Namur: oui, la construction est aussi un métier pour les filles
La société namuroise Isolution engage continuellement du personnel. La volonté: ne pas exclure les femmes de la formation et du recrutement.
Publié le 02-03-2023 à 16h35
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C’est de notoriété publique: la construction souffre d’une pénurie de main-d’œuvre. La bonne nouvelle, c’est que selon une analyse de la confédération de la construction belge (Embuild), le nombre de femmes salariées dans le secteur a augmenté de 19% entre 2015 et 2020. Doit-on voir là une des réponses à la problématique ? Sans doute en partie.
Chez Isolution, entreprise namuroise spécialisée dans l’isolation, l’ouverture aux femmes s’est faite très naturellement. On pourrait même dire que l’entreprise fait office de "valeur exemple" en la matière, pour reprendre les mots du ministre wallon de l’économie Willy Borsus, en visite sur place la semaine dernière. Sur 31 employés, 6 sont des femmes.
"La volonté, c’est d’abord de trouver des personnes de la région, formées un minimum. On travaille beaucoup avec les centres de formation, partage Grégoire Thunis, cogérant d’Isolution depuis un an et demi aux côtés d’Arnaud Vierendeel. On n’accueille pas les femmes parce que c’est un métier en pénurie et qu’on trouve trop peu d’hommes. On les accueille parce qu’elles sont aussi bonnes et souvent quasi meilleures que les hommes."
Postes à responsabilité et sur chantier
Sabine casse le plafond de verre et endossera bientôt un poste à responsabilité: cheffe de projet en façade isolante. Alexy gère les stocks de matériaux isolants et de ventilation et s’occupe partiellement des ressources humaines. Julie se lance sur chantier où elle place les isolants, après avoir été vendeuse, technicienne de surface et maman au foyer durant trois ans. "C’est un milieu très masculin, sourit Julie. Il faut oser sauter le pas, se dire: pourquoi pas. Ce n’est pas si physique que ça. Après, j’ai beaucoup d’énergie à donner."
Ces femmes ne sont pas arrivées chez Isolution sans détours, mais souvent le plus souvent à la suite d’une réorientation. Alexy, 25 ans, a étudié la psychologie à l’université avant de suivre une formation en écoconstruction avec le Forem. "Je me cherchais un peu, dit-elle. J’avais vraiment envie d’un boulot physique et je me suis dit qu’avec la pénurie, je pourrais vite m’intégrer dans le milieu." Chez Isolution, elle manie le transpalette, diable et tutti quanti. "Je m’étais d’abord intéressée à la menuiserie et j’ai eu plein de refus, poursuit-elle. On me disait qu’il n’y avait pas assez de travail, que j’étais une fille et donc que ça n’irait pas. J’ai postulé chez Isolution et ils ont été directement intéressés."
Pour elle comme pour sa collègue Julie, la possibilité de formation en alternance a été déterminante. Le parcours formatif comprend 30% de théorie et 70% de pratique. Ils et elles sont beaucoup à se former auprès de Laurence Bailly, au Forem de Namur, depuis qu’un parcours en techniques d’isolation a été ouvert en décembre 2021. Son nom est sur toutes les lèvres, elle qui parvient à transmettre sa passion pour ce métier plein d’avenir.
Car pour toutes et tous, chez Isolution, il y a l’envie de travailler dans un secteur qui fait sens au regard des enjeux écologiques et énergétiques actuels. "L’isolation permet d’avoir de bonnes bases pour tous ces enjeux", résume Sabine.
Fin 2023, l’entreprise namuroise organisera, en partenariat avec le Forem, une formation "coup de poing pénurie", avec une promesse d’engagement en CDI dans 80% des cas.