Jambes : un adolescent fait feu sur son père
Dimanche soir, un adolescent en rupture scolaire a tiré sur son père. La balle a percé la jambe. Les jours de la victime ne sont pas en danger.
Publié le 05-12-2022 à 21h45 - Mis à jour le 05-12-2022 à 22h22
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Dans ce quartier de Jambes, les habitants, de par la configuration des logements, semblent vivre dans un entre soi confortable et ronronnant.
Ce dimanche de décembre, par les baies vitrées du rez-de-chaussée, l’un ou l’autre sapin de Noël éclaboussent l’obscurité glaciale de leurs guirlandes lumineuses.
Dans ces maisons mitoyennes, tout le monde se connaît et veille les uns sur les autres.
Le week-end gris touche à sa fin, la longue soirée s’étire, suspendue quand soudain, entre 21 et 22 h, un coup de feu claque. À l’étage d’une des habitations, une dame de 67 ans a sursauté. Son petit-fils, un adolescent de 14-15 ans, vient de sortir une arme de type revolver pour la pointer vers son père, un homme de 37 ans, et commettre l’irréparable.
Affolée, elle se précipite à l’extérieur pour donner l’alerte. "Il a tiré sur son père", crie-t-elle en arrivant chez son frère, qui réside juste en face, dans la maison donnant sur la rue.
L’arme à la main, il reste calme
Ce dernier témoigne: "Je me suis précipité à mon tour. La balle avait atteint la jambe de mon neveu, juste en haut du genou."
Son neveu gît conscient, et perd beaucoup de sang. Confronté à ce spectacle effrayant, l’oncle retraité ne perd pas son sang-froid. "J’ai pris une ceinture pour immédiatement garrotter la plaie. Je pense que ça l’a sauvé", raconte-t-il sans gloire, et toujours abasourdi par le fait que la mort a effleuré sa grande famille.
Quand il fait irruption dans l’habitation pour porter secours au blessé, le jeune tireur est toujours là, l’arme à la main, mais étrangement calme, comme s’il ne réalisait pas la gravité de son acte.
Après le coup de feu, c’est à présent les feux bleus des véhicules de secours, SMUR, ambulance et police, qui zèbrent les façades de briques.
Fort heureusement, comme déjà dit, la balle n’a touché aucun organe vital. La victime est rapidement évacuée et admise au CHR de Namur où elle sera opérée. Ce lundi après-midi, selon son oncle, son état de santé n’inspirait plus d’inquiétude, mais il faudra du temps avant que le membre blessé ne retrouve sa mobilité initiale. Quant à l’adolescent, il a été conduit au poste de police pour y être interrogé en vue de son éventuel placement en IPPJ, institution publique de protection de la jeunesse.
Enfin, les scellés bleus "police" ont été apposés sur la porte d’entrée.
Recueilli par ses grands-parents
Au moment de son passage à l’acte, l’adolescent était-il animé d’une intention homicide ? Avait-il prémédité son geste à l’encontre de son père ou faut-il plutôt y voir un acte de désespoir sanctionnant une explosion de colère subite ? L’ado n’a-t-il voulu que le blesser en visant les jambes ? Enfin, par quels intermédiaires est-il entré en possession d’une arme à feu ? Ce sont là quelques-unes des questions que les enquêteurs doivent lui avoir posées.
Lundi après-midi, l’oncle de la victime ignorait précisément le contexte des échanges ayant conduit au tir. À la lumière des faits, ils ne peuvent avoir révélé qu’un antagonisme puissant et un dégoût destructeur dans le chef du fils.
Selon nos informations, il est issu de parents dont la relation s’est rapidement détricotée après sa naissance. Ses grands-parents n’auraient pas eu trop le choix que de le recueillir chez eux, à Jambes, et prendre en charge son éducation.
Un ado en crise et en rupture scolaire
Son père a refait sa vie à l’étranger, dans un pays d’Europe. Il ne le voyait qu’épisodiquement, mais les liens n’étaient pas rompus. Le drame puise ses racines dans un contexte familial où les parents sont peu présents. Récemment encore, le jeune garçon s’est vu imposer le deuil cruel de son grand-père, emporté par le Covid-19.
L’adolescence est une période de la vie compliquée, source de mal-être, synonyme de crise et de révolte totale contre l’autorité.
C’est parce qu’elle ne parvenait plus à faire façon de son petit-fils, en souffrance et en rupture scolaire, que cette grand-mère a appelé son fils à la rescousse. Il fallait qu’il revienne vite en Belgique, à Jambes, pour raisonner son fiston, le remotiver à apprendre et à se construire un avenir. Ou, peut-être, juste pour lui passer un savon qui s’avéra trop rêche et douloureux à supporter.
Les retrouvailles, ont été ratées, et sanglantes. Ce fils et père venait d’atterrir. Il se trouvait de quelques heures sur le sol belge quand il a été la cible du bras armé de sa progéniture.