Namur : Droles di Bièsses, le wallon aussi pour les p’tits "poyons"
Anne-Marie François vient d’adapter en wallon de Namur "Droles di Bièsses", un chouette livre pour enfants. Même pour les plus petits, le wallon, c’est "plaîji".
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/2V7FHYPSVVDL7KIQADSJEQLLG4.jpg)
Publié le 09-05-2023 à 17h25 - Mis à jour le 09-05-2023 à 18h53
:focal(545x417.5:555x407.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/IQBNJIFA4VDQLKKMPPLTS74JKA.jpg)
En jetant un œil sur son polo, on en apprend déjà beaucoup sur Anne-Marie François. Brodé, un escargot un peu narquois se vante d’avoir "mougni l’crocodile". Lacoste n’a qu’à bien se tenir.
Le wallon de Namur, c’est une langue mais aussi une tournure d’esprit. Et c’est aussi ce qui se retrouve au cœur du travail de cette Bougeoise, membre des "Rèlîs namurwès", qui vient d’adapter dans notre langue dialectale un chouette livre pour enfants (lire par ailleurs).
"Le wallon n’aime pas les mots abstraits, il leur préfère les images, les expressions, les métaphores et ça, ça touche directement les plus jeunes", souligne Anne-Marie François.
Depuis quelques années, celle-ci transmet aussi sa passion du wallon dans les écoles de la région. "Je commence par demander s’ils connaissent encore quelques mots. C’est parfois un juron ou une petite expression comme taîje-tu mais on voit que les plus jeunes ont encore le wallon dans l’oreille", constate celle qui a enseigné en secondaire pendant 33 ans à l’institut Félicien Rops.
"Pour commencer, il faut leur apprendre une chansonnette, un petit texte… Il faut d’abord le parler. L’écrire, c’est bien plus tard", estime la pédagogue. "Et pour le lire, même pour les adultes, je conseille de le faire à haute voix. C’est comme ça qu’on progresse le plus avec cette langue orale."
Et il n’y a pas d’âge minimal pour s’y mettre. "Les plus jeunes vont oser le parler sans complexe. On peut donc commencer très tôt. C’est même l’idéal."
Le wallon crée une complicité
Grâce à ses sonorités chantantes mais aussi son magnifique sens de la formule, le wallon peut s’avérer très accrocheur auprès des plus jeunes. "Et puis, il y a ce sens de l’image, de la nuance. Pour neiger, on peut dire nîver, mais aussi nîveter, pour neigeoter, payeter pour neiger en paillettes, ou flotcheter pour les flocons épars… Et pour la pluie, il y a encore bien plus de mots !"
Académicienne du wallon au sein des Rèlîs Namurwès, Anne-Marie prône la pratique la plus vivante possible de la langue wallonne. "Avec des élèves de 5e et 6e secondaires techniques qui se destinaient au travail en maison de repos, j’ai même mis en place des jeux de rôle. Et ça marchait fort bien, les jeunes accrochaient. Quand on cause un peu le wallon, cela crée un lien avec la personne plus âgée. Une complicité s’installe", souligne la Bougeoise. Comme tout autre langage, le wallon est là pour relier les gens. Ce serait "bièsse" de s’en passer.