Un Molon chez les « Brusseleirs »
Au " Poechenellekelder ", bistrot typique et QG du folklore bruxellois, trône un mannequin revêtu du costume des Molons.
Publié le 15-01-2023 à 19h31 - Mis à jour le 15-01-2023 à 19h32
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"Poechenellekelder". Si vous parvenez à écrire cet interminable mot sans faute et à le prononcer correctement, vous gagnerez la sympathie de Michel De Triest, le patron qui tire les ficelles de cet estaminet bruxellois depuis plus de trente ans. À un jet du Manneken Pis, cet incroyable établissement est devenu un "temple" du folklore bruxellois.
C’est là que, passant d’une capitale à l’autre, une quinzaine de Molons ont convergé ce samedi après-midi. Avec leurs amis, les Noirauds (lire par ailleurs), les ambassadeurs du folklore namurois ont découvert, au centre de ce café-musée, un mannequin coiffé du chapeau tronqué et habillé de la cape bleue, du plastron et des guêtres rouges, costume officiel des soçons de la Moncrabeau.
"J’ai toujours été un passionné du folklore authentique", entame Michel De Triest. "Mais quand j’ai pris la location de ce bistrot, il y a 32 ans, il y avait juste trois cadres à gauche du comptoir et trois à droite. On se serait cru chez un marchand de glaces", s’amuse le truculent patron du "Poech". Au fil du temps, le patron a décoré les lieux avec les marionnettes (les fameux Poechenellen ou Polichinelles), des antiquités, de vieux objets de brocantes, d’anciens clichés de sa ville qu’il adore… C’est un fameux bric-à-brac qui dégage aussi un charme fou et qui attire des milliers de touristes venus du monde entier, tout au long de l’année. "Et aujourd’hui, je n’ai plus vraiment de place", constate Michel De Triest. Le zwanzeur n’a pourtant pas hésité à dégager un bel endroit pour y installer un mannequin habillé du costume des Molons. "Jusqu’ici, je n’avais que l’habit d’un gille. Là, j’avais dû négocier pendant deux heures et demie avec le louageur (celui qui loue les costumes des gilles) pour le convaincre", se rappelle le bistrotier. "Ici, ça s’est fait en quelques minutes…" Et on dit pourtant que les Namurois sont lents…
"Retrouver notre costume au Poechenellekelder, cela nous donne une très belle vitrine", se réjouit Christophe Dubois, pour les Molons. "Cela resserre encore un peu les liens que nous avons avec Bruxelles et plus encore avec les Noirauds avec qui on a tellement de choses en commun."
Michel De Triest se réjouit aussi de cette présence namuroise et colorée. "Ce costume a tout à fait sa place chez nous. On veille à mettre en avant les traditions mais aussi l’authentique." Et ça se lit aussi dans la carte de la maison. "On vient ici pour retrouver les vrais produits de Bruxelles. On est parmi les derniers à proposer au fût la faro, une gueuze à laquelle a été ajouté du sucre candi. On accompagne ça d’un bon cervelas artisanal ! Y a rien de mieux." Le tout désormais sous le regard malicieux d’un Molon.
La collerette et le bon cœur en commun
Molons de Namur et Noirauds de Bruxelles ont tellement de points communs et pourtant, ils ont mis le temps pour se rapprocher. "Il y a un nombre incroyable de similarités entre nos deux groupes", souligne Christophe Dubois, pour les Molons. "Nos devises sont les mêmes: Plaisir et charité." Les deux sociétés ont une vocation philanthropique. "Notre groupe a été créé en 1876", situe Michel De Triest, pour les Noirauds. "On collecte dans les restaurants et les bistrots de Bruxelles pour venir en aide à l’enfance défavorisée." Et à Namur, la Royale Moncrabeau, fondée en 1843, vient en aide aux Namurois défavorisés. "Mais même dans l’habillage, on retrouve des éléments identiques, comme la collerette", poursuit Christophe Dubois. "Et nos amis Noirauds ont aussi joué du mirliton." Le petit instrument de musique à bouche indissociable du Molon.
Il a fallu cependant attendre 2018 pour que les deux groupes se rapprochent. Pour les 175 ans de la Moncrabeau, le Manneken Pis avait été officiellement rhabillé du costume des Molons. Les Noirauds étaient évidemment de la fête. Et depuis lors, toutes les occasions sont bonnes pour permettre aux cousins de se retrouver.