Namur: les sceaux des échevins de l'Ancien Régime sous la loupe
L’archiviste René Laurent publie, aux Archives générales du Royaume, une étude historique consacrée aux moulages de sceaux des échevins de Namur.
Publié le 27-02-2023 à 16h10 - Mis à jour le 27-02-2023 à 16h11
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C’est une plongée au cœur du comté de Namur sous l’Ancien Régime à laquelle invite l’archiviste René Laurent. Spécialiste du Moyen Âge, ce licencié en histoire vient de publier, aux Archives générales du Royaume, une étude dédiée aux moulages de sceaux des échevins de Namur du XIII au XVIIe siècle. Un ouvrage qui renferme une série de descriptions et de références sur ces documents administratifs jadis en vogue. "Au Moyen Âge, les témoins d’un contrat apposaient, au bas de l’acte, un sceau avec leurs armoiries", expose René Laurent. Il s’agissait d’authentifier et de conférer une valeur juridique au document.
À partir de ses observations, le chercheur a pu déterminer, entre autres, qu’un échevin de Namur faisait usage du même sceau lorsqu’il intervenait auprès d’une autre cour locale ou en tant qu’homme de fief. Dès le XVe siècle, ces sceaux connaîtront aussi une transformation stylistique remarquable avec des armoiries timbrées de heaumes, de cimiers ou encore de lambrequins. Loin de la représentation classique d’un blason arborant un cavalier muni d’une épée. "Ce cas de figure était réservé à la haute noblesse et n’était jamais utilisé sur le sceau d’un échevin de Namur", précise le passionné de sigillographie. Avec l’évolution de l’écriture, les sceaux finiront par perdre peu à peu de l’importance au profit de la signature désormais largement répandue. Au-delà de 1629, il n’existe en effet plus de moulage recensé parmi les sceaux des échevins de Namur.
Un chartrier exceptionnel
Peu après son arrivée aux Archives générales du Royaume (Bruxelles) en 1965, René Laurent a été intrigué par l’importante collection de moulages de sceaux qu’héberge l’établissement, la deuxième au monde. "C’était l’occasion pour moi d’en faire une thèse de doctorat et d’étudier les anciennes principautés belges", se remémore l’archiviste retraité. Le Waterlootois a consulté le dépôt relatif aux chartes du comté de Namur, qui compte d’innombrables trésors. Rien que pour le chartrier de l’ancien hôpital Saint-Jacques, René a découvert pas moins de 1000 documents d’archive, une source inépuisable d’information. De quoi mettre à jour les liens parfois insoupçonnés entre des familles comtales namuroises et des princes d’autres pays. "Dans le chartrier des comtes de Namur, vous avez des sceaux des XIIIe et XIVe siècle qui concernent même l’Écosse . C’est donc un comté particulièrement riche par la variété et la quantité des documents conservés", explique l’auteur. Un temps interrompue, l’étude est dorénavant finalisée. Les moulages de sceaux des échevins de Namur (XIIIe -XVIIe siècles) et en vente aux Archives de l’État à Namur.
Hommage à Albert Huart
Pour enrichir son ouvrage, René Laurent a pu compter sur l’inventaire laissé par l’héraldiste Albert Huart (1882-1964). Cet ancien auditeur militaire a complété une série de manuscrits par ses dessins et classements des sceaux observés dans les fonds du comté sous l’Ancien Régime.
Au total, l’homme a laissé derrière lui plus de 22 000 pages de documentation, désormais conservées aux Archives de l’État de Namur. "Le dépôt de Namur est donc exceptionnel grâce au travail d’un chercheur qui n’était pourtant pas archiviste", souligne René Laurent, dont la publication se veut un hommage à cette personnalité namuroise encore méconnue.