Namur: il y a 20 ans disparaissait Jean Legrand, le papa de Djoseph et Francwès
Disparu le 27 juin 2002, le caricaturiste a marqué les lecteurs de Vers L’Avenir durant soixante ans, à travers ses chroniques satiriques.
Publié le 03-07-2022 à 15h56 - Mis à jour le 03-07-2022 à 16h34
Connaissez-vous Djoseph et Francwès? Si les noms des deux acolytes ne vous disent rien, vous les avez pourtant croisés, à coup sûr, lors d’une excursion au centre-ville de Namur. Depuis 2000, deux modèles en bronze à leur effigie occupent un coin de la place d’Armes, à proximité du palais des Congrès, non sans susciter la curiosité des touristes. Mais avant d’être des statues, Djoseph et Francwès sont avant tout des personnages de BD, nés de l’imagination de Jean Legrand (1906-2002).
Disparu il y a vingt ans, cet artiste namurois a, jusqu’au crépuscule de sa vie, régalé les lecteurs de Vers L’Avenir à travers ses traits humoristiques qui remplissaient les colonnes du journal. Dessinateur, peintre et écrivain, le chroniqueur satirique avait plusieurs cordes à son arc.
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Naissance d’une vocation
Jean Léon Paul Marie Legrand voit le jour le 1er novembre 1906, à Namur, au sein d’une fratrie de trois enfants. Il est le fils de Joseph Legrand, avocat, et de Marie-Thérèse Metz, descendante d’une lignée d’industriels luxembourgeois actifs dans la métallurgie (Usine Metz-Schmelz). C’est donc dans une famille aisée qu’il passe son enfance à Salzinnes, où ses parents résident au 15, boulevard d’Omalius.

Diplômé de l’université de Liège, Jean aurait pu endosser une carrière de chimiste. C’est pourtant dans l’illustration qu’il s’épanouira et se forgera un nom auprès du public. Âgé d’une vingtaine d’années, il cède le tableau de Mendeleïev aux planches à dessin du cours d’Henry Bodart, enseignant à l’Académie des Beaux-Arts de Namur. Un établissement où Jean croisera la route d’artistes-enseignants notables tels qu’Albert Dandoy, Désiré Merny ou encore Eugène Colignon. Dès l’été 1933, lors de l’exposition de fin d’année des élèves, ses " alertes croquis " retiennent l’attention des membres de la Commission des fêtes, présidée par Fernand Pieltain. Mais les œuvres de José Gérard leur sont toutefois préférées en raison de sa " décision linéaire " ainsi que sa " science des blancs et des noirs. "
Début de l’aventure Vers L’Avenir
L’année suivante, Jean débute sa collaboration avec le quotidien Vers L’Avenir à travers un premier dessin, publié le 27 juillet 1934. Sous la forme d’une case illustrée par quelques coups de crayon et d’une légende, il tourne en dérision le report de l’ascension stratosphérique en montgolfière de Max Cosyns et Nérée Van der Elst, prévue au départ de Hour (pour l’histoire, ils réussiront leur record le 8 août 1934 et atteindront Ljubljana en Yougoslavie).

Après cet essai, le journaliste en devenir va se plonger dans l’actualité namuroise et proposer des rubriques personnelles, que ce soit pour promouvoir le patrimoine ou s’insurger contre des projets de démolition. Le tout accompagné par ses illustrations qui remplissent l’ensemble du journal.
À partir du 9 mars 1937, il intègre l’équipe de la chronique judiciaire de Vers l’Avenir . L’occasion pour lui de croquer les visages et attitudes des accusés aux procès d’assises afin d’immerger les lecteurs sur place.