Namur : stagiaires, un « métier » en pénurie au Perron de l’Îlon (vidéo)
Les stagiaires ne se pressent plus trop aux portes du Perron de l’Îlon, où ils sont formés pour la restauration avec de grandes chances de trouver un boulot. Dans le secteur, les recrutements sont en chute libre.
Publié le 19-01-2023 à 19h12 - Mis à jour le 19-01-2023 à 22h47
Ça coupe, ça mixe et ça chauffe. On s’active dans les cuisines du Perron de l’Îlon. Dans ce centre namurois d’insertion socio-professionnelle, on forme des stagiaires aux techniques de la restauration et du service traiteur depuis trente-cinq ans. "Mais depuis le Covid, on vit des moments difficiles", constate Pascal Tahon, formateur horeca. "Avant, on tournait avec une bonne quarantaine de stagiaires. Aujourd’hui, il n’y en a plus que vingt-cinq mais on doit remplir les mêmes missions. Alors, tous les formateurs s’y mettent aussi et tapent dedans quand c’est le coup de feu. C’est pas grave pour nous mais ce n’est pas l’idéal pour l’encadrement pédagogique."
Le Perron n’est pas une île dans l’océan de l’insertion socio-profesionnelle. En Wallonie et à Bruxelles, on constate cette même chute inquiétante du nombre de stagiaires. "Entre 2019 et 2021, on constate une diminution moyenne de 25%", Les 150 centres formaient 15 000 stagiaires il y a quelques années. On n’est aujourd’hui à 11 500. "La tendance était déjà à la baisse avant le Covid", souligne Anne-Hélène Lulling, la secrétaire générale de l’interfédération des centres d’insertion socioprofessionnelle.
Mais où sont donc passés tous les stagiaires ? "Il y a plusieurs explications à cela", commente Dimitri Léonard qui vient de mener une étude pour répondre à la question.
"On traverse des crises à répétition. Le confinement a généré un plus grand sentiment d’isolement, de découragement…" Certains ont basculé dans une précarité plus grande encore. 40% de nos stagiaires bénéficient des allocations du CPAS, 30% du chômage. Beaucoup d’entre eux n’ont même aucune rentrée. Dans cette couche de la population, le décrochage est souvent plus rapide et brutal.
Chacun à son rythme, à sa sauce
"Il y a des filières de formation qui souffrent plus", constate encore Anne-Cécile Lulling. "C’est le cas pour l’horeca ou le bâtiment. Mais ce sont déjà des métiers en pénurie, aussi parce que les conditions de travail sont parfois très dures et les salaires pas toujours très élevés…"
Voilà pour le constat pas vraiment réjouissant. Mais le secteur ne dépose pas les armes. "Notre mission touche un public très spécifique. Avec nos stagiaires, l’encadrement est pédagogique mais aussi social. On les aide à aussi se remettre en ordre", rappelle Éric Albertuccio, le président de l’interfédération. Pour un stagiaire sur quatre, cela débouche sur un emploi. D’autres continuent avec des formations plus qualifiantes.
C’est tout cela que le secteur veut rappeler à son public cible mais aussi à la société. "On lance la campagne Forme toi à ta sauce", poursuit Benjamin Vokar, chargé de communication.
Sur la grande affiche, on découvre un appétissant cornet de frites dont certaines sont trempées dans des sauces de couleurs différentes. "Cela correspond à notre mode de formation. C’est quasiment du sur-mesure, en fonction des aptitudes de nos stagiaires, de leur rythme."
Adressées aux demandeurs d’emploi âgés de 18 à 55 ans, ces formations sont totalement gratuites, et même défrayées à 2 € de l’heure. "Et avec 150 centres à travers la Wallonie et Bruxelles, il y en a toujours un près de chez vous", insiste Benjamin Vokar. Le tout est de pousser la porte.
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