Un grognard qui a fait la Russie, un spécialiste des hiéroglyphes… 5 000 nécrologies qui racontent Namur au 19e siècle
L’historien Philippe Gémis a répertorié 5 000 avis nécrologiques dans la presse namuroise, de 1839 à 1900. Et c’est très… vivant.
Publié le 27-12-2022 à 19h00
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On peut raconter beaucoup de choses dans une nécrologie et même y mettre beaucoup de vie. Ce rendez-vous particulier des quotidiens, c’est aussi une source d’information très intéressante pour les historiens.
C’est aussi ce que s’est dit Philippe Germis, le responsable des archives régionales de Wallonie. "Au cours d’un travail d’inventaire avec les papiers de Jules Borgnet (historien namurois qui a aussi été l’un des fondateurs de la société archéologique) , il y avait beaucoup de références à des personnalités de son époque. Mais c’était très difficile de trouver des sources pour savoir finalement qui étaient ces personnes. C’est comme ça que j’ai eu l’idée de me tourner vers la presse locale de l’époque." Et plus précisément… sa rubrique nécro.

Durant deux ans, Philippe Gémis a alors entamé un travail de bénédictin, épluchant les collections des trois principaux journaux namurois de l’époque ( L’Ami de l’Ordre, L’Opinion libérale et L’Organe de Namur), couvrant ainsi une période allant de 1839 à 1900.
"J’ai uniquement les personnes qui ont un lien direct avec la province de Namur, par leur lieu de naissance ou de décès ou par leur activité", précise Philippe Gémis. Et ce répertoire nécrologique est finalement riche de 5 000 entrées. "J’ai voulu garder les infos objectives reprises dans l’avis: la date de naissance et de mort, la profession, les différents titres… Je n’ai pas gardé les dithyrambiques. Quand on est mort, on est toujours le plus beau, le plus grand…"
Le résultat final est passionnant. On y croise aussi bien la dernière vivandière de l’armée de Napoléon, un ancien bourgmestre, un noble décédé en son château ou encore un "serre-frein", fourmi indispensable pour un chemin de fer en plein essor.
"L’ouvrage a de l’intérêt pour les généalogistes mais pas rien qu’eux", continue le responsable des archives régionales. "Les nécrologies de cette époque sont bien plus riches que les actuelles où l’on retrouve principalement les membres de la famille", a pu aussi constater l’historien-archiviste Jacques Vandenbroucke qui a également collaboré pour cet ouvrage. On y apprendra que celui-ci a été foudroyé par une crise d’apoplexie, une autre a été emportée par l’épidémie de choléra qui a frappé la région en 1866.
Les avis en disent aussi beaucoup sur les lieux-dits, les noms des fermes de l’époque mais aussi des rues ou des enseignes commerciales… "C’est un outil qui pourrait servir pour d’autres études historiques ou sociologiques", résume Philippe Gémis. "On y dispose de beaucoup d’infos sans devoir manipuler des kilos de papiers." Des tonnes d’infos, même.
« De vie à trépas », dans la collection « Archives + » du service des Archives régionales de Wallonie (SPW). A commander gratuitement, en version papier ou en téléchargement, via editwall.wallonie.be ou 081 23 75 50.