Namur en mai : déranger l’espace avec une boule de vêtements
Namur en mai, le festival des arts forains, c'est du 18 au 20 mais dans les rues du centre-ville. Dorian Chavez arpentera la rue de l’Ange avec une masse de vêtements. Une invitation à repenser nos comportements absurdes.
Publié le 17-05-2023 à 10h58 - Mis à jour le 17-05-2023 à 10h59
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Si vous vous baladez rue de l’Ange vendredi ou samedi, vous ne pourrez pas la manquer. La grosse boule de vêtements de Natacha Belova et Dorian Chavez mesure 2m20 de diamètre. Par sa taille impressionnante, sa mission est de perturber la rue commerçante et de nous interpeller sur l’absurdité de nos comportements consuméristes. "Cette grosse boule, qui n’est pas du tout adaptée à l’espace public, est là pour créer des questionnements. On essaie de travailler sur quelque chose de poétique plutôt que politique", développe Dorian Chavez.
La première représentation de Sisypholia s’est déroulée à la Biennale internationale des Arts Vivants Toulouse Occitanie, en France, en 2022. "Les réactions des gens sont très particulières. Au premier abord, ils ne savent pas ce que c’est. Alors, on fait un pas vers eux, les jeunes surtout, et on leur explique les ressorts derrière la fast fashion. Au moins, en voyant cette boule, ils s’interrogent ?"
L’absurdité du travail humain répétitif
Récemment, la Compagnie Belova – Iacobelli s’est associé autour de ce projet avec l’ASBL Ach’act, pour les dix ans de l’effondrement mortel du Rena Plazza, un immeuble abritant des usines textiles et leurs travailleurs, au Bangladesh. Une collaboration spontanée qui collait bien au message que l’ASBL veut faire passer.
De leur côté, Natacha Belova et Dorian Chavez organisent des ateliers autour de la surconsommation de vêtements. Plus largement, leur ambition est d’interpeller le monde sur nos comportements modernes. souvent absurdes.
L’œuvre se nomme Sisypholia, en clin d’œil au mythe de Sisyphe, personnage de la mythologie grecque puni par les dieux et condamné à pousser un énorme rocher jusqu’au sommet d’une colline pour l’éternité. Quand il arrive au sommet, le rocher dégringole et Sisyphe est contraint de recommencer ce travail à l’infini.
"On a choisi les vêtements pour représenter le rocher parce que ça parle à tout le monde. Dans les faits, c’est surtout représentatif de l’absurdité du travail humain répétitif où on ne se pose pas trop la question de pourquoi on le fait. Dans l’absurde, il y a une prise de distance avec le propos", explique Dorian.
La performance se découpe en plusieurs parties mais est pensée comme une œuvre infinie digne de Superman, à l’image du mythe. "Il n’y a pas de narration précise, c’est plutôt un mouvement d’aller-retour perpétuel", appuie l’artiste. Un moment de pause est prévu dans ce labeur. Une danse au cours de laquelle Sisyphe – incarné par Dorian – veut se libérer de son travail mais est très vite rappelé à l’ordre. À la fin, le personnage témoigne de sa condition. Invitation donc à suivre patiemment la boule de vêtements, histoire de ne rien manquer de ce spectacle au propos si pertinent.
Rue de l’Ange, vendredi et samedi 11 h 30 et 16 h.