Institut Notre-Dame – Namur: «Sang différence» sensibilise à la précarité menstruelle
Quarante élèves de l’institut Notre-Dame de Namur informent les étudiants au sein de leur école et récoltent des protections hygiéniques au profit d’associations.
Publié le 28-06-2022 à 07h00
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"T’ énerve pas! Tu as tes règles ou quoi?" "Quoi, tu dis encore que tu as mal? Ça va, tu as juste tes règles."Les élèves de 4e année secondaire en option "techniques sociales et d’animation" de l’institut Notre-Dame de Namur balaient les clichés sexistes avec humour. Lors de notre rencontre en classe, ils nous présentent les vidéos réalisées et diffusées sur TikTok et Instagram.
Les adolescents ont, en effet, décidé de s’attaquer à un sujet souvent resté tabou: la précarité menstruelle, soit la difficulté ou le manque d’accès des personnes menstruées aux protections hygiéniques. La précarité menstruelle conduit parfois à l’impossibilité d’acheter des protections périodiques par manque de moyens financiers.
Sensibilisés par deux enseignantes de l’institut Notre-Dame, Anoula et Anousone Kongtakane, les élèves ont d’abord été informés de la problématique par une série de reportages. Ils ont notamment découvert le témoignage d’Axelle une femme sans-abri et le travail de fond de l’association BruZelle. Les deux classes de 4e année ont ensuite mené un sondage dans l’école. 15% des élèves ont répondu manquer de moyens pour se fournir en serviettes et tampons hygiéniques.
Les élèves ont alors affiné leur projet de récolte de dons (serviettes, tampons et autres) à destination des associations en gardant une réserve de protections pour les jeunes filles de l’école. Désormais, les adolescentes peuvent aller se fournir à l’accueil de l’école, en cas de besoin.
Des tabous levés et une réflexion de fond
À l’occasion de la Journée internationale de défense des Droits des Femmes le 8 mars, les élèves ont préparé une campagne d’affichage et des vidéos humoristiques autour de leur projet "Sang différence". Durant deux semaines, ils ont rencontré toutes les classes de l’institut Notre-Dame, soit près de 500 élèves pour les informer de la problématique et de leur récolte de dons.
Lors de notre passage en classe, Emeline, Océane, Camille, Yonis, Charlotte, Marie, Alejandra et leurs amis racontent leur prise de conscience de l’étendue de cette précarité: en Belgique, 350000 femmes vivent sous le seuil de pauvreté. Cette réalité touche de nombreuses femmes sans exception, dont des étudiantes comme elles. Les discussions franches ont permis de lever de sacrées barrières psychologiques en impliquant aussi les garçons de l’école. "Depuis que nous avons mené ce projet, ce n’est plus tabou dans la classe de parler des règles et d’aller chercher des protections" , sourit Edana. Les clichés ont été battus en brèche et ont permis une réflexion de fond. Une boîte à dons permanente va être installée et la campagne de sensibilisation reprendra l’année prochaine. L’école souhaite aussi s’équiper de distributeurs de protections gratuites à placer dans les toilettes.
indnamur.be