L’Espace dignité de Jambes ferme ses portes, avant un nouveau à Saint-Servais ?
L’Espace dignité de Jambes, c’est terminé. Le bâtiment destiné à l’accueil des sans-abri a fermé ses portes. Son créateur, Robert Bourgeois, espère ouvrir prochainement un nouvel espace réservé, cette fois, aux femmes.
Publié le 11-05-2023 à 06h00
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Près de cinq ans après son inauguration, l’Espace dignité de Jambes a fermé ses portes. Robert Bourgeois, initiateur de cette main tendue aux sans-abri, l’a annoncé mardi sur les réseaux sociaux. Cette fin de vie était annoncée depuis des mois pour diverses raisons mais surtout parce que les caisses de l’ASBL Educ’Actions, qui gérait cet accueil de jour, étaient vides. Le million d’euros reçu par un généreux donateur s’est évaporé au fil des années.
Cette expérience aura sans aucun doute servi de leçon pour celles et ceux qui ont participé de près ou de loin à ce projet humain. Pas question pour autant de baisser les bras. Au contraire puisqu’au mois de juin 2022 déjà, une enquête publique a eu lieu à la demande du donateur (du million) avec pour objet de transformer une villa rue de Dave à Jambes en vue d’y déplacer l’Espace dignité aujourd’hui fermé. Mais l’initiative a été recalée par la Ville de Namur car jugée trop dense pour la parcelle concernée.
"Nous avons décidé de laisser tomber ce projet en raison des nombreuses contraintes urbanistiques, commente Robert Bourgeois. Nous avons choisi, avec les membres de l’ASBL Educ’Actions, de relancer un espace d’accueil de jour à Saint-Servais où nous n’aurons pas besoin de permis. Mais je préfère être discret sur la localisation exacte pour le moment. Une communication transparente et complète aura lieu en temps voulu."
Il s’agira, à nouveau, d’un espace d’accueil. Mais cette fois, il sera réservé aux femmes. "À celles qui souffrent de solitude, qui dorment dans la rue, qui ont besoin de parler ou qui sont victimes de violences conjugales. Nous travaillerons en fonction des besoins, des attentes de nos invitées."
Robert Bourgeois indique qu’il s’agit d’un choix mûrement réfléchi. "Je tiens tout de suite à préciser que si nous n’accueillons plus les hommes, ce n’est pas lié à des excès de violence. Je ne peux affirmer qu’il n’y a pas eu de sautes d’humeur mais il n’y a jamais eu de faits de violence en cinq ans. Si nous avons pris cette décision, c’est pour plusieurs raisons. D’abord parce que l’espace choisi est plus petit, ensuite parce que nous avons remarqué qu’il y avait une forte demande lors de notre première expérience, rue Mazy."
Chaque mardi, l’Espace dignité réservait une plage horaire aux dames. "Et lorsque nous les invitions à nous rejoindre lors de l’accueil mixte, il y avait un frein. Cet espace sera bénéfique pour toutes. Il ne sera plus question d’assistanat mais bien d’un projet de co-construction avec celles qui viendront à notre rencontre. Nous espérons également bénéficier de la venue et de l’expertise d’associations dans le domaine."
Toujours grâce à des dons
Sur les réseaux sociaux, Robert Bourgeois a annoncé qu’il espérait ouvrir le nouvel espace dès le 25 mai. "Peut-être, on verra, ajoute-t-il. Nous sommes toujours en réflexion et évaluons les tenants et aboutissants. Nous sommes notamment en train d’analyser la possibilité de créer un logement d’urgence."
Quant aux fonds qui permettront de pérenniser l’espace, Robert Bourgeois reste évasif. "Il n’y a plus de donateur. Ce sont des citoyens qui sont derrière nous et qui nous aident sous forme de dons. Croyez-moi, il y a beaucoup de personnes avec un grand cœur." Sera-ce suffisant pour assurer la survie de ce futur projet ? "C’est l’objectif. Nous avons appris de nos erreurs. Nous continuerons à tendre la main, à faire confiance mais en étant plus critique, sans fermer les yeux. Il ne sera par exemple plus question de prêter de l’argent même s’il y a une promesse de retour."
S’il reste flou sur le montage financier, Robert Bourgeois assure mettre tout en œuvre pour assurer le maintien du nouvel espace sur le long terme. Histoire, aussi, de prouver qu’il ne tombera pas deux fois dans les mêmes pièges.