter les désagréments. En l’occurrence, les deux artistes dont nous parlons étaient situés sur le parcours de plusieurs spectacles itinérants. Ça ne matchait pas, de notre point de vue."
Il s’agit aussi pour les concepteurs d’éviter la confusion et de bien marquer que ces prestations parallèles ne font pas partie de la ligne artistique. "Ce n’est pas que c’est moins bien mais c’est autre chose. Pas question de mépris. Il y a des règles et une cohérence à garder, aussi pour les commerces. Certains voudraient installer un barbecue, tirer une tringle, mais nous ne voulons pas que Namur en Mai devienne une braderie", explique l’organisateur, témoignant que le Covid a changé la donne.
"En 2020 et durant les deux éditions suivantes, il a fallu appliquer une distanciation, des jauges réduites, des places assises. Nous avons donc décidé d’interdire ces performances sur lesquelles nous n’avions aucun contrôle. À l’oral, nous avons discuté avec la Ville de revenir à un mode de fonctionnement comme avant, sans encore l’acter. Cela dit, pour tous les artistes qui nous ont contactés, cette année, nous avons pris le temps de proposer un endroit. À ma connaissance, nous n’avons refusé personne. Le but n’est pas d’interdire qui que ce soit de gagner sa vie."