Un calendrier pour aider le Creaves de Temploux : 2.250 animaux ont été accueillis et soignés en 2022
Le centre de revalidation des espèces animales vivant naturellement à l’état sauvage de Namur publie un calendrier. L’occasion de se projeter et de faire le bilan d’une année record.
Publié le 05-01-2023 à 16h17
Nouvelle arrivante au Creaves, entre chalets et containers, la mouette rieuse est chagrine. "Le DNF vient de nous la laisser. Ses pattes ne réagissent plus, elle ne peut plus voler. À l’auscultation, nous n’avons rien remarqué. On ne sait pas ce qu’elle a.", explique Romain De Jaegere, responsable du centre temploutois. En attendant de voir un vétérinaire, cela fait une pensionnaire de plus à chouchouter.

À deux jours de la fin de l’année 2022, le Creaves de Temploux a secouru 115 espèces différentes, 2 250 animaux. La moitié a pu être relâchée quelques jours, semaines ou mois après l’admission. "Outre les animaux qu’on doit euthanasier à leur réception, car il n’y a plus rien à faire, nous atteignons 65% de sauvetages réussis. Nous accueillons beaucoup de moineaux, de pigeons, de mésanges, de tourterelles, de merles… mais l’espèce n° 1, c’est le hérisson." 605, cette année, dont quelques-uns passeront leur hibernation en cage – à changer tous les jours, c’est sale un hérisson ! – sous une couverture bien chaude.
Après les robots-tondeuses, les feux
Trois autres sont encore dans l’unité de soins. "Celui-là, continue Romain, est issu d’une portée d’automne, abandonné par sa maman au moment où elle rentrait en hibernation. Arrivé début octobre avec 195 g, il en fait 793 aujourd’hui ! " Un autre est rongé par une bactérie ulcérante qui s’est infiltrée dans les plaies, sans doute engendrées par un autre mâle lors du combat de la saison des amours. Un dernier a été sérieusement brûlé. Il avait trouvé refuge dans un tas de bois auquel on a mis le feu lors du nettoyage du jardin d’automne.

C’est l’heure de la piqûre, administrée par Axelle. "Ici, il y a parfois de la chirurgie de guerre à faire, quand l’animal a été piégé par un une robot-tondeuse, percuté par une voiture. " La soigneuse bénévole est infirmière en soins intensifs de profession. "J’ai des réflexes et pas peur de rentrer dedans. C’est très concret de travailler ici. " Et si certains petits patients mordent, ils sont souvent plus conciliants que les humains. "On s’attache à ses petites bouilles. " Certains y gagnent un prénom éphémère et ont même la chance de rentrer avec leur soigneur. C’est le cas des nourrissons à alimenter très régulièrement, de jour comme de nuit.

Romain poursuit la visite par les volières. Un faucon crécerelle attend son bon de sortie. " Nous devons juste vérifier qu’il peut à nouveau chasser de lui-même, en le mettant en présence de proie. " Une buse variable se remet, elle, d’aplomb, après avoir été percutée par un camion sur l’autoroute. Pas trop amochée. " Quand la fracture est belle, on peut bander l’aile ou la patte. Poser une broche même. Mais quand l’os est cassé en mille morceaux, c’est plus compliqué. Ça coûte cher et, malheureusement, nos fonds ne sont pas illimités. On tentera plus de sauver un rapace qu’un pigeon. "
Le chat sylvestre n’est pas (que) mignon
Dans le bungalow d’à-côté, il y a un fauve en cage. Mieux vaut ne pas trop s’approcher de ce chat sylvestre. Une victime du Syndrome Bambi. On l’a pensé abandonné, il ne l’était pas. "La personne qui nous l’a amenée l’avait trouvé chaton dans un bois. Au bout de 3 mois, elle s’est rendu compte que son comportement était très différent d’un chat normal, agressif, solitaire. " Normal pour un chat forestier. Un prélèvement de poils réalisé, on saura s’il est de souche pure.
Si ce matou sauvage se plaira bien mieux loin des humains, une fois qu’il aura appris à chasser, la question de la désinhibition se pose pour d’autres individus. "Les renards, les marcassins mais aussi les corvidés comme les choucas ou les pies s’imprègnent vite de l’humain. Ce qui risque de les condamner. Ceux qui les recueillent pensent bien faire mais ne se rendent pas compte du mal qu’ils peuvent générer. Rappelons qu’il est illégal de garder captif un animal sauvage."
L’hiver est plus calme ; Le pic d’entrée au Creaves, ce fut lors d’une journée de canicule. "60 admissions. Principalement, des hérissons qui ne trouvaient plus de points d’eau et des oisillons qui, accablés par la chaleur, se jetaient dans le vide, même tout nus, sans plumes. " L’occasion de tordre le cou à une rumeur. "Ce qui est vrai pour les mammifères ne l’est pas pour les oiseaux qui ont l’odorat peu développé. " Replacer un oisillon dans son nid ne lui fait pas courir le risque d’être reni(fl)é par sa maman.
De drôles d’élèves
De temps en temps, le Creaves sort de ses murs pour faire de la médiation en matière de cohabitation entre la faune sauvage et les infrastructures humaines. Avec des missions qui sortent de l’ordinaire. "La veille de la rentrée des classes, nous nous sommes rendus sur le site Burnot du Collège Godinne-Burnot. Une colonie de pipistrelle logeait dans le grenier, non isolé. La barre des 40 °C franchie, elles ont déménagé pour rentrer dans une classe plus fraîche. Il y avait des pipis et des cacas, partout, sur les bancs. Quand nous sommes arrivés, elles étaient plus de cinquante, cachées dans les plis des rideaux. Pas de blessée, il fallait juste les faire sortir. Elles sont inoffensives, mais les éducateurs nous observaient… de loin."

En 2022, aussi, un faon a été biberonné et un brocard, amputé d’un doigt, a été relâché sur un tapis de jacinthes. Une victoire de plus.
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