Square Léopold à Namur: « Monsieur le ministre, vous êtes meilleur promoteur que démocrate »
En commission parlementaire de l’aménagement du territoire, la députée PTB Anouk Vandevoorde a accusé le ministre Borsus de faire le jeu du promoteur Besix en ayant validé le projet de remembrement urbain au square Léopold à Namur.
- Publié le 07-10-2022 à 16h48
- Mis à jour le 07-10-2022 à 16h49
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Début août, Willy Borsus (MR), ministre wallon de l’Aménagement du territoire, a validé le périmètre de remembrement urbain visant le quartier Léopold. Ce changement d’affectation au plan de secteur est l’étape préalable à la création d’un projet multifonctionnel dans le quartier. Ce dernier intégrant notamment un complexe commercial de 16 000 m2.
La décision a été commentée ce mardi en commission parlementaire. Anouk Vandevoorde (PTB) accuse le ministre de "s’être adapté sur mesure aux exigences de Besix" et d’avoir statué contradictoirement à ce que prône la déclaration de politique du gouvernement régional sur plusieurs aspects comme: la végétalisation, la défense des petits indépendants et les leviers de démocratie participative.
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"Il y est écrit que le Gouvernement veillera à mettre le citoyen au cœur des processus de décision. S’il y a bien un projet où les citoyens ont été mis au cœur de la décision, c’est bien celui-là. On a balayé leur point de vue." La députée de l’opposition fait référence à la consultation populaire de 2015 lors de laquelle 22 000 Namurois s’étaient opposés au projet initial. Et le ministre de répondre que la Ville de Namur a, dans la foulée de cette consultation, mené un processus participatif afin de réfléchir à l’avenir du quartier. "Il en est ressorti une série de recommandations dont la création, sur le site du parc Léopold, d’un projet multifonctionnel qui sera à même de redynamiser cette portion du cœur de la ville, dit-il. C’est pour permettre cette mixité fonctionnelle que réclamait la consultation populaire que le projet de PRU a été initié."
Dans les rangs du MR, Philippe Dodrimont mentionne que la déclaration de politique générale de l’actuel gouvernement n’était pas celle en vigueur au moment de la consultation populaire.
"Vous défendez une vision magnifique et utopiste du processus participatif, réplique Anouk Vandevoorde. Le comité a terminé son travail avec moitié moins de participants parce que la majorité politique et Besix contrôlaient les débats."
Un exercice d’arbitrage
Pour la députée namuroise, le ministre n’a pas non plus tenu compte de la carte blanche des experts du monde de l’architecture plaidant pour la conservation du bâtiment du C&A. Un document qui a récolté 1 700 signatures. "L’intérêt patrimonial de ce bâti n’a pas conduit à son classement", rétorque Willy Borsus. Mais le ministre explique que le dossier sera examiné par l’Agence wallonne du patrimoine et par la Commission royale des monuments, sites et fouilles lors de la procédure d’obtention du permis intégré.
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"Le bâtiment est repris et pastillé à l’inventaire du patrimoine immobilier culturel. Il faut en tenir compte mais il faut aussi pouvoir prendre du recul et se questionner sur cette dimension du projet au regard des autres objectifs, dit le ministre. Le bâtiment du C&A verrouille l’accès au site. Or, l’un des enjeux du PRU est justement de faire en sorte que le projet ne soit pas un îlot refermé sur lui-même." Et le libéral d’ajouter: "La décision d’aménagement du territoire est un exercice d’arbitrage. Le PRU en propose un. Il ouvre un certain nombre de possibilités, de potentialités mais il ne fige rien."
Les arguments ministériels ne convainquent pas l’élue travailliste qui clôture sa réplique avec une ultime pique: "Monsieur le ministre, vous êtes meilleur promoteur que démocrate. J’aurais cru être à la présentation du projet de Besix et pas au parlement."